French Tech 120 : à peine un tiers des start-up accompagnées proviennent des régions
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French Tech 120 : à peine un tiers des start-up accompagnées proviennent des régions

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Elles sont présentées comme des championnes en puissance des technologies. Le gouvernement a dévoilé la liste des 123 start-up intégrées au "French Tech 120", son nouveau programme d'accompagnement pour les jeunes pousses innovantes et en croissance. Dans ses rangs, seulement 38 proviennent des régions. Qui sont-elles ? A quoi ont-elles droit ? Détails et questions sur un dispositif public décidément très sélectif.

La start-up lilloise Exotec Solutions fait partie des 4 entreprises des Hauts-de-France retenues dans le French Tech 120. Elle a mis au point des robots spécialisés dans la préparation automatisée des commandes, au sein des entrepôts de stockage — Photo : Exotec Solutions

Elles sont censées représenter l’élite des start-up de la nation. Le gouvernement a dévoilé, le 20 janvier, la liste des entreprises innovantes intégrées à son nouveau programme d’accompagnement, le French Tech 120 (FT120). Ou plutôt 123, comme le nombre de jeunes pousses finalement retenues dans cette première promotion. L’État leur promet, pendant un an, des facilités et services spécifiques, pour les aider à se développer plus vite et plus fort. Des avantages auxquels goûteront peu les entreprises régionales : seuls 38 lauréats sont basés hors Ile-de-France.

Comment ont été choisies les 123 start-up du French Tech 120 ?

Sur les 123 entreprises du French Tech 120, quarante noms étaient connus depuis septembre, et la création du Next40. Comprenez, l’avant-garde des start-up tricolores les plus prometteuses, ou, pour reprendre les mots de Cédric O, le secrétaire d’État au Numérique, « la tête de proue de la French Tech », « le CAC40 des entreprises technologiques ».

A ces premiers de cordée du Next40, issus pour la plupart de région parisienne (seuls 5 sont basés en région), le gouvernement avait promis d’en ajouter 80, dans le cadre d’un appel à candidatures. Critère prioritaire de sélection : la « surperformance » économique. Les heureux élus ont en effet été choisis en fonction, pour les uns, du montant de leurs levées de fonds (supérieures à 20 millions d’euros), pour les autres, du niveau et de la croissance de leurs chiffres d’affaires (entre +20 % et +50 % sur les trois derniers exercices).

• Un rééquilibrage territorial très relatif

Mais le FT120 devait aussi être l’occasion d’un « grand rééquilibrage » territorial, au profit des métropoles françaises. Chaque région devait également être représentée par au moins deux entreprises. C’est d’ailleurs en vertu de ce critère géographique que le gouvernement justifie l’ajout de 83 start-up, au lieu des 80 initialement prévues.

La promesse est-elle tenue pour autant ? En partie seulement : 31 % des bénéficiaires du French Tech 120 proviennent des régions, pesant pour un quart des emplois de cette première promotion, ajoute Bercy. C’est que la sélection complémentaire de ce début d’année (encore composée à 60 % de start-up franciliennes) n’a pas suffi à corriger le biais originel du Next40.

Résultat, Auvergne Rhône-Alpes, deuxième région en nombre d’entreprises sélectionnées, en compte près de 10 fois moins que l’Ile-de-France (9 pour l’une, 85 pour l’autre)… Pis, la Bretagne et les Pays de la Loire doivent se contenter chacun d’un seul représentant parmi les 83 nouveaux appelés.

Quelles sont les 38 start-up régionales du FT120 ?

Au tableau d’honneur de la tech française, le sud et sud-est de la France (Auvergne Rhône-Alpes, Occitanie, Région Sud) brillent, quand le Grand Ouest et le centre font grise mine, avec un écosystème représenté a minima. Une situation toutefois loin d’être figée. La place d’une start-up dans le FT120 n’est pas garantie à vie : la liste des bénéficiaires doit être révisée une fois par an.

En attendant, voici, en détail et par région, la liste complète des 123 membres du French Tech 120 pour l’année 2020 :

• Auvergne Rhône-Alpes : 9 start-up

Grande oubliée du Next40, la région Auvergne Rhône-Alpes s’est bien rattrapée avec le FT120. Elle est la plus représentée, derrière l’Ile-de-France, grâce à la sélection des start-up suivantes :

- Afyren (à Saint-Beauzire, Puy-de-Dôme)
- Aledia (à Grenoble)
- Alizé Pharma 3 (à Écully, Rhône)
- Diabeloop (à Grenoble)
- Enyo Pharma (à Lyon)
- IPM France (à Romans-sur-Isère, Drôme)
- Keranova (à Saint-Etienne)
- LGO (à Limonest, Rhône)
- Lumapps (à Tassin-la-Demi-Lune, Rhône)

• Bourgogne Franche-Comté : 2 start-up

- Ubitransport (à Mâcon, Saône-et-Loire)
- Visiperf (à Montbéliard, Doubs)

• Bretagne : 2 start-up

La seule start-up bretonne retenue en janvier vient s’ajouter au rennais Klaxoon, intégré au Next40 en septembre dernier :

- ePack Hygiene, marque développée par CHR Numérique (à Gouesnou, Finistère)
- Klaxoon (Next40)

• Centre-Val de Loire : 2 start-up

- Comparateuragricole.com (à Chartres, Eure-et-Loir)
- Igyxos (à Nouzilly, Indre-et-Loire)

• Grand Est : 2 start-up

- Dynacure (à Illkirch-Graffenstaden, Bas-Rhin)
- Inotrem (à Vandoeuvre-lès-Nancy, Meurthe-et-Moselle)

• Hauts-de-France : 4 start-up

Coup double pour les Hauts-de-France : seule région à placer deux entreprises dans le Next40, elle en ajoute deux autres dans le FT120. Mais toutes proviennent d’un seul département, le Nord :

- Cooptalis (à Marcq-en-Baroeul, Nord)
- Exotec Solutions (à Croix, Nord)
- OVH et Vade Secure (Next40)

Par ailleurs, Le Slip Français fait son entrée dans le FT120 : si l’entreprise est basée à Paris, ses dessous masculins sont fabriqués chez Lemahieu, à Saint-André-lez-Lille (Nord).

• Normandie : 2 start-up

- Biolog-id (à Bernay, Eure)
- Saagie (au Petit-Quevilly, Seine-Maritime)

• Nouvelle Aquitaine : 2 start-up

La Nouvelle Aquitaine ne sera représentée que par deux entreprises, toutes les deux issues de l’écosystème bordelais :

- Loisirs Enchères (à Bordeaux)
- TreeFrog Therapeutics (à Bordeaux)

• Occitanie : 5 start-up

L’Occitanie monte sur le podium des régions les mieux représentées dans le FT120, derrière l’Ile-de-France et Auvergne Rhône-Alpes avec ces entreprises :

- EasyMile (à Toulouse)
- Ilek (à Toulouse)
- Lunchr (à Montpellier)
- Microphyt (à Baillargues, Hérault)
- Sigfox (Next40)

• Pays de la Loire : 2 start-up

Comme la Bretagne, les Pays de la Loire atteignent tout juste le seuil minimal des 2 entreprises par région, après l’ajout d’une seule start-up à celle qui était entrée dans le Next40 dès septembre. Les deux viennent de Nantes :

- Akeneo (Nantes)
- iAdvize (Next40)

À noter également que l’entreprise Ornikar, fondée à Nantes mais désormais installée à Paris, figure également dans le FT120.

• Région Sud : 4 start-up

- Crosscall (à Aix-en-Provence)
- Flexfuel Energy Development (à Valbonne, Alpes-Maritimes)
- ImCheck Therapeutics (à Marseille)
- Wooxo (à La Ciotat, Bouches-du-Rhône)

• Outre-mer : 2 start-up

- All Mol Technology (Guadeloupe)
- Reuniwatt (La Réunion)

Mosaïque des 123 entreprises technologiques retenues dans la promotion 2020 du French Tech 120 — Photo : © French Tech

À quels avantages ont droit ces start-up du FT120 ?

L’objectif affiché par le gouvernement est clair avec le French Tech 120 : favoriser l’émergence de « leaders technologiques de rang mondial ». Pour y parvenir, il entend faciliter la vie aux 123 lauréats, et ce de plusieurs manières.

La première consiste à leur donner accès à des services adaptés, conçus spécifiquement pour eux par l’administration et les pouvoirs publics. « Ces offres ont été créées sur-mesure, insiste Bercy, pour résoudre les difficultés énoncées par les entreprises en hypercroissance. » Cette palette de services doit répondre à cinq problématiques types : le développement international, le financement, le recrutement, l’accès aux marchés (notamment publics) et les relations avec l’administration.

« Comme Aladin, les membres du FT120 peuvent émettre trois vœux pendant l’année. Dans les limites de la légalité, évidemment. »

Autres promesses : « un accompagnement au quotidien par une équipe dédiée de » start-up managers « de la Mission French Tech » et une « visibilité renforcée », au travers de multiples opérations ou par le biais des voyages officiels à l’étranger du gouvernement.

Sur son site web, la French Tech énumère quelques autres privilèges réservés à la fine fleur de la tech tricolore, comme « des facilités pour expérimenter », par le biais de « dérogations réglementaires, voire législatives, pour une période déterminée ». Ou encore la possibilité, « comme Aladin (sic) », d’émettre « trois voeux pendant l’année auprès de la Mission French Tech et de ses correspondants. Dans les limites de la légalité, évidemment. »

Qu’attend le gouvernement de ces 123 start-up ?

En contrepartie, le gouvernement ne s’en cache pas : il compte sur ces 123 entreprises pour contribuer à la lutte contre le chômage (« plus de 25 000 emplois nets seront créés en 2020 par nos start-up », avance déjà Cédric O) et pour faire entendre la voix de la France à l’international.

Mais Bercy prévient aussi : en tant que fleuron de la nation se prévalant du soutien public, les membres du French Tech 120 ont une « responsabilité particulière en termes d’impact sur la société ». Chaque start-up est donc invitée, et sera encouragée, par le biais d’une (autre) offre de services spécifiques, à se mobiliser, « que cela soit en matière d’environnement, de diversité ou encore d’égalité femmes hommes ». Un vœu pieux du gouvernement que les génies des technologies seront libres d’exaucer ou non. N’est pas Aladin qui veut.

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