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Après 10 ans d'attente, la Sica de Saint-Pol lance sa plateforme logistique de Vilar Gren
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Après 10 ans d'attente, la Sica de Saint-Pol lance sa plateforme logistique de Vilar Gren

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La plateforme logistique de la Sica de Saint-Pol à Vilar Gren est opérationnelle depuis fin décembre. L’aboutissement d’un projet de 50 millions d’euros imaginé fin des années 2000 par les producteurs de légumes du Nord Finistère et qui a connu de nombreux rebondissements et recours.

S'étendant sur 7 000 m², la plateforme logistique de Vilar Gren a été lancée fin décembre. — Photo : Sica de Sain-Pol

Dix ans que les dirigeants et adhérents de la Sica de Saint-Pol (141 salariés, 220 M€ de CA) l’attendaient. La plateforme logistique de Vilar Gren, à Saint-Pol-de-Léon, est enfin opérationnelle depuis le 28 décembre 2020. Les travaux du bâtiment de 7 000 m² avaient débuté en juillet 2019. " Nous avons commencé à travailler mais tout n’est pas encore installé, cela va se faire progressivement et on y verra plus clair en juin ", précise le président de la Sica, Marc Keranguéven. En effet, le dernier transfert des stations de collecte est prévu au printemps 2021 avec les tomates.

La création de la plateforme logistique a nécessité 50 millions d'euros d'investissement — Photo : Sica de Saint-Pol

Réorganisation des stations

L’investissement de près de 50 millions d’euros va permettre à la coopérative légumière de massifier ses flux en regroupant 80 % de sa production de légumes frais sur cette plateforme. Les huit stations les plus éloignées de Saint-Pol-de-Léon sont rapatriées à Vilar Gren. Elles deviennent des lieux de collecte où les légumes sont transportés via une filiale de transports. Les stations proches de Vilar Gren sont progressivement fermées et le personnel affecté à la nouvelle plateforme. " Nous avons réussi à proposer un poste à 100 % des salariés ", se félicite le directeur Olivier Sinquin. 96 salariés de la Sica sont affectés à Vilar Gren. " Nous embauchons aussi car la plateforme crée de nouveaux métiers : maintenance, logistique, etc. ", remarque le directeur. Enfin, certaines stations sont conservées. Celle de Kerannou se spécialise pour le lavage des légumes (légumes anciens, pomme de terre primeur, mâche). La Sica a aussi choisi de garder les stations de Cléder et Lanmeur ainsi que les cinq stations spécialisées dans les alliums (oignon, ail).

Traçabilité et réduction des coûts

Pour la Sica, un tel outil était essentiel pour faire face à la concurrence étrangère : " C’est une question de géographie. Nous sommes tout à l’Ouest quand nos marchés sont à l’est de l’Europe. Nous sommes également loin des principales routes logistiques ", fait remarquer Marc Keranguéven.

"Le premier objectif de cet équipement est de pouvoir réduire les coûts logistiques grâce à la centralisation des stations, là où les producteurs apportent leurs légumes ", indique le président. Selon une étude réalisée en 2019, la Sica va réduire les coûts de collecte de 30 %. Jusqu’ici, les négociants-expéditeurs, les clients de la coopérative nord finistérienne, devaient se rendre dans plusieurs stations pour compléter leurs volumes ; ils auront désormais la majorité de leur commande à Saint-Pol-de-Léon. L’entreprise estime également à 47 % la baisse du nombre de camions sur les routes et à 20 % la baisse des émissions de CO2.

La plateforme va permettre à la coopérative légumière de massifier ses flux en regroupant 80 % de sa production de légumes frais — Photo : Sica de Saint-Pol

Le second objectif de la Sica est de gagner en performance et ainsi s’ouvrir de nouveaux marchés. " La plateforme nous a permis d’obtenir la certification IFS Food, exigée par de plus en plus de clients ", indique le président. La Sica a aussi revu son système de contrôle de la conformité des produits avec son cahier des charges, qui variait selon les stations. " Nous faisons désormais appel à une société rennaise extérieure d’agréage, Agrea, qui travaille sur la plateforme ", précise Marc Keranguéven.

Nouvelles perspectives

Cette plateforme logistique, évoquée pour la première fois dès 2007 entre élus de la Sica, doit aussi donner davantage de perspectives aux agriculteurs. " Du fait de l’atomisation des stations, chaque producteur ne pouvait pas choisir librement tel ou tel légume de la gamme qui en compte 47. Il devait s’adapter à sa station. Aujourd’hui, nous avons cette souplesse qui renforce l’équité entre les exploitations. " Un moyen, aussi, d’attirer de jeunes agriculteurs. Pour les 800 producteurs adhérents, le nouvel outil va aussi demander quelques ajustements dans la manière de travailler. " Nous exigeons désormais une déclaration de livraison à J-1 a minima. Nous allons tendre vers du J-2 et J-3, assure le président. Nous aurons ainsi une meilleure valorisation des volumes lors de la mise en marché. "

Enfin, la plateforme a été pensée pour faciliter la vie des clients qui y travaillent. Les négociants y bénéficient d’un espace d’accueil, de 20 box privatifs, d’une zone dédiée à la préparation des commandes. Sur les 31 quais d’expéditions de Vilar Gren, 15 sont réservés aux 15 clients majeurs de la Sica, qui représentent 70 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Une zone nuit permet également d’expédier 24h sur 24 et 7 jours sur 7 grâce à quelques quais dédiés et sécurisés. " Ce lancement est une étape importante pour nous. Notre survie dépendait de ce nouveau schéma ", conclut Marc Keranguéven.

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