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Coronavirus : à Florange, ArcelorMittal reprend l’activité sous haute tension
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Coronavirus : à Florange, ArcelorMittal reprend l’activité sous haute tension

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ArcelorMittal a entamé le 25 mars dernier à Florange (Moselle) une relance graduelle de sa production d’acier à destination des marchés de l’emballage et de l’automobile. Les organisations syndicales s’y sont majoritairement opposées, estimant que les mesures de sécurité sanitaire restent insuffisantes.

Le site de Florange fabrique notamment des tôles nécessaires à la fabrication des boîtes de conserve pour lesquelles la demande resterait élevée — Photo : © ArcelorMittal

Une reprise progressive et sécurisée de l’activité grâce à l’instauration de protocoles sanitaires stricts. C’est en ces termes que la direction d’ArcelorMittal décrit le redémarrage de son site de Florange (Moselle) engagé le 25 mars dernier, après une semaine d’arrêt en raison de l’épidémie de coronavirus.

La veille, lors d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire, la direction de l’établissement avait présenté aux représentants des 2 200 salariés le protocole sanitaire destiné à garantir leur sécurité sur le site métallurgique. Chaque collaborateur, au fur et à mesure des prises de postes, est formé à l’ensemble des procédures élaborées par les équipes qualité sécurité environnement, les départements opérationnels et le service santé, indique la direction.

Marchés de l’emballage et de l’automobile

Le premier groupe sidérurgiste mondial justifie le choix de relancer ses installations lorraines, pourvoyeuses d’aciers plats, par le besoin d’alimenter ses différents marchés : « Les principaux leaders du secteur de l’emballage ont demandé à la direction du site de continuer à leur fournir l’acier nécessaire à la fabrication des boîtes de conserve, qui connaissent aujourd’hui une demande considérable. Par ailleurs, la production d’acier pour les véhicules ne peut être totalement suspendue et les commandes doivent continuer d’être honorées. Plusieurs constructeurs automobiles européens poursuivent leur activité ».

La relance a débuté à petite échelle, sur deux lignes employant trois opérateurs chacune, afin d’évaluer l’efficacité des mesures sanitaires, a-t-on appris de source syndicale. La montée en charge s’est ensuite faite progressivement dans les jours suivants. Le train à chaud qui lamine les barres d’acier pour fabriquer les tôles nécessaires aux différentes unités de Florange, a redémarré le 30 mars, indique cette même source.

Cokerie maintenue en activité

Seule exception à la règle, la cokerie de Serémange-Erzange avait continué à produire sans discontinuer ; ses fours ne pouvant être arrêtés sans entraîner de dommages irréversibles. 80 salariés assurent un niveau d’activité minimum au niveau de cette unité dont la fermeture définitive est prévue en 2022.

« Le principal frein à la montée en charge du site de Florange demeure le taux d’absentéisme qui atteint 20 % en moyenne, voire 40 % dans certains secteurs », éclaire François Pagano, délégué central CFE-CGC chez ArcelorMittal France. Dans ce contexte, l’établissement encourt-il un risque de perte de marchés, y compris au sein même du groupe ? « Si demain ArcelorMittal France n’arrive pas à tourner a minima ne risque-t-on pas d’assister à des transferts d’activité sur les sites belges et allemands du groupe qui ont moins réduit la voilure ? », interroge Jean-Marc Vécrin, représentant national CFDT chez ArcelorMittal

Au-delà des enjeux économiques, les organisations syndicales s’inquiètent surtout des risques de contaminations au Covid-19, malgré les mesures barrières établies : respect des distances, lavage des mains, nettoyage du poste de travail, utilisation des espaces communs (vestiaires et réfectoires), règles de déplacement, conduite de voitures de services ou d’engins, etc.

Danger grave et imminent

À Florange, la reprise s’est faite sans leur accord. Lors du CSE du 24 mars, préalable au redémarrage du site, la CFDT, la CGT, FO et l’Unsa ont voté contre la levée de l’alerte pour « danger grave et imminent » déposée par la CGT (la CFE-CGC s’est abstenue) qui juge les mesures de protections des salariés insuffisantes. Christophe Paré, délégué syndical Unsa à Florange, dénonce de son côté « un chantage à l’emploi ».

Ce désaccord a entraîné la saisie de l’Inspection du travail par l’établissement, comme le prévoit la procédure. La Direction départementale du travail de Moselle doit soumettre prochainement de nouvelles recommandations à ArcelorMittal Florange. Elle invite « à la plus grande prudence quant à une reprise trop rapide de l’activité » tout en rappelant que les tribunaux « pourraient être amenés à rechercher d’éventuelles responsabilités en cas de contamination d’un ou plusieurs salariés sur les lieux de travail ».

Pas de décharge signée

Dans ce contexte tendu, les salariés seraient-ils contraints par ArcelorMittal de signer une décharge avant leur retour au travail, comme se sont inquiétés des représentants du personnel ? ArcelorMittal Florange répond qu’une fois la formation aux nouveaux protocoles de sécurité sanitaire terminée, il est demandé à chaque personne formée de signer le document afin de recenser avec précision les salariés au fait des nouvelles procédures, « comme cela se fait de longue date pour les formations sécurité par exemple. Ce document ne constitue en aucun cas une décharge », pointe l’établissement.

Selon ArcelorMittal, depuis le début de l’épidémie, deux cas ont été confirmés par l’Agence régionale de santé (ARS) parmi le personnel du site. Le premier concerne une personne aujourd’hui guérie, le second une personne toujours hospitalisée. Cinq personnes présentant actuellement des symptômes suspects ont été placées en arrêt maladie. « À l’heure qu’il est, les tests étant réalisés uniquement au cas par cas par les autorités de santé, la direction du site n’est pas en mesure de confirmer formellement de nouveaux cas de Covid-19 », précise la direction.

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