Alpes-Maritimes
MMV s'engage sur la piste de l'économie régénérative
Alpes-Maritimes # Tourisme # RSE

MMV s'engage sur la piste de l'économie régénérative

S'abonner

Deuxième opérateur hôtelier des Alpes, MMV accélère dans sa stratégie orientée "tourisme durable". Un penchant que l'entreprise implantée à Saint-Laurent-du-Var, près de Nice, a eu dès sa création en 1989 et qui se trouve renforcé depuis son entrée dans le giron de la Compagnie des Alpes fin 2022 et l'arrivée, cet hiver, de son nouveau directeur général.

Arthur Courtinat est le directeur général de MMV depuis fin 2023 — Photo : Olivia Oreggia

Le chantier est en cours et l’inauguration prévue fin 2025. Ouverte hiver comme été, la future résidence-club 4 étoiles MMV de Serre Chevalier (Hautes-Alpes) comptera 164 appartements, soit plus de 1 000 lits. Elle proposera notamment "un espace de relaxation aqualudique" avec piscine, sauna et hammam, et un spa avec des salles de soins. Tout ce qui fait une expérience client premium, ADN de l’opérateur hôtelier. Elle bénéficiera aussi de ce qui est bien moins visible des vacanciers : une conception RE2020 (nouvelle réglementation énergétique et environnementale de la construction neuve), les labels NF Habitat HQE et Biodiversity (prise en compte de la biodiversité pour tous les projets immobiliers).

Rien de plus cohérent dans la première station de ski au monde à produire sa propre électricité, combinant l’hydroélectricité, le photovoltaïque et le micro-éolien. Mais il s’agit surtout d’un projet qui incarne plus profondément encore l’engagement durable de MMV.

300 millions d’euros sur 10 ans pour agrandir le parc immobilier

Cofondé en 1989 par Jean-Marc Filippini, qui occupe toujours le fauteuil de président, MMV signifiait alors Mer Montagne Vacances. 35 ans plus tard, le littoral a été délaissé et l’entreprise est devenue un "pure player" montagne implanté dans 17 stations des Alpes françaises avec 21 résidences et hôtels-clubs. Un inventaire auquel viendra donc bientôt s’ajouter le nouvel établissement de Serre Chevalier, mais aussi un autre au Grand Bornand (Haute-Savoie) fin 2026, un à Val Thorens (Savoie), et sans doute un de plus à Aime 2 000-La Plagne. Le tout érigé sur des sols déjà artificialisés. L’investissement total de près de 300 millions d’euros dans la dizaine d’années à venir est prévu pour développer son parc immobilier. Mais pas n’importe comment. Parce que la réglementation l’y contraint, mais pas seulement. C’est aussi une question de valeurs dans lesquelles s’est retrouvé Arthur Courtinat, arrivé à la direction générale de l’entreprise en novembre dernier.

MMV compte 10 hôtels-clubs, 3 ou 4 étoiles, comme ici, à la Plagne-Aime 2000 (Savoie) — Photo : ©Manu Reyboz

Diplômé de l’École polytechnique, titulaire d’un MBA de la London Business School, il a évolué pendant dix ans au Club Med avant de cofonder avec Jean-Pierre Nadir, Fairmoove, une agence de voyages en ligne dédiée aux "destinations durables et engagées". "Le projet MMV est la synthèse d’un peu tout ce que j’ai fait avant, explique le cinquantenaire. Je retrouve, comme au Club Med, la culture du resort de vacances orienté famille et qualité, je retrouve un engagement RSE et les problématiques business de l’intégration d’une ETI dans un grand groupe, ce que j’ai connu quand l’agence de voyages sur-mesure que je dirigeais a été rachetée par le groupe Figaro… Et puis, j’ai une histoire familiale avec la montagne, une vraie passion personnelle."

L’intégration du groupe à laquelle Arthur Courtinat fait référence est celle de MMV entrée dans le giron de la Compagnie des Alpes (5 500 collaborateurs, CA consolidé 2023 : 1,125 Md€) en octobre 2022, qui a acquis 85 % du capital. Filiale de la Caisse des dépôts et consignations, née elle aussi en 1989, la CDA gère 10 domaines skiables dans les Alpes françaises (Les Arcs, Val d'Isère, La Plagne…) et est par ailleurs le 4e opérateur européen de parcs de loisirs avec 12 sites (Grévin, Futuroscope, Parc Astérix, Walibi…). "Pour autant, nous avons conservé chez MMV une vraie autonomie sur notre métier et notre culture agile d’entreprise de taille intermédiaire, c’est important, estime Arthur Courtinat. Nous avons un vrai partage de valeurs avec la Compagnie des Alpes qui a elle-même un agenda ambitieux visant le net zéro carbone, sans compensation, à 2030, et qui a défini 10 engagements et 5 renoncements dans le cadre de sa raison d’être. Elle fait accélérer encore notre engagement RSE."

Réactualiser le business model

Un engagement qui passe donc par de nouvelles constructions exemplaires mais aussi par une politique de rénovation renouvelée. Son parc immobilier étant relativement récent et entretenu avec régularité, il n’a pas eu besoin jusqu’à présent de subir un lifting en profondeur mais la question commence à se poser. Notamment en matière énergétique. "Nous avons réalisé un audit de tous nos bâtiments l’an dernier : les deux tiers étaient classés A ou B, deux étaient D et le reste C, précise encore le dirigeant. Nous travaillons à l’amélioration de manière permanente : nous avons remplacé par exemple les chaudières à gaz par du biogaz, le fioul par du HVO (huile végétale hydrotraitée, NDLR), nous utilisons des granules à bois pour l’eau chaude, le pilotage intelligent des bâtiments a été installé l’hiver dernier dans une douzaine de bâtiments. Mais rénover en profondeur, structurellement un bâtiment, est un investissement lourd, il faut trouver le bon modèle économique. Les économies d’énergie attendues ne suffiront pas à rentabiliser l’amélioration de la performance énergétique et vous pouvez difficilement augmenter les prix car l’isolation n’est pas le problème du client." Alors à Tignes, MMV travaille sur un "prototype" : "un modèle économique où on surélèverait d’un ou deux étages le bâtiment existant pour créer de la capacité supplémentaire qui permettrait de financer la rénovation intégrale des lieux, c’est une première piste. Mais au-delà de MMV, il va falloir réfléchir sur ces sujets."

Objectif zéro net carbone en 2030

In fine, toutes ces pistes doivent mener l’opérateur hôtelier vers un objectif : devenir une entreprise régénérative, de celles tout juste émergentes qui rêvent éveillées de générer des impacts positifs nets pour les écosystèmes et la société. "C’est un bel objectif en effet, concède Arthur Courtinat. Mais avant de régénérer, commençons par être neutres. Nous visons le net zéro carbone à l’horizon 2030 pour les scopes 1 et 2 (qui regroupent les émissions directes de gaz à effet de serre produits par l’entreprise et les émissions indirectes liées à l’énergie, NDLR). Nous sommes sur une bonne trajectoire."

Le salon lounge du village-club MMV de Samoens (Haute-Savoie) — Photo : ©Manu Reyboz

Ces ambitions sont inscrites dans le plan Edelweiss 2030, qui porte la transformation stratégique de MMV vers une exemplarité en matière de RSE. "C’est la ligne directrice. Nous embarquons beaucoup de choses à travers cela : l’expérience de nos clients, la conception et l’exploitation de nos bâtiments, nos relations avec les écosystèmes, avec le tissu local économique et politique, et même notre politique marketing et vente. Nous proposons par exemple une réduction de 150 euros à tous ceux qui viennent en train." Cela passe aussi par des bornes de recharge électriques dans les parkings, par un approvisionnement en circuit court pour la restauration (les clients des hôtels sont en pension complète), ou encore par le bien-être des salariés, systématiquement hébergés sur place. "La RSE, c’est aussi le social et l’un des volets très importants pour nous est le logement des saisonniers. Nous venons par exemple d’investir 400 000 euros aux Arcs 2 000 pour rénover entièrement le bâtiment." Une manière de travailler aussi son attractivité et sa marque employeur. Alors que tant d’acteurs touristiques souffrent d’un manque de candidats, MMV a vu ses effectifs grimper jusqu’à 1 800 salariés cette année sans grandes difficultés.

Alpes-Maritimes # Tourisme # Hôtellerie # Restauration # Services # RSE # Transition énergétique # Transition écologique
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise MMV