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La Métropole injecte 10 millions d'euros pour développer l'agriculture locale et bio
Lyon # Agriculture # Collectivités territoriales

La Métropole injecte 10 millions d'euros pour développer l'agriculture locale et bio

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À l’occasion de sa rentrée politique, le président de la métropole de Lyon, Bruno Bernard, annonce un axe fort de son mandat orientée vers le développement de l’agriculture locale et bio, pour laquelle il consacre 10 millions d’euros. Ce faisant, il quadruple l’enveloppe dédiée à cette filière par rapport à ses prédécesseurs.

Lyon Métropole veut préserver les terres agricoles et accompagner les agriculteurs qui le souhaitent vers le bio — Photo : Audrey Henrion

Les pieds sur terre et les yeux rivés sur le monde d’après. Le président écologiste de la métropole lyonnaise a présenté un budget inédit dédié à la préservation des terres agricoles du territoire comptant 1,4 millions d’habitants. "900 hectares ont disparu en 10 ans dans la métropole entre 2007 et 2017", déplore le président, qui octroie plus de deux millions d’euros à des actions foncières, façon de lutter contre l’avancée de l’urbanisation. Ainsi, 60 hectares qui devaient être urbanisés vont finalement rester des terres agricoles ou naturelles "dans la perspective des modifications urbanistiques qui vont être votées prochainement", annonce-t-il. Une façon de renverser la vapeur, alors qu’un hectare de terre agricole disparaît chaque jour depuis 20 ans sur le territoire du Rhône selon les chiffres avancés par la métropole.

Bruno Bernard a annoncé au grand public son projet de développement de l’agriculture locale, au sein de l’entreprise familiale Maréchal Fraîcheur à Rillieux-la-Pape (Rhône) — Photo : Audrey Henrion

Développer l’emploi et préserver l’eau

En plus de ce volet foncier, la métropole porte à 10 millions d’euros son enveloppe du mandat consacrée à l’agriculture et l’alimentation, soit un budget multiplié par quatre par rapport à l’exécutif précédant. "La crise sanitaire a révélé l’ampleur de la précarité alimentaire, 15 % des grands lyonnais ne mangent pas à leur faim", rappelle Bruno Bernard. La politique métropolitaine entend aussi soutenir l’emploi dans le secteur primaire. "L’agriculture est source d’emplois non délocalisables, et d’emplois plus nombreux encore quand elle est bio", tout en travaillant avec les agriculteurs pour qu’ils "changent de modèle" et préservent davantage les ressources en eau.

Ferme semencière

Jérémy Camus vice-président délégué à l’agriculture, l’alimentation et la résilience du territoire souligne pour sa part l’importance de diminuer les "importations" alimentaires. "95 % de ce qui est consommé dans les assiettes des grands lyonnais provient d’un périmètre de plus de 50 km" a souligné l’élu. La santé, le prix, l’intérêt de consommer local… selon lui, les curseurs vont dans le sens de ce que déploie la collectivité locale. Qui anticipe aussi l’évolution climatique. À Charly, dans l’ouest de Lyon, une ferme semencière, baptisée Ferme Melchior et dépendante du CRBA -centre de ressources de botanique appliquée- sera inaugurée le 24 septembre 2021. Ici seront acclimatés et testés des végétaux peu habitués à nos climats mais qui demain pourraient s’adapter et même remplacer certaines cultures.

Incubateur de paysans

Ancien membre de l’équipe Ronalpia, cet incubateur dédié à l’économie sociale et solidaire, Jérémy Camus a un autre projet dans les cartons. Sur les terres de Velin, une poche agricole de 300 hectares, entre Vaulx-en-Velin, le parc de Miribel-Jonage et Décines sera un site d’expérimentation pour tester des fermes paysannes nouvelle génération, où les paysans peuvent lever le pied le week-end et prendre un peu de vacances en été. Jusqu’à cinq exploitants seraient accueillis sur des cycles de trois ans et pourraient trouver sur place des terrains, du matériel, des logements et des accompagnants pour tester leur modèle.
Cet espace pourrait être opéré par le Réseau national des Espaces-test agricoles. Il y a urgence, à en croire Jérémy Camus : en 20 ans, le nombre d’agriculteurs a chuté de 44 %. Seules 340 exploitations sont recensées sur le territoire, et 62 % des exploitants ont plus de 50 ans. À lui seul, cet incubateur ne permettra pas de renverser la pyramide des âges, mais cette opération ainsi que d’autres dispositifs, tels que la facilitation d’installation des agriculteurs et la promesse de débouchés dans la restauration collective - avec notamment les 65 cantines des 81 collèges métropolitains qui fournissent chaque année 2,8 millions de repas, la Métropole ayant récupéré les compétences du Conseil général depuis 2015 - pourraient ralentir le déclin de l’activité agricole sur le territoire.

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