Industrialiser la fabrication de prothèses dentaires en France, un procédé encore majoritairement effectué par des TPE (3 200 laboratoires environ) de moins de onze salariés. C’est le défi de la start-up lot-et-garonnaise Fox3D Dental Solution (14 collaborateurs), créée en 2021. Installée depuis peu dans une ancienne menuiserie industrielle de 1 500 m2 à Colayrac-Saint-Cirq, la société créée par Romain Sireix et son père Christophe, prothésiste dentaire, grandit vite.
Pendant industriel
Souhaitant réduire le "fossé entre le niveau de maturité des technologies numériques et leur niveau d’utilisation dans le secteur dentaire" et être un "partenaire global" des 43 000 dentistes français, Fox3D a l’ambition de devenir une véritable "usine à prothèses, capable de produire du sur-mesure en grande quantité".
Comment ? En bénéficiant des avancées de la société grenobloise Circle Dental, que les deux hommes ont contribué à créer en 2016 et qui a mis en place "une plateforme de connexion entre les dentistes et les laboratoires de prothèses. Elle a aussi créé un logiciel de conception de prothèses 3D. En récupérant les banques de données du CNRS et de l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique, NDLR) et en y ajoutant de l’intelligence artificielle, Circle peut reconstituer une boîte crânienne - os et muscles - et avec les empreintes de la bouche des patients, simuler numériquement le comportement de chaque prothèse", explique Romain Sireix. "Fox3D a été imaginé comme le pendant industriel, l’utilisateur de Circle, celui qui confronte la solution au marché."
Modèle rationalisé
Si les prothèses amovibles sont la vitrine de la société, elles intéressent assez peu les industriels en raison de leurs bas coûts. "C’est le modèle qui rend service et qui est notre porte-étendard car nous avons réussi à le rendre rentable", résume Romain Sireix. Elle y ajoute un engagement : celui de remplacer par du titane l’alliage métallique cobalt-chrome traditionnellement utilisé pour fabriquer le châssis, classé cancérigène.
Pour fabriquer à grande échelle ses produits, elle a dû tout rationaliser. "Nous avons optimisé les achats de matières premières, fait fabriquer nos propres machines adaptées à nos besoins, amélioré les parcours d’usinage…", liste Romain Sireix. Ainsi, les scans des dents des patients passent par Circle avant que Fox3D ne récupère le design final pour fabriquer les différentes parties de la prothèse à l’aide d’imprimantes 3D (dents et moules) et d’une chaîne d’usinage, et de l’assembler et la polir avant expédition.
Résultat : un premier volet d’investissement dépassant le million d’euros et un second déjà démarré (800 000 à 900 000 €) pour "robotiser la production" et quadrupler sa capacité de production et d’usinage pour passer d’une centaine de prothèses (20 amovibles et 80 fixes) à 400 par jour en 2024. À échéance comparable, la jeune entreprise vise un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros. Elle devrait recruter une quinzaine de personnes cette année, principalement des prothésistes dentaires et des techniciens, et envisage déjà un avenir européen. "Nous sommes l’éprouvette, le créateur de la structure type et du cahier des charges, le concept industriel qui va permettre à Circle de se déployer à l’échelle mondiale."