Haute-Savoie
Le haut-savoyard Mecalac met le cap sur les engins de chantiers électriques
Haute-Savoie # Fabrication de machines # Innovation

Le haut-savoyard Mecalac met le cap sur les engins de chantiers électriques

S'abonner

Le groupe annécien qui fabrique et distribue des machines pour la construction ou les travaux publics vient de lancer une gamme complète d’engins électriques. Avec ses trois nouvelles machines, fruit d’un travail de six années de recherche et développement, Mecalac entend participer à la décarbonation des villes.

L’usine Mecalac d’Annecy est le plus gros site de production du groupe, qui compte quatre autres usines au total — Photo : Mecalac

Participer à la décarbonation et à l’amélioration des conditions de vie en ville, voilà ce qui a incité le groupe Mecalac (1 200 salariés, 350 M€ de CA) concepteur et fabricant d’engins de travaux publics à lancer une gamme complète de machines électriques. "Trois machines Mecalac à zéro émission travaillant ensemble sur un même chantier urbain permettent d’économiser en moyenne 64 tonnes de CO2 que leurs équivalents à moteur thermique auraient émises sur l’année ", explique ainsi en préambule Alexandre Marchetta, président de Mecalac. Depuis un an et demi, le groupe, dont le siège est situé à Annecy-le-Vieux en Haute-Savoie, produit et commercialise trois types d’engins complémentaires, une pelle, une chargeuse et un dumper afin de réaliser toutes les opérations de terrassement (creusement, chargement et transport) sans émission. Les batteries des engins sont approvisionnées par le fabricant norvégien Northvolt : "nous avons fait le choix d’un fournisseur européen pour être cohérent avec notre souci de réduire l’empreinte carbone des chantiers", poursuit le dirigeant.

Un investissement de plusieurs millions d’euros

Fruit d’un investissement "de plusieurs millions d’euros" et de six années de recherche et développement, ces nouveaux engins se distinguent des machines fabriquées par la concurrence par leur autonomie (8 heures). "D’autres constructeurs ont sorti des engins zéro émission, mais ils sont plus petits et ne possèdent pas la même puissance embarquée. Notre principale préoccupation était de permettre aux conducteurs d’engins de travailler une journée complète sans restriction", explique encore le président. La pelle Mecalac e12, la chargeuse Swing Mecalac et le dumper EMDX sont tous trois fabriqués au sein de la principale usine de Mecalac, à Annecy-le-Vieux, qui regroupe quelque 350 personnes et où est également basé le centre de R & D du groupe. Mecalac compte par ailleurs quatre autres sites de production, en Savoie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Turquie, chacun ayant une spécialisation. "Le site d’Albens en Savoie, spécialisé dans la mécano-soudure est principalement dédié à la fabrication des structures pour les machines, celui de Büdelsdorf en Allemagne dans les chargeuses, tandis que le site britannique fabrique des tout petits camions, les dumpers. Enfin, notre site d’Izmir en Turquie fait de la sous-traitance et produit depuis deux ans des tractopelles", poursuit le président.

Des engins deux fois plus chers que les machines à moteur thermique

Tout comme pour le reste de ses engins, Mecalac vise une clientèle très large pour cette nouvelle gamme de machines, allant des grands groupes de travaux publics, tels que Colas, Eurovia ou Eiffage, aux acteurs régionaux comme Sobeca, aux conducteurs d’engins indépendants, qui travaillent en sous-traitance sur les chantiers. "Les grands groupes ne représentent que quelques pourcents de notre activité mais ce sont eux qui gèrent 25 % à 30 % des chantiers de l’Hexagone. Ils font donc travailler beaucoup de nos clients, même si ce ne sont pas forcément eux qui exploitent les machines des chantiers", commente Alexandre Marchetta.

Pour le moment, les premiers retours terrain des clients sont bons. "Sur la trentaine de machines que nous avons vendues, aucune n’a été prise en défaut d’autonomie", explique le président. Principal frein au développement rapide de cette gamme électrique néanmoins : son coût, puisque le prix d’achat est deux fois plus élevé qu’une machine fonctionnant au diésel. "Il est certain que tous nos clients se montrent intéressés par ces nouveaux engins non polluants. La principale problématique est le prix d’investissement initial. Pourtant, si l’on considère le coût total de possession d’un engin électrique, qui représente son prix global tout au long de son cycle de vie, il est à peu près équivalent à celui d’une machine au diésel", poursuit le président.

Un encadrement législatif qui devrait évoluer

Selon le président, l’accélération du développement de ces machines électriques ne pourra avoir lieu sans un encadrement plus strict en matière d’émissions des engins de chantier. "Il n’existe aujourd’hui aucune norme spécifique forte pour encourager les machines zéro émissions, alors que notre profession a dépensé plusieurs centaines de millions d’euros pour les développer ", déplore Alexandre Marchetta. "Je ne manque pas de faire entendre notre voix dès qu’une occasion se présente", précise le dirigeant, qui était président du syndicat européen des constructeurs jusqu’à fin 2023. Selon lui, la législation devrait néanmoins évoluer en faveur des engins électriques dans les prochaines années. "L’offre de ce type d’engins est très récente, il nous faut donc la faire mieux connaître pour que les lignes bougent", poursuit-il. Une option pour développer les engins électriques serait de bonifier la note financière des chantiers zéro émission lors d’un appel d’offres public, suggère le dirigeant.

Continuer à investir dans l’électrification des engins

Le groupe n’a pour l’instant pas établi de prévisions chiffrées concernant la part de cette nouvelle gamme d’engins dans son chiffre d’affaires, puisque le volume de ventes dépendra notamment de la vitesse d’adoption de l’électrique sur les chantiers. Mais son président compte malgré tout continuer à investir pour électrifier le reste de ses machines. Afin d’être prêt le moment venu. "Mecalac a surtout progressé par croissance organique depuis les années 2000, notamment en développant de nouvelles technologies et des produits toujours plus innovants", justifie le dirigeant. Le chiffre d’affaires du groupe est ainsi passé de 270 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 à 350 millions d’euros l’an dernier, boosté par le développement de nouveaux produits, adaptés aux besoins des clients.

Des développements très gourmands en termes d’investissement et qui ont donc incité le groupe à céder en début d’année sa filiale interne de distribution Mecalac Île-de-France, au distributeur de matériel BTP lyonnais HBI. "Nous avons préféré concentrer nos investissements sur le développement de notre offre produit, qui a toujours été notre cœur d’activité", explique le dirigeant. Mecalac est présent dans 86 pays via un réseau de 300 distributeurs indépendants, et actionnaire minoritaire de deux distributeurs en Italie et en Espagne. Mecalac Île-de-France était la seule filiale dont le groupe détenait 100 %.

Haute-Savoie # Fabrication de machines # Innovation