Next40 : les futurs cracks de l’économie française sont parisiens

Next40 : les futurs cracks de l’économie française sont parisiens

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Le gouvernement vient de mettre en place le Next40, un dispositif d’accompagnement qui vise à faire émerger les futurs cadors de l’économie. Ce dispositif s’adresse à 40 start-up, jugées les plus prometteuses du pays. Trente-cinq sont basées en région parisienne et seulement cinq en régions.

Créé par Xavier Niel, la Station F est l'un des emblèmes du dynamisme de l'écosystème parisien. Ce campus de start-up inauguré en 2017 s'étend sur 34 000 mètres carrés — Photo : Patrick Tourneboeuf

Paris et le désert français. Ce titre de l’ouvrage de géographie écrit par Jean-François Gravier en 1947 semble toujours d’actualité dans le monde des start-up et de la French Tech. Sur la sélection du Next40, le nouveau dispositif d’accompagnement que le gouvernement réserve aux 40 start-up françaises jugées les plus prometteuses, le bilan est en effet sans appel : parmi elles, 35 sont installées en Île-de-France et seulement cinq ont leur siège social en province. Pour le gouvernement, il semblerait donc que l’avenir de l’économie tricolore s’écrive surtout à l’intérieur du périphérique…

Lille, Nantes, Rennes et Toulouse

Entre une armée de start-up parisiennes (Blablacar, Deezer, ManoMano, Payfit, Voodoo…), parviennent tout juste à se glisser deux entreprises lilloises (OVH et Vade Secure), une nantaise (iAdvize), une rennaise (Klaxoon) et une toulousaine (Sigfox). Mais aucune start-up d'Auvergne Rhône-Alpes. Une sacrée claque pour la province. Car, comme l’indique Cédric O, secrétaire d’État chargé du Numérique, « le Next40, c’est le CAC40 français des entreprises technologiques. Dans cette bataille internationale de l’innovation, elles seront la tête de proue de la French Tech. »

La sélection s’est faite sur la croissance du chiffre d’affaires et le montant des levées de fonds depuis trois ans

Pour ce faire, ces entreprises seront choyées par les services de l’État, en particulier par des équipes de la Direction générale des entreprises. Elles vont bénéficier d’un accompagnement spécifique pour aller chercher des financements, mais aussi de référents dédiés afin de les aider dans leurs démarches administratives auprès de l’Urssaf ou des Douanes, ou encore de facilités pour recruter, pour aller à l’international, etc.

Faut-il voir dans cette sélection une prime au parisianisme ? A priori non, car la sélection a été réalisée par un jury présidé par la fondatrice de Leetchi, Céline Lazorthes, sur la base de critères objectifs, assure le ministère de l’Économie : la croissance du chiffre d’affaires et le montant des levées de fonds depuis trois ans.

Match Paris-province pas si déséquilibré en nombre d’entreprises

Si on se réfère au Next40, 87,5 % des entreprises censées devenir « les futurs leaders de l’économie française » sont installées en région parisienne. C’est largement plus que le poids de l’Île-de-France dans le PIB français (31 %) ou au niveau de la population (19 %). Pourtant, d’après les chiffres de la French Tech, la province n’a pas à rougir de la comparaison avec la capitale. En régions, la French Tech recense 5 900 entreprises dans son réseau. Un nombre pas si éloigné de celui enregistré en Île-de-France (6 500).

Mais, si les start-up éclosent aux quatre coins de la France, elles prospèrent davantage à Paris. C’est ce que révèle le dernier baromètre EY du capital-risque : 80 % des montants investis en France au premier semestre l’ont été au capital de start-up parisiennes.

Plus de talents du numérique à Paris qu'en région

Il faut dire que la capitale accumule des arguments de poids : la concentration de start-up favorise l’émulation, avec des lieux (Station F, Cargo…) et des événements de premiers plans. Paris tient aussi les cordons de la bourse, en abritant la principale place financière du pays et demeure une destination recherchée par les entrepreneurs en quête de talents. C’est ce qu’affirme Frédéric Mazzella, le dirigeant de la plateforme de covoiturage Blablacar. « Il est plus facile de recruter des personnes ayant des compétences dans le numérique à Paris que dans le reste de la France », estime ce Vendéen qui assure qu’il n’aurait pas réussi à recruter dans sa région d’origine tous les profils nécessaires au bon développement de Blablacar.

Sous 3 ans, les investisseurs institutionnels français vont flécher 5 milliards d’euros vers les start-up tricolores

Que les Vendéens et les entrepreneurs des autres régions se rassurent : si les Parisiens trustent les places du Next40, l’État ne les délaisse pas pour autant. Quatre-vingts autres start-up prometteuses, identifiées par les partenaires de la French Tech, seront dévoilées en janvier 2020. Elles bénéficieront d’un appui spécifique de la part des administrations et des services publics, à l’image de ce qui va être fait pour le Next40.

D’autres mesures visant à faciliter la vie des entreprises, en identifiant des pistes d’évolutions législatives ou en créant de nouveaux réseaux en régions, seront aussi mises en place. Enfin, le président de la République a annoncé que les investisseurs institutionnels français allaient flécher 5 milliards d’euros sous trois ans vers les start-up tricolores.