La société de Cesson-Sévigné Vytruve (17 salariés, CA non communiqué), solution métier de conception et d’impression 3D de prothèses pour personnes amputées (à 90 % pour des membres inférieurs), lance le premier logiciel de conception et de rectification orthopédique accessible en ligne. Une évolution de sa solution qu’elle qualifie de "majeure" pour son développement. "Digitaliser le métier d’orthoprothésiste qui est hautement artisanal aujourd’hui, c’est le cœur de notre savoir-faire, explique Sébastien Brault, responsable opérationnel et directeur général délégué de la start-up. Ça nécessite pour cela de travailler le logiciel, qui doit être simple d’utilisation et répondre parfaitement au métier. C’est ce qu’on a fait. Avec notre version en ligne, on va pouvoir élargir notre distribution…"
Solution sans plâtre
Le logiciel Vytruve permet aux professionnels de concevoir les appareillages simplement, sans plâtre. Le logiciel existait déjà en dur sur les ordinateurs de ses clients (une cinquantaine de laboratoires équipés à travers le monde). La version en ligne - qui permet la fabrication de prothèses tibiales, radiales et désormais fémorales - va lui donner une tout autre portée. "En termes de distribution, on aura la possibilité de solliciter des prospects n’importe où. Prenez un orthoprothésiste mexicain. En deux étapes, il va se rendre compte qu’il peut bénéficier d’une solution de scan 3D. Le praticien se crée un compte, fait les étapes de rectification et de préparation de l’emboîture en ligne. Après, il trouve une solution d’impression 3D proche de chez lui et le tour est joué…" Le dirigeant vante la valeur ajoutée de la technologie : "On ne dépossède pas le professionnel de son savoir, c’est l’outil de conception de l’emboîture qui change. Le travail au plâtre est un process qui est long, fastidieux, manuel, avec plein d’étapes et d’incertitudes. On met juste un logiciel entre les mains du professionnel qui permet d’œuvrer rapidement".
Un logiciel… et des équipements adaptés
Vytruve a orienté son modèle économique sur les fichiers 3D qu’il fournit à ses clients, grâce à son logiciel. L’entreprise se rémunère aussi sur la vente de l’équipement qui permet de scanner. "Tout est adapté aux besoins de l’orthopédie. Le scanner est précis au dixième de millimètre." Si le client ne dispose pas d’imprimante 3D, l’entreprise rennaise se charge aussi d’imprimer et d’expédier le produit fini (les emboîtures) sous 48 heures ou 72 heures. La majorité de ses clients ont recours à cette option.
Vytruve a été créé en novembre 2020 par Erwan Calvier, un orthoprothésiste rennais par ailleurs dirigeant de la société OPR (services de prothèses à Cesson-Sévigné, quatre succursales). Vytruve a levé 1,4 million d’euros en février 2024 pour rendre plus "massif" son développement national et international (Italie, Allemagne, Asie…). À l’issue de ses deux premiers exercices, la start-up revendique la commercialisation de plus de 3 500 prothèses imprimées en 3D.