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Étienne Taponnier (Adie Aura) : "Nous avons pris le parti d’un ancrage plus important dans la région"
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Étienne Taponnier directeur régional de l’Adie en Auvergne-Rhône-Alpes "Nous avons pris le parti d’un ancrage plus important dans la région"

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En Auvergne-Rhône-Alpes, l’Adie, qui fêtera en 2024 ces 35 ans, a engagé une politique de consolidation de ses moyens depuis 2021. Objectifs revendiqués par Étienne Taponnier, directeur général de la structure : mieux se faire connaître auprès de publics habituellement éloignés des réseaux d’accompagnement. Et se mobiliser sur la question de la transition énergétique des entreprises.

Eric Taponnier, directeur régional de l’Adie Auvergne-Rhône-Alpes — Photo : DR

Pouvez-vous commencer par nous rappeler ce que fait l’Adie ?

À l’Adie — association qui fêtera ses 35 ans en 2024-, nous défendons l’idée que chacun peut devenir entrepreneur, même sans capital et sans diplôme, s’il a accès à un crédit et à un accompagnement professionnel. Nous apportons donc cet accompagnement, avec nos 60 salariés et 150 bénévoles, en amont des projets, mais aussi après la création d’entreprise. Et nous octroyons des microcrédits allant jusqu’à 12 000 euros.

L’Adie Vaulx-en-Velin vient de s’installer dans de nouveaux locaux avec l’ambition d’accompagner davantage d’entrepreneurs. Cela reflète-t-il une activité accrue pour l’Adie au niveau régional ?

En 2023, nous avons accompagné 3 000 entreprises (2 000 créations et 1 000 développements d’entreprises existantes). Nous allons terminer une année dense, mais inégale. Nous avons, par exemple, connu un mois de septembre très calme, puis un mois de novembre record (+48 % par rapport à 2022, en matière de microcrédits). Cela nous encourage. Mais nous avons l’ambition d’avoir un impact plus fort encore sur le territoire.

Comment consolidez-vous cet impact ?

Depuis 2021, nous accentuons notre présence sur le territoire et renforçons nos moyens. Nous avons recruté une quinzaine de nouveaux conseillers (environ un tiers de plus) et nous avons ouvert de nouvelles agences, à Aurillac, Montluçon, Oyonnax, Montélimar ou encore Montbrison. Nous avons pris le parti d’un ancrage plus important.

Quels sont les enjeux pour l’Adie Auvergne-Rhône-Alpes en 2024 ?

L’enjeu est double. D’une part, nous devons continuer à nous faire connaître davantage. Nous nous adressons en grande majorité à des demandeurs d’emploi. Entre 30 % et 40 % de notre public perçoit les minima sociaux et 50 % se situent au-dessous du seuil de pauvreté. Nous touchons aussi un public jeune, qui pour un quart d’entre eux, vit dans les quartiers de politique de la Ville. C’est un public qui est assez éloigné des réseaux d’accompagnement et auprès duquel il faut se faire connaître -d’où notre présence accrue sur le terrain. L’autre enjeu a trait à la transition écologique. Nous devons accompagner les entrepreneurs sur ces questions.

De quelle manière les accompagnez-vous sur la transition écologique ?

Là encore, nous proposons un accompagnement, pour les sensibiliser et les aider sur les questions de mobilité, de logistique et d’énergie, etc. Nous proposons également des microcrédits. La difficulté est que les entrepreneurs ont besoin d’amortir ces microcrédits sur une plus longue période, car les investissements dans la transition écologique ne permettent pas forcément un accroissement de l’activité et donc des revenus. Pour proposer ces temps d’amortissement plus longs, nous devons revoir nos propres modalités de financement interne.

Comment allez-vous financer ces nouveaux programmes ?

Historiquement, nous nous finançons à 30 % environ via notre activité de prêt. Les 70 % restants proviennent de subventions de l’Europe ou des collectivités. Nous sommes également soutenus par des grands groupes régionaux comme Michelin ou BioMérieux. Et nous essayons de mobiliser davantage les entreprises, notamment car nous avons besoin de créer des quasi fonds propres pour avoir la capacité de proposer des différés ou des temps plus longs de remboursement dans le cadre de prêts en apport de capital pour la transition écologique de nos entrepreneurs.

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