En 2023, aucun accident lié aux caristes n’a eu lieu sur le site ArcelorMittal de Florange, en Moselle. "Ce sont de très bons résultats. Notre objectif est que cela perdure", lance Jean-François Malcuit, le chef d’établissement ArcelorMittal à Florange. Dans cette perspective, l’industriel a lancé un projet nommé Blaxtair, en partenariat avec Arcure, spécialiste de l’IA embarquée pour améliorer la sécurité et la productivité dans l’industrie. Basé sur l’intelligence artificielle, le système mis en place doit permettre de sécuriser encore davantage la circulation des chariots élévateurs du département logistique du site.
Spécialisé dans les aciers de haute technologie destinés aux marchés de l’industrie automobile, de l’emballage métallique et de l’industrie générale, le site ArcelorMittal de Florange emploie 2 200 salariés et compte 51 chariots élévateurs, dont 26 sont déjà équipés de la solution Blaxtair. Au total, 200 chariots d’ArcelorMittal France (CA : 68,3 Md$ ; 15 400 salariés et 40 sites de production en France) seront équipés de la technologie, d’ici fin 2024. "Cette solution devient le nouveau standard ArcelorMittal France", précise Jean-François Malcuit.
Des caméras intelligentes
"Au sein de nos halles industrielles, la co-activité engins piétons est importante, et nous savons que c’est l’une des premières causes d’accidents graves dans l’industrie. Sur un chariot élévateur, la visibilité est réduite compte tenu des angles morts", explique Jean-François Martin, responsable sécurité pour ArcelorMittal France. En septembre 2022, ArcelorMittal France et Arcure développent ensemble le projet Blaxtair et effectuent les premiers tests, notamment pour entraîner l’IA à reconnaître une présence humaine. "Le pilote a été développé sur le département logistique de Florange car nous avons une flotte conséquente. Nous transportons près de 8 tonnes par an", quantifie Séverine Trouillot, responsable opérationnelle du département de logistique interne de Florange.
Un an plus tard, les chariots élévateurs équipés de la technologie sont dotés d’une caméra à l’avant et d’une autre à l’arrière. Si un piéton entre dans la zone de sécurité du chariot, une alarme sonore retentit et l’image du piéton apparaît sur un écran, à l’intérieur de la cabine. Depuis l’extérieur, le chariot projette des bandes lumineuses rouges pour matérialiser les zones à risque et une lumière bleue pour alerter les piétons, à plus longue distance.
Un système en amélioration continue
Lorsqu’une présence humaine est détectée, la solution prend plusieurs photos. Le piéton est flouté, mais la photo est enregistrée et traitée par l’intelligence artificielle, qui restitue ces données à ArcelorMittal France. "L’objectif est de réaliser une évaluation a posteriori tout en préservant l’anonymat du piéton", justifie Jean-François Martin. Les données récupérées permettent alors de cartographier les zones à risque. "La solution adopte une optique d’amélioration continue", appuie Jean-François Malcuit.
Sur le site de Florange, "nous avons bien d’autres projets similaires", poursuit le chef d’établissement. Pour la formation des électriciens notamment, l’industriel utilise déjà la réalité augmentée. Suivant une technologie similaire au monde du jeu, les élèves sont projetés dans une réalité virtuelle, où ils peuvent s’entraîner sur des situations périlleuses, en toute sécurité.
