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La coopérative légumière Sica de Saint-Pol-de-Léon progresse encore
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La coopérative légumière Sica de Saint-Pol-de-Léon progresse encore

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Malgré un contexte difficile et incertain, la Sica de Saint-Pol-de-Léon reste en croissance en 2021. L’augmentation de 6 % de son chiffre d’affaires est liée à une meilleure valorisation de ses légumes et fleurs. 2022 s’annonce cependant compliquée, notamment du fait de la hausse du coût de l’énergie.

Thomas Quillévéré, secrétaire général, Marc Kerangueven, président, Olivier Sinquin, directeur général de la Sica de Saint-Pol — Photo : Isabelle Jaffré

Pour la troisième année consécutive, la Sica (société d’intérêt collectif agricole) de Saint-Pol-de-Léon (140 salariés) voit son chiffre d’affaires augmenter. Avec 238 millions d’euros sur l’exercice 2020-2021, il est en hausse de 6 %, porté notamment par l’horticulture à 44 millions d’euros (+10 %). L’activité légumes affiche, elle, un chiffre d’affaires à 194 millions d’euros, en hausse de 5 %. "Ces bons résultats s’expliquent par le retour des consommateurs vers des produits français et une meilleure valorisation sur les marchés", indique Marc Kerangueven, le président de la Sica.

La coopérative compte désormais 626 exploitations dans le Finistère et les Côtes-d’Armor - contre 594 l’année précédente - du fait de l’arrivée de producteurs de Triskalia, coopérative légumière, qui a arrêté son activité légumes frais, et de la fusion avec Socoprim, une autre coopérative de Saint-Pol-de-Léon. "Le nombre d’exploitations a augmenté en 2021, mais le renouvellement des générations reste un enjeu majeur. Nous avons mis en place une cellule pour faire en sorte de mettre en relation les cédants et les jeunes souhaitant s’installer avec une personne dédiée", insiste le dirigeant.

Le podium des trois produits les plus importants pour la Sica de Saint-Pol-de-Léon reste le même, dans un ordre différent. La tomate (24 661 tonnes pour 36,9 M€ de CA, +7 %) repasse devant le chou-fleur (85 125 tonnes pour 32,8 M€ de CA, - 17 %). "La tomate a bénéficié d’une meilleure valorisation et de davantage de segmentations. L’année dernière, le chou-fleur avait connu une année exceptionnelle. Cette année, le tonnage reste le même mais les prix sont plus bas", explique le secrétaire général, Thomas Quillévéré. Derrière, l’échalote (+72 %), la salade (+10 %), la fraise (+61 %) ou encore la courge (+60 %) ont connu une très belle année.

Le bio à un palier

Malgré cette conjoncture plutôt favorable en 2021, le président de la coopérative reste prudent. "La gamme bio, souffre depuis 2021 d’un essoufflement de la demande sur le marché national. Il est désormais en concurrence avec le "locavore", accentué par la crise sanitaire", souligne-t-il. La Sica s’en sort cependant plutôt bien. 69 producteurs ont produit 11 682 tonnes de légumes bio pour un chiffre d’affaires de 13,1 millions d’euros (8 % du CA). Une hausse de 17 % liée à un plus grand nombre d’exploitations bio (49 producteurs en 2020). "Nous sommes à un palier. Mais nous savons que le marché du bio fonctionne ainsi. La difficulté vient du temps de conversion de deux ans pour les exploitations. Cela ne remet cependant pas en cause nos objectifs sur le bio."

L’autre difficulté pour le bio de la coopérative bretonne vient de la réglementation sur les cultures sous abri, les serres chauffés. "C’est une pompe à import ! On ne peut pas commercialiser en bio avant le 1er mai. Mais les légumes d’autres pays arrivent plus tôt dans les rayons et prennent la place. Ensuite, c’est très compliqué de récupérer un référencement auprès des magasins ! Cela profite aux productions venues de plus loin, et cela continue à faire baisser les prix", regrette Marc Kerangueven.

Investissement sur les emballages

L’année a été également été marquée par la mise en service complète de la nouvelle plateforme logistique de Vilar Gren (50 millions d’euros investis) mais aussi par l’intégration d’une trentaine de nouvelles exploitations. "80 % des volumes sont désormais traités à Vilar Gren. Mais les effets se verront plus tard. La plateforme n’est complètement opérationnelle que depuis mars 2021", précise le dirigeant.

Après ce gros morceau en 2021, les investissements se poursuivent néanmoins. "Nous continuons à optimiser notre logistique pour nos clients. Grâce à un outil de portail numérique, ils pourront connaître en temps réel les arrivées de leurs palettes. Cela leur servira pour respecter les horaires de départ de leurs camions vers Rungis, par exemple."

La Sica investit chaque année environ 5 millions d’euros. La coopérative est notamment en train d’investir pour de nouvelles machines pour emballer les produits, suite à l’évolution de la réglementation sur la fin du plastique (loi Agec). "Nous sommes passés, comme tout le monde au carton et au bois. Mais cela pose des problèmes. Il y a 10 mois d’attente pour les nouvelles machines-outils. Celles que nous avions auparavant ne sont pas encore amorties. Nous sommes dans l’impasse sur les mini-légumes d’un point de vue technique car il faut les laver mais le carton absorbe l’eau et pose des soucis de conservation. Sans oublier les problèmes d’approvisionnement", liste le président. L’entreprise planche d’ailleurs, avec d’autres acteurs du secteur, sur le développement d’une filière bois (peuplier) en Bretagne pour la réalisation des cageots.

Mutation du monde agricole

Pour 2022, c’est la conjoncture qui inquiète le plus les dirigeants de la Sica de Saint-Pol-de-Léon. La guerre en Ukraine a, elle, eu moins d’impact sur l’activité de l’entreprise. "L’export représente 40 % de notre chiffre d’affaires. Mais nous avions arrêté d’exporter en Russie dès 2014 avec l’embargo. Nous avons cependant vu un effet Brexit avec davantage de papiers à remplir et donc des complications. C’est encore raisonnable pour un camion entier mais on ne le fait pas pour une seule palette !"

Comme pour bon nombre de secteurs, l’effet de la conjoncture internationale se fait sentir indirectement. "Aujourd’hui, nous n’avons aucune visibilité, notamment sur le prix de l’énergie et des intrants", souligne le président. Les producteurs de cultures sous serres, qui demandent de l’énergie se retrouvent dans des situations très compliquées financièrement. "Certains producteurs font ainsi des choix difficiles : arrêter ou non la production sous serre, aller vers une culture moins énergivore."

La flambée des prix conforte en tout cas la mutation du monde agricole que souhaite accompagner la Sica. "Nous poursuivons la certification HVE (haute valeur environnementale) des exploitations. Depuis juin 2021, 100 % de celles sous abris ont obtenu le label et 40 % des exploitations de plein champ". La plateforme de Vilar Gren doit aussi jouer un rôle dans cet effort en réduisant de 20 % les émissions de CO2 lié au transport des productions.

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