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Manitou Group lève le voile sur sa stratégie hydrogène
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Manitou Group lève le voile sur sa stratégie hydrogène

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Champion des engins de manutention, Manitou Group vient de présenter le premier engin de chantier équipé d’une pile à combustible à hydrogène vert. La mise au point de ce prototype, "une première mondiale", a nécessité le travail d’acteurs régionaux engagés dans l’innovation et la transition énergétique. L’occasion aussi de présenter sa stratégie hydrogène.

Le prototype de chariot télescopique de Manitou est le premier engin de chantier fonctionnant à 100 % avec une pile à hydrogène vert — Photo : David Pouilloux

Quand une entreprise industrielle comme Manitou Group, qui pèse 2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022, veut présenter sa stratégie hydrogène, elle choisit de montrer une vraie machine qui incarne son savoir-faire, son avance sur la concurrence et sa stratégie. Le 6 décembre 2022, au sein de son R & D Test center, l’engin avait la carrosserie rouge du chariot télescopique typique de la marque, avec sa fourche capable de porter des charges à 14 mètres de hauteur sur les chantiers. Mais le dernier-né des chaînes de montage du champion des engins de manutention basé à Ancenis (Loire-Atlantique) arborait un énorme H2 bleu sur son flanc, symbole chimique de l’hydrogène, et symbole de l’engagement stratégique de l’industriel en direction des véhicules à hydrogène.

Un prototype carburant à l’hydrogène vert

En ce tout début décembre, l’ETI ligérienne a donc dévoilé, en même temps que sa stratégie, un engin équipé d’une pile à combustible, un prototype qui carbure à l’hydrogène vert. Une fierté pour le directeur général de Manitou Group, Michel Denis : "Il faut de la passion, de l’énergie et de l’innovation quand on veut produire en France et exporter dans le monde entier. 70 % de nos machines sont fabriquées dans la région, et 82 % de notre chiffre d’affaires est fait à l’export. Chaque année, Manitou Groupe investit 60 millions d’euros en R & D et 400 salariés, dont 350 ingénieurs, travaillent au sein de ses 10 centres de recherche."

Après avoir récemment électrifié ses gammes de nacelles tout-terrain et de chariots télescopiques, avec 7 modèles en vente, le groupe s’oriente également vers l’hydrogène pour offrir d’autres choix à moyen terme à ses clients. Dans le cadre de cette stratégie, Manitou Group vise à faire cohabiter gammes électriques et hydrogène en fonction des applications de chaque utilisateur, avec un objectif de "43 % de produits basse émission commercialisés en 2030".

Le prototype du chariot télescopique à hydrogène est une première, en même temps qu’une préfiguration des futures machines de Manitou. "C’est le premier engin de chantier au monde fonctionnant à 100 % avec de l’hydrogène vert, précise Julien Waechter, vice-président R & D de Manitou Group." Un réservoir de 6 litres, à 350 bars de pression, fournit à l’engin une autonomie de 6 heures en condition réelle. "La transition énergétique passe par un éventail d’énergies, poursuit Julien Waechter. Par le biodiesel, par l’électrique et aussi par l’hydrogène. C’est ce que l’on voulait tester en se confrontant à la réalité sur un vrai chantier. L’autre aspect important de ce projet, c’est de l’accomplir avec des acteurs régionaux et nationaux."

Être à l’avant-garde sur l’hydrogène

Le réservoir de ce chariot télescopique contient 6 litres d’hydrogène vert à 350 bars de pression — Photo : David Pouilloux

L’hydrogène est fourni par Lhyfe, le producteur d’hydrogène décarbonée dont l’usine est à Bouin (Vendée). La station à hydrogène a été installée par l'acteur drômois McPhy. Et la pile à combustible, fabriquée par Symbio dans la région lyonnaise, a été intégrée au véhicule par le nantais Fétis Group, expert de la motorisation lourde, en particulier des engins de chantier. "Le chariot télescopique est une machine électrique, explique Damien Fétis président de Fétis Group, et par ailleurs ingénieur de formation. La pile à combustible consomme de l’hydrogène pour produire à la fois de l’électricité, qui alimente les moteurs, et de l’eau. Notre rôle a été d’intégrer cette pile, qui est le cœur de la machine. Ce type de pile est utilisé pour les voitures, mais il fallait l’optimiser sur un engin de chantier, qui travaille dans des conditions extrêmes, de vibrations, de portage de charges lourdes, de dévers, de poussières…"

Fétis et Manitou se connaissent bien. "Nous avons signé un partenariat de R & D avec Manitou il y a une dizaine d’années, précise Damien Fétis. Des ingénieurs de notre bureau d’études ont participé à ce projet de prototype avec les équipes de Manitou." Pour l’ETI nantaise, ce projet est aussi une belle vitrine de son savoir-faire. "Il y a une grosse dynamique autour de l’hydrogène dans notre région, nous tenons à y participer, rapporte Evrard Fétis, vice-président de Fétis Group. Pour nous qui venons du diesel, c’est important d’être à l’avant-garde de ces technologies. Et c’est un moyen de faire rayonner notre industrie à l’international."

"Ce projet est porté par tout un écosystème, qui marque son ancrage territorial, souligne lui aussi Michel Denis. Il répond à notre volonté de préparer les solutions de demain avec des partenaires très engagés." Ces solutions de demain répondent en fait aux ambitions de décarbonation des activités de l’industriel, mais aussi de ses machines. La feuille de route de Manitou Group flèche en effet une réduction de 46 % de leurs propres émissions de C02 d’ici à 2030 et une réduction de 34 % des émissions de gaz à effet de serre par heure d’utilisation de ses machines en 2030.

Synergie des acteurs locaux

Michel Denis, Directeur général de Manitou Group, et Christelle Morançais, présidente de la Région Pays de la Loire — Photo : David Pouilloux

Dans une atmosphère où le thermomètre tutoyait les 3 degrés, la présidente de Région, Christelle Morançais, accueillie par la présidente du conseil d’administration de Manitou, Jacqueline Himsworth-Braud, soulignait elle aussi la nécessité du "faire ensemble" pour les acteurs industriels du territoire. "Ce projet de chariot télescopique est un exemple de la synergie qu’il faut encourager entre les acteurs régionaux. Ceci est valable à l’échelle locale, nationale, mais cela devrait se faire davantage à l’échelle européenne."

La démonstration du savoir-faire de Manitou Group, qui possède 32 filiales, est présent dans 140 pays et rassemble plus de 4 400 salariés, est une réussite. Mais elle ne fait pas oublier la concurrence, notamment chinoise sur les véhicules électriques. "Il est bon que les organisations territoriales nous aident et réagissent rapidement, relève Jacqueline Himsworth-Braud. Nous devons avancer, sinon nous manquerons le train du changement, et la concurrence nous rattrapera. N’attendons pas que la Chine prenne ce marché. Ayons une longueur d’avance."

Manitou Group a bénéficié du plan de relance France 2030 à hauteur d’1,2 millions d’euros dont 200 000 euros consacrés au prototype de chariot à pile à combustible.

Pour l’heure, le prototype sera testé "1 000 heures" précise Julien Waechter, et sera mis à disposition fin 2023 sur des chantiers afin de bénéficier de retours des utilisateurs pour être encore amélioré. Un second prototype est dans les cartons. Avec ces nouvelles installations, Manitou Group espère une mise sur le marché d’un chariot télescopique 100 % hydrogène à horizon 2026.

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