Le chantier de construction de l’usine du producteur nantais d’hydrogène vert et renouvelable Lhyfe (190 collaborateurs) vient de commencer dans la zone d’activités du Triangle à Bessières (Haute-Garonne), sur une parcelle de 8 000 m2. “Nous en sommes à la phase VRD (voirie et réseaux divers, NDLR), indique Ghislain Robert, le directeur commercial France du groupe présent dans 11 pays européens via ses six filiales (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Danemark, Pays-Bas, Suède, NDLR). Les travaux de génie civil se dérouleront ensuite pendant l’été puis viendra l’installation de nos automates. L’objectif est de pouvoir démarrer la production à la fin de l’année. Le process industriel standardisé conceptualisé par Lhyfe ne nécessite pas de construire de grands bâtiments.” Il s’agit du troisième site développé par le groupe - qui ambitionne de porter ses capacités de production à 55 MW à la fin de l’année 2024 et de réaliser un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros en 2026 -, après son usine de Bouin (Vendée) et celle qu’il construit en ce moment à Buléon (Morbihan).
2 tonnes d’hydrogène vert par jour
Le site Lhyfe Occitanie, lui, sera en mesure de produire jusqu’à 2 tonnes d’hydrogène vert et renouvelable par jour (soit 5 MW). Modulaire et évolutif, il pourra accroître ses capacités de production pour accompagner l’évolution des usages et des besoins de la filière hydrogène dans la région. “Nos sites sont totalement automatisés mais nous aurons besoin d’opérateurs pour effectuer la maintenance et la gestion des flux, poursuit-il. Nous embaucherons 2 à 3 personnes à plein temps.” Dans une logique de circuit court, avec une énergie produite et consommée localement, Lhyfe livrera son hydrogène dans un rayon de 200 kilomètres. Le groupe cible les stations d’avitaillement amenées à s’implanter sur le territoire, les industriels (aéronautique, équipementiers…), les transporteurs et logisticiens ou encore les collectivités locales qui souhaitent décarboner leur mobilité ou leur process. “Depuis sa création en 2017, Lhyfe a investi dans la production d’hydrogène vert à partir de l’électrolyse de l’eau, via de l’électricité renouvelable, un process totalement démuni d’émissions de gaz à effet de serre, explique Ghislain Robert. Il se différencie de l’hydrogène gris qui est produit à partir de matières issues du pétrole. L’Ademe indique que l’hydrogène gris issu du vaporeformage du gaz naturel génère 11 kg de CO2 par kilo d’hydrogène produit.”
Décarboner les transports
Lhyfe Occitanie, jusqu’ici baptisé Val d’Hygo, avait été retenu par la Région Occitanie en 2021 dans le cadre du projet Corridor H2 Occitanie qui vise à décarboner le transport de marchandises et de passagers. Ce site contribuera ainsi à fournir un hydrogène vert et renouvelable aux camions, autocars et autres véhicules à pile à combustible, sur le tronçon Albi-Toulouse notamment. La Région veut parvenir, d’ici fin 2024, au déploiement de deux unités de production d’hydrogène renouvelable représentant 6 tonnes par jour de production cumulée au démarrage, sept stations de distribution d’hydrogène (de 600 à 1 200 kg/jour), 40 camions à propulsion hydrogène, 62 remorques/unités frigorifiques et 15 autocars interurbains régionaux en rétrofit (convertis à l’hydrogène). L’investissement mobilisé pour la construction de l’usine (montant non communiqué) est porté à 80 % par Lhyfe et à 20 % par l’Agence régionale énergie climat (Arec) Occitanie, à hauteur de 5,9 millions d’euros (4,10 M€ en avance remboursable et 1,89 M€ en subvention).
