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À 70 ans, la machine MX en a encore dans les bras
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À 70 ans, la machine MX en a encore dans les bras

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Le groupe familial MX, fondé par Louis Mailleux près de Rennes en 1951, poursuit son développement, investissant 30 millions d’euros dans ses outils. Spécialisé dans la fabrication de bras de manutention articulés pour les tracteurs agricoles, MX structure sa stratégie et veut notamment prendre davantage de parts de marché en Europe.

MX conçoit et fabrique des bras articulés pour tracteurs, destinés à faciliter les tâches de manutention — Photo : Virginie Monvoisin

Du petit fabricant de charrues à l’ETI spécialisée dans les chargeurs avant pour tracteurs agricoles, il s’est écoulé soixante-dix ans. MX, fondée en 1951 par Louis Mailleux à Acigné en Ille-et-Vilaine a encore de la ressource ! L’entreprise, aujourd’hui dirigée par Frédéric Martin, affiche des ambitions de développement en France et à l’international, tout en se consacrant à une démarche RSE qui mixe respect de l’environnement et bien-être de ses collaborateurs. Pour suivre sa nouvelle "vision à 2027", MX investit autour de 7 millions d’euros par an jusqu’en 2023, soit 30 millions d’euros de budget pour moderniser ses outils, mais aussi ses bâtiments.

7 500 types d’adaptation de bras articulés

Sa stratégie est guidée par un leitmotiv : "faciliter le travail de manutention des agriculteurs", définit Frédéric Martin. MX conçoit, fabrique et commercialise en effet des bras articulés pour tracteurs, mais également les outils (pièces mécanosoudées) qui permettent de fixer ces bras sur les châssis de n’importe quelle marque (tracteurs agricoles ou d’espaces verts). L’invention de ce chargeur avant revient à Louis Mailleux. Brevetée, elle a donné lieu depuis à la création de plus de 7 500 types d’adaptations pour 45 marques de tracteurs ! Chaque bras articulé (doté de vérins hydrauliques) est dédié à une tâche précise et peut être changé afin d’adapter le tracteur à un autre usage avec une fourche, une pince, une benne (pour tous travaux : viticulture, arboriculture, élevage…). "Chaque semaine, nous étudions trois nouveaux types d’adaptation, car les marques sortent toujours de nouveaux modèles ou doivent se conformer à de nouvelles normes, etc.", précise Frédéric Martin. 50 collaborateurs travaillent ainsi au bureau d’études de l’entreprise, et 50 autres sont dédiés à l’industrialisation de ces nouveaux produits.

Au plus près des marchés en Inde et au Brésil

L’entreprise emploie au total 950 salariés dans le monde, dont 600 à Acigné. Outre son site bretillien, MX dispose d’une usine dans la Vienne, qui fait travailler une centaine de personnes, mais aussi à l’étranger, en Inde (150 collaborateurs) et au Brésil (50 collaborateurs). "Nous avons également mis en place deux entités commerciales en Angleterre et en Allemagne, complète Frédéric Martin. Ces dix dernières années, le groupe a beaucoup investi à l’international pour ouvrir des usines au plus près de marchés en développement, afin d’adapter nos produits aux utilisateurs locaux. Être au plus près de nos clients est essentiel. Nous étions un acteur européen, nous voulons devenir un acteur mondial."

Beaucoup de fabricants de tracteurs sont en effet des groupes internationaux. Pour MX, qui vend ses produits non pas en direct aux agriculteurs mais à des revendeurs ou concessionnaires, l’enjeu est de minimiser ses délais de livraison, pour répondre aux besoins immédiats de l’utilisateur final. "Notre stratégie est "glocale". En produisant au plus près des fabricants de tracteurs, nous pouvons livrer nos produits en trois semaines", poursuit le dirigeant. Aujourd’hui, MX est d’ailleurs le seul européen à être implanté en Amérique Latine. "Le Brésil et l’Inde sont des marchés en devenir. Et à partir de l’Inde nous pouvons envisager d’aller bientôt en Afrique." Pour l’instant, le groupe breton réalise 15 de ses 110 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’international. Les 95 millions d’euros restants correspondent au chiffre d’affaires engrangé en Europe.

Atteindre 20 % de parts de marché en Europe

L’Europe est d’ailleurs l’une des cibles de développement de Frédéric Martin, qui voit sortir de MX, chaque année, plus de 10 200 bras (chiffre 2020). "Nous espérons prendre bientôt 20 % des parts de marché sur le continent européen, précise le dirigeant. Nous avons déjà atteint les 22 % sur le marché anglais, mais pas encore dans les autres pays."

Mais le premier marché de MX reste la France, qui représente 40 % de l’activité. Et c’est en France que l’entreprise investit et recrute actuellement. 38 postes sont ouverts pour 2021 à Acigné, en grande partie en production (métiers de découpe, d’usinage, de peinture, de soudure, de montage, etc.). MX investit également en moyens industriels afin de développer ses capacités de production. En 2020, des robots de pliage pour la manutention de pièces lourdes ont été achetés sur le centre d’usinage. D’autres arrivent cette année, avec des robots de soudage également. 2021 voit également la rénovation des cabines de peinture. Une extension de 600 m² pour ces ateliers est d’ailleurs prévue pour cet été. Un "petit" espace au regard des 45 000 m² de bâtiments de MX à Acigné…

Nouveaux débouchés auprès des OEM

L’entreprise réfléchit d’ailleurs à pousser les murs encore, après avoir engagé une rénovation de ses bâtiments (esthétique et énergétique). Si ces adaptations et de nouvelles machines sont nécessaires à MX, c’est qu’elle doit faire face à des volumes qui grandissent. L’entreprise accélère en effet actuellement sur un autre canal de distribution en France et en Europe : celui des OEM (Original Equipment Manufacturer), ces fabricants d’équipements d’origine. "Nous travaillons par exemple pour le fabricant de machines agricoles Claas au Mans, cite Frédéric Martin. Nous fournissons l’adaptation et les OEM les montent directement sur leurs lignes. Conquérir des clients OEM fait partie de nos axes stratégiques prioritaires."

Pérenniser une industrie locale

Après avoir connu une année 2020 difficile à cause de la crise sanitaire, MX a fait face, clôturant avec seulement -2 % de chiffre d’affaires, "alors que le mois de mars avait entraîné une chute de 34 % et le mois d’avril de 46 %, rappelle le directeur. Nous avons pu conserver nos emplois et nos salariés ont fait un travail remarquable, rattrapant l’année au deuxième semestre. Nos clients ont eu besoin de nous, l’agriculture est sortie grandie de la crise." La situation a conforté MX dans son souci de flexibilité vis-à-vis de ses clients. "C’est pour cela que nous investissons dans tous nos métiers pour les garder internalisés. Mais pour ce faire, nous avons la chance d’appartenir à un groupe majoritairement familial, qui veut continuer d’investir pour le long terme, ajoute Frédéric Martin. Créer des emplois pérennes dans l’industrie, c’est notre engagement responsable."

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