Une filière d’hydrogène renouvelable prend racine au cœur du Morbihan
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Une filière d’hydrogène renouvelable prend racine au cœur du Morbihan

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Le 28 février, un premier coup de pelle pour la première usine d’hydrogène de Bretagne, lancée par la pépite nantaise Lhyfe, a permis d’annoncer la promesse d’une décarbonation des transports qui espère aller en s’amplifiant.

Mathieu Guesné, dirigeant de Lhyfe, et Pierre Bouedo, maire de Buléon — Photo : Bertrand Tardiveau

Entreprise créée en 2017 à Nantes, Lhyfe a lancé le 28 février la construction de son second site de production d’hydrogène renouvelable, à Buléon, en plein centre Bretagne. Implantée sur un terrain d’environ 6 800 m2 à proximité du parc éolien déployé par le nîmois VSB Énergies Nouvelles (23,4 M€ en 2021, 111 salariés) qui comprend 6 turbines pour une puissance installée de 13,8 mégawatts (MW), la nouvelle usine devrait entrer en service au second semestre 2023. Par un système d’électrolyse qui exploitera jusqu’à 70 m3 d’eau au quotidien, elle devrait produire jusqu’à 2 tonnes d’hydrogène par jour, soit l’équivalent de 5 MW. Lhyfe a investi 10 millions d’euros dans cet outil. "Après notre site expérimental de Bouin en Vendée qui permet de produire 300 kg d’hydrogène par jour, cette nouvelle unité alimentée par des turbines nous permet de changer de dimension", se réjouit Matthieu Guesné, fondateur de Lhyfe.

Démarche globale

Déjà positionnée sur un 3e site de 5 MW à Bessières, en Haute-Garonne, la société vise également la production d’hydrogène en mer. Basée à Saint-Nazaire, une station de production expérimentale devait ainsi être prochainement rattachée au démonstrateur flotagen sur le site d’essais multitechnologies (SEM-REV) de l’École centrale de Nantes, au large du Croisic. "Il existe en mer un gisement considérable capable de couvrir amplement nos besoins en énergie, assure Matthieu Guesné qui vise 3 GW de capacités installées à horizon 2030. Introduite l’an dernier sur le marché boursier Euronext et employant environ 150 salariés, son entreprise anticipe un chiffre d’affaires d’environ 200 millions d'euros et la rentabilité financière à l’horizon 2026.

Pierre angulaire de l’ancrage de Lhyfe en Bretagne, l’usine de Buléon intègre une démarche globale avec l’accompagnement de l’Ademe dans le cadre du programme Vhygo pour un montant de près de 10 millions d’euros. "Dans toutes les hypothèses qui ont été tracées pour une transition vers une neutralité carbone à l’horizon 2050, l’hydrogène garde une place significative. C’est donc toute une filière que nous devons mettre en place afin d’accélérer la décarbonation de nos territoires", résume Jean-Noël Guerre, directeur régional de l’Ademe.

Premier coup de pelle du site de production d’hydrogène Lhyfe à Buléon (56) — Photo : Bertrand Tardiveau

Des bus et des bateaux

Dans ce schéma, trois stations de distribution d’hydrogène seront progressivement déployées sur Lorient Agglomération. Sous l’impulsion de son président Fabrice Loher, la collectivité qui prévoit d’alimenter en hydrogène 20 % de son réseau de transports urbains s’est positionnée comme partenaire déterminant du site de Buléon dont elle entend absorber près du quart de la production. Une première flotte de sept bus fonctionnant à l’hydrogène doit être mise en service avant la fin de l’année sur 19 véhicules attendus. Deux bateaux à passagers doivent également sillonner la rade de Lorient grâce à l’hydrogène de Buléon à l’horizon 2025. En attendant, l’école d’ingénieurs de Bretagne sud (Ensibs) ouvre en septembre une formation en alternance dédiée à l’hydrogène. Une quinzaine de candidats auraient déjà trouvé leur entreprise pour valider leur diplôme.

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