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Pionnier de la production d’hydrogène vert, Lhyfe remporte un projet à grande échelle en Belgique
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Pionnier de la production d’hydrogène vert, Lhyfe remporte un projet à grande échelle en Belgique

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Lhyfe produit ses premiers kilos d’hydrogène vert en mer grâce à sa plateforme Sealhyfe. À l’occasion d’une visite du site pilote au large de Saint-Nazaire, le dirigeant de l’entreprise nantaise a annoncé avoir remporté un appel à projets pour la construction d’une unité au large de la Belgique, à Ostende, qui bénéficie d’une subvention de 20 millions d’euros de l’Europe.

Matthieu Guesné, fondateur et Président Directeur Général de Lhyfe, sur le premier site de production d’hydrogène vert en mer, au large de Saint-Nazaire — Photo : David Pouilloux

L’aventure de Lhyfe prend résolument le large. Alors que Sealhyfe, sa plateforme offshore de production d’hydrogène vert, commence à produire ses premiers kilos d’hydrogène, Matthieu Guesné, fondateur et président directeur général de Lhyfe, annonce avoir remporté un appel à projets européen qui bénéficiera d’une subvention de 20 millions d’euros de la part de l’Europe. Une étape est franchie. Un nouvel espoir est né, car ce projet, baptisé Hope, qui sera implanté en mer du Nord, au large de la ville belge d’Ostende, sera capable de produire 4 tonnes d’hydrogène vert par jour. "C’est un projet d’une envergure inédite, explique le dirigeant depuis la passerelle du navire. Nous franchissons un pas. Et un pas, pour nous, ça veut dire faire fois 10. Nous passons ainsi d’une capacité de production de 1 mégawatt à 10 mégawatts."

À la tête d’une start-up de 150 salariés, cotée à Euronext après une récente levée de fonds en Bourse de 118 millions d’euros, en mai 2022, Matthieu Guesné sent qu’il est temps d’accélérer. "Sealhyfe est une première mondiale, il est le premier site de production d’hydrogène en mer, explique-t-il. Ce site pilote, avec la technologie qu’il utilise, est significatif de ce que l’on fera plus tard, mais à une échelle véritablement industrielle."

Plus de vent, plus de place, plus d’eau

Plateforme de production d’hydrogène vert Sealhyfe, à côté de l’éolienne flottante Sem-Rev qui lui fournit l’électricité pour l’hydrolyse de l’eau — Photo : Lhyfe

Au large de Saint-Nazaire, aux abords du premier parc éolien offshore français, en contemplant Sealhyfe, nous sommes seulement à quelques battements d’ailes de goéland de la première usine de production d’hydrogène vert de Lhyfe, située à Bouin, en Vendée. Pourquoi produire de l’hydrogène en mer alors qu’il est plus facile techniquement de le faire à terre où les contraintes du milieu sont moins hostiles ? "En mer, il y a plus de vent, plus de place et plus d’eau, résume le dirigeant. Pour fabriquer de l’hydrogène vert, on utilise les énergies renouvelables, notamment l’électricité produite par les éoliennes, qui sert à l’électrolyse de l’eau (séparation de la molécule H2O en hydrogène et oxygène). Ces énergies renouvelables ne sont pas chères et disponibles à volonté. Par exemple, l’Espagne a développé en dix ans 20 gigawatts d’éolien terrestre, puis 20 gigawatts en solaire en dix ans également. Mais pour nous, l’avenir, c’est l’éolien offshore. On produira de l’hydrogène en mer, et on le ramènera à terre grâce à un pipeline."

Les besoins en énergie de l’hexagone sont faramineux et le marché potentiel de l’hydrogène vert tout autant. "En France, on consomme 1 600 térawattheures d’énergie chaque année, dont seulement 450 térawattheures d’électricité, précise Matthieu Guesné. Ce qui est difficile à décarboner, ce n’est pas cette électricité, c’est la partie d’énergie que l’on consomme sous forme de gaz et de pétrole, qui est fortement émettrice de CO2. Nous sommes accros à ces énergies, car elles sont là, sous nos pieds. Elles ne sont pas chères, et elles sont disponibles et distribuables facilement. Et on fait un plein d’essence en cinq minutes. Mais on va devoir les changer, car elles sont extrêmement polluantes."

Remplacer l’essence et le diesel

Future plateforme de production d’hydrogène vert au large du port d’Ostende, en Belgique — Photo : Lhyfe

L’hydrogène vert sera-t-il la solution pour remplacer l’essence ou le diesel ? "Une des solutions, mais peut-être un peu plus chère, reconnaît le dirigeant, mais une solution qui apportera le même confort, la même facilité d’usage, et un vrai impact sur la décarbonation de la mobilité, par exemple. Quand vous avez une voiture à hydrogène, vous faites le plein au même prix, dans le même temps, et avec la même autonomie. Mais votre voiture à hydrogène émet de l’eau dans l’atmosphère et non du CO2, comme une voiture à essence." Par ailleurs, une voiture électrique ne pourra jamais faire le plein aussi vite et avoir la même autonomie qu’un véhicule à hydrogène.

À côté de la mobilité, notamment lourde avec les camions et les engins de chantier, qui utilisent l’hydrogène dans une pile à combustible ou dans un moteur thermique à hydrogène, l’autre marché stratégique pour Lhyfe est l’industrie, en particulier la chimie. Cette filière utilise de grande quantité d’hydrogène pour la production d’ammoniac et de méthanol, dans les procédés de raffinage du pétrole brut ou la production de résine ou de peinture. "Plus de 90 % de l’hydrogène consommé par la chimie est de l’hydrogène gris, c’est-à-dire produit à partir de pétrole ou de gaz naturel, explique Matthieu Guesné. La production de cet hydrogène est extrêmement polluante. Ce secteur, la chimie, sera rapidement un débouché énorme pour Lhyfe. Dans notre portefeuille de projets, on commence avec la mobilité, mais à partir de 2026, il sera constitué de gros sites industriels à décarboner."

Un leader européen

Les ambitions de Lhyfe sont claires : devenir un leader européen indépendant de la production d’hydrogène vert et renouvelable en Europe. Via son portefeuille de clients, Lhyfe a pour ambition de disposer de 55 mégawatts (MW) de capacités installées à horizon 2024, 200 MW à horizon 2026 et plus de 3 gigawatts (GW) d’ici à 2030. À l’horizon 2030-2035, l’offshore pourrait représenter une capacité installée additionnelle d’une puissance de l’ordre de 3 GW pour Lhyfe.

Le chiffre d’affaires d’une jeune entreprise comme Lhyfe, qui a effectué pour 184 millions d’euros de levée de fonds depuis 2019, reste secret. Mais dans ce secteur d’activité, une production d’un mégawatt correspond peu ou prou à un million d’euros de chiffre d’affaires. Le chiffre d’affaires de Lhyfe devrait se situer autour d'un million d’euros à la fin de l’année 2023, et il pourrait s’envoler rapidement à mesure que le projet industriel prendra de l’ampleur. En France, deux sites sont en construction, celui de Lhyfe Bretagne (Buléon, Morbihan) et celui de Lhyfe Occitanie (Bessières, Haute-Garonne), tous les deux de 5 MW de puissance.

En dehors de la France, Lhyfe est présent dans 11 autres pays, en Europe du Nord et Europe de l’Ouest principalement. "L’agence internationale de l’énergie a évalué le potentiel de production d’énergie renouvelable, en éolien offshore flottant ou posé au large de l’Europe, rapporte Matthieu Guesné. L’agence internationale estime que le gisement disponible est onze fois plus important que l’électricité consommée en Europe. Ce gisement est suffisant pour produire tout l’hydrogène vert et vertueux dont on a besoin en Europe pour décarboner nos activités. On sait le faire, il n’y a plus qu’à se retrousser les manches."

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