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Charier, Lhyfe, e-Néo et Europe Technologies conçoivent un premier tracteur à hydrogène
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Charier, Lhyfe, e-Néo et Europe Technologies conçoivent un premier tracteur à hydrogène

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Quatre entreprises des Pays de la Loire (Charier, Lhyfe, e-Néo et Europe Technologies) ont mis au point le premier tracteur de chantier à hydrogène en France. Accompagnés notamment par Manitou Group, ils souhaitent maintenant se regrouper autour de l’hydrogène afin de proposer une offre de chantiers bas carbone.

Le tracteur se charge en hydrogène directement sur le chantier de Charier — Photo : Benjamin Robert

Cela fait deux mois qu’il multiplie les allers-retours. Depuis le 5 décembre 2022, ce tracteur transporte chaque jour 17 tonnes de chargement entre le port de la Turballe (44), en phase d’agrandissement, et le site de Charier. Cet engin est unique : il roule à l’hydrogène. Il fonctionne, certes, avec un moteur électrique et des batteries, mais ces dernières sont rechargées par une pile à combustible transformant l’hydrogène en électricité. "Aujourd’hui, la technologie électrique seule ne délivre pas une puissance suffisante pour les gros engins de travaux publics", justifie Paul Bazireau, président du directoire Charier. L’hydrogène apporte ainsi une autonomie raisonnable d’une demi-journée au véhicule électrique.

Une coalition 100 % régionale

Démarré en 2020, ce projet de transformation du tracteur aura coûté 350 000 euros, et aura bénéficié d’une subvention de 140 000 euros du conseil régional des Pays de la Loire. Il faut dire qu’il rassemble exclusivement des acteurs locaux. En premier lieu, Charier, basée à Couëron et qui compte 1 700 salariés. L’entreprise de travaux publics revendique faire un quart de son chiffre d’affaires dans la construction d’infrastructures liées à la transition énergétique. Elle s’est lancée dans cette aventure hydrogène avec la société vendéenne e-Néo, qui transforme depuis 2019 des camions thermiques en électriques. "Le tracteur nécessite environ la même puissance que pour un camion de 22 tonnes, qui est un gabarit que nous avons déjà équipé", déclare Pierre-Emmanuel Turpeau, directeur des opérations chez e-Néo. La différence réside néanmoins dans la place disponible pour installer le dispositif, le tracteur n’ayant que peu d’espace. L’ensemble du pack, batterie et pile à combustible, a ainsi été positionné sur le relevage avant du tracteur. Avant chaque remplissage des réservoirs d’hydrogène du tracteur, qui peuvent monter à 700 bars de pression, un test d’étanchéité est réalisé pour s’assurer que le plein d’hydrogène se fasse correctement.

Le dispositif à hydrogène est positionné sur le relevage avant du tracteur — Photo : Benjamin Robert

Au-delà de la fabrication du tracteur, l’autre grand défi consistait à produire et acheminer l’hydrogène sur le chantier de la Turballe. Pour ce faire, la start-up nantaise Lhyfe, qui a inauguré l’année dernière sa première plateforme de production d’hydrogène en mer à Saint-Nazaire, a rejoint le projet. Il faut dire que les acteurs se connaissent bien. Charier a réalisé l’aménagement de la plateforme autour de leur bâtiment. Aujourd’hui, c’est un retour à l’envoyeur, et Lhyfe lui fournit l’hydrogène issu de l’électricité produite via des éoliennes. Pour boucler l’aventure, Europe Technologies (67 M€ de CA en 2021), basé à Carquefou et fournisseur d’équipements pour l’industrie, se charge d’acheminer l’hydrogène via des conteneurs, de l’usine Lhyfe vers la station de distribution présente sur le site de Charier.

L’ambition de chantiers bas carbone

Manitou Group a également accompagné les acteurs de ce projet. De leur côté, ils ont développé un chariot télescopique à hydrogène. "La prochaine phase consistera à répondre ensemble à des appels d’offres en proposant des chantiers bas carbone", déclare Thierry Delaunay, responsable du développement commercial de Charier. Car ce premier tracteur, au-delà de son utilisation, sert surtout à montrer la faisabilité d’une telle technologie à plus large échelle. "C’est également un gain pour les salariés, car l’engin émet moins de bruits, et très peu de vibrations", détaille Thierry Delaunay. Néanmoins, si l’hydrogène semble un vecteur adapté à la mobilité lourde, son recours reste encore aujourd’hui trois fois plus cher que le gasoil. Ainsi, pour espérer remporter un appel d’offres, il faudra des incitations des marchés publics pour des chantiers moins polluants, afin d’encourager les constructeurs à investir à plus large échelle dans ces technologies coûteuses.

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