Dix-neuf mois après le passage meurtrier de la tempête Alex qui a intégralement détruit ses locaux, la Brasserie du Comté reprend enfin son activité dans son fief de Saint-Martin-Vésubie, dans les montagnes de la métropole niçoise. Le nouveau bâtiment écoresponsable s’étend sur 1 400 m2, abritant une boutique de 80 m2. Symbole du comté et de la marque, l’aigle niçois s’étend sur la façade en bois. "Ce n’est plus une microbrasserie, c’est vraiment un bel outil de travail", s’enthousiasme Edwards Dilly, directeur général associé.
Le projet aura coûté 3,6 millions d’euros, construction et équipements compris, pour lequel la Brasserie aura reçu entre 600 000 et 800 000 euros d’aides publiques. Un pari un peu fou qui, dans un contexte normal, aurait nécessité plusieurs années avant de voir le jour. Mais l’urgence était là et l’équipe portée par une énergie inépuisable pour s’adapter sans cesse aux imprévus et autres retards et poursuivre l’activité, malgré tout. Ce fut longtemps le cas chez des confrères azuréens, puis ces deux derniers mois chez un brasseur du nord de la France. "Les trois ou quatre mois à venir serviront à caler les machines, on sait qu’il y aura encore des bugs. Nous ne serons vraiment opérationnels qu’en décembre ou janvier prochain, mais on relativise : il n’y a pas si longtemps, nous n’avions absolument plus rien ! "
Un centre de formation
In fine, la production totale devrait atteindre les 4 000 hectolitres cette année. C’est bien plus que les 1 500 hectolitres autrefois brassés avant la tempête, mais bien loin des objectifs de 8 000 hectolitres d’ici trois ans.
Augmenter la production, créer un centre de formation, lancer une distillerie pour fabriquer gin et whisky… : les objectifs sont nombreux. "L’an prochain, nous devrions déjà penser à l’avenir, à la construction de bâtiments supplémentaires", reprend Edwards Dilly. L’équipe de production s’est chargée de créer et dispenser la formation qui devrait débuter à la rentrée 2023. Il n’existe que 4 centres en France, tous sont situés dans le Nord." Des ateliers débuteront dès cet été pour les touristes, les particuliers, les professionnels ou encore les entreprises qui voudraient organiser des séminaires ou autre journée de team building pour leurs salariés.
Recycler ses déchets
Un autre grand projet a littéralement commencé à germer : la création d’une houblonnière. Sur un terrain de 4 000 m2, 400 m2 de houblon bio ont déjà été plantés. Un peu plus loin, 200 pieds de citronniers serviront à produire de la limonade. Enfin, à un horizon de deux à trois ans, la Brasserie du Comté a pour ambition de recycler ses déchets. "Dans le processus, seul le malt est torréfié. Les résidus, appelés la drêche de brasserie, sont aujourd’hui donnés en compost ou jetés. On produit entre 2 tonnes et 2,5 tonnes de drêche par semaine. Elle pourrait être réutilisée dans la fabrication de crackers, transformée en méthane ou en bûches de chauffage." Ou comment illustrer la résilience d’une entreprise. Passée de 7 collaborateurs l’an dernier à 14 aujourd’hui, la Brasserie du Comté vise 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires en 2022.