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Jean Vidal (Charier) : "Nous cherchons à nous diversifier dans des activités plus régénératives"
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Jean Vidal président du directoire de Charier "Nous cherchons à nous diversifier dans des activités plus régénératives"

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Nouveau président du directoire de Charier, Jean Vidal prend la tête du groupe nantais de travaux publics (1 800 salariés, 350 M€ de CA), devenu entreprise à mission en juin 2022, avec l’ambition de poursuivre une croissance raisonnée et de transformer l’ETI familiale en entreprise régénérative.

Jean Vidal-Président du directoire de Charier-TP-Nantes — Photo : Charier

Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 58 ans, je suis ingénieur de formation et originaire du sud-Ouest. J’ai effectué l’essentiel de ma carrière au sein d’un grand groupe de construction (Colas, NDLR), en charge des filiales nord-américaines puis européennes. J’ai notamment été en poste à Nantes. J’ai quitté le groupe Colas en 2021 pour me former au métier de coach professionnel, avec l’objectif d’accompagner des dirigeants. C’est à ce moment que je suis entré en contact avec Paul Bazireau. Alors président du directoire de Charier, il m’a informé de son prochain départ à la retraite. J’ai ensuite rencontré les membres de la famille et, au fil des échanges, l’idée de reprendre le flambeau s’est imposée.

Qu’est-ce qui vous a attiré chez Charier ?

L’entreprise répondait à mes trois souhaits : vivre à Nantes où j’avais acheté une maison, ne plus travailler dans un grand groupe et retrouver du sens dans mon travail. Ce que m’offre Charier, entreprise à mission depuis juin 2022. J’apprécie les valeurs de l’entreprise, la confiance que témoigne la famille à une personnalité extérieure comme moi et le côté que je qualifierais de fraternel de nos relations.

Après un an passé dans l’entreprise, quels sont les aspects qui vous ont le plus marqué ?

C’est sans conteste la vision de très long terme qu’offre cette entreprise familiale. Actuellement, les membres de la quatrième génération laissent la place à ceux de la cinquième génération. Cette transmission s’achèvera mi-2024. Cet ancrage dans le temps long change complètement les perspectives et permet de réfléchir autrement. Dans un grand groupe, l’horizon, c’est l’année. Ce qui n’est le terme adapté, ni pour l’humain, ni pour et la planète qui sont les deux priorités de Charier. Engagés dans la Convention des Entreprises pour le Climat Ouest, nous sommes au milieu de notre feuille de route pour rendre l’entreprise, non seulement neutre en carbone, mais aussi régénérative. Par ailleurs, nous avons 1 800 salariés à faire vivre. Il nous faut donc avancer de façon cohérente pour réduire l’impact de nos activités sur l’environnement, tout en assurant la pérennité de l’entreprise et des emplois.

Charier a utilisé un tracteur à hydrogène sur le chantier du port de La Turballe — Photo : Gaël Arnaud

Quelle est votre stratégie pour concilier ces deux objectifs ?

Notre stratégie consiste à accélérer la décarbonation de nos métiers historiques traditionnels (la production de matériaux, la voirie, les travaux routiers et urbains…) en nous appuyant sur l’innovation. Nous avons ainsi développé des enrobés à partir de liant végétal, des enrobés drainants qui laissent les eaux de pluie s’infiltrer dans le sol ou encore des voiries à énergie positive. En parallèle, nous cherchons à nous diversifier dans des activités plus régénératives. Nous nous intéressons à la transition écologique au sens large, à travers de nouveaux métiers, tels que les espaces verts, la déconstruction, la dépollution, le recyclage des matériaux, l’électrification, les réseaux…

Charier s’est diversifié dans les espaces verts — Photo : Gaël Arnaud

Le rachat en juillet dernier de la société mayennaise FTPB (Foucher Travaux Publics et Bâtiment) s’inscrit-il dans cette stratégie ?

Tout à fait. Cette entreprise familiale, qui emploie 85 salariés pour un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros, est spécialisée dans les VRD (voirie et réseaux divers) et les travaux d’assainissement, d’alimentation en eau potable (AEP). Ce dernier métier nous intéresse tout particulièrement, car il nous apporte des compétences complémentaires aux nôtres. Cette diversification métier s’accompagne d’une extension géographique, puisque FTPB intervient dans deux départements sur lesquels nous n’étions pas présents : la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine.

Envisagez-vous d’autres croissances externes ?

Oui, nous avons la taille critique pour reprendre cette catégorie d’entreprises familiales de plus de 50 salariés, qui ne veulent pas rejoindre de grands groupes, mais ont besoin de ressources pour se développer. Nous devrions annoncer prochainement une acquisition dans le génie écologique. Nous recevons également beaucoup de dossiers dans le secteur des espaces verts. C’est un métier en voie de consolidation qui compte beaucoup de structures familiales. Ces croissances externes n’ont toutefois pas vocation à se substituer à la croissance organique et s’inscrivent dans le cadre d’une croissance raisonnée.

Quels seront vos chantiers prioritaires dans les mois à venir ?

À partir de 2024, nous allons engager la rédaction de notre plan stratégique sur dix ans. Il mettra l’accent sur tout ce qui est lié à la transition énergétique, sur la diversification de nos métiers et le renforcement des synergies entre nos différentes activités, sur la santé et à la sécurité au travail, domaine dans lequel nous visons l’excellence, sur l’innovation, toujours en lien avec l’environnement, et sur les actions à mettre en œuvre pour faire vivre notre entreprise à mission. Dans cette perspective, nous venons de recruter une directrice Environnement - RSE qui sera membre du comité exécutif.

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