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Kapsera industrialise la mise en capsule de principes actifs naturels pour l’agriculture
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Kapsera industrialise la mise en capsule de principes actifs naturels pour l’agriculture

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La start-up bordelaise Kapsera, qui encapsule dans des microbilles biodégradables des principes actifs naturels, s’apprête à passer à l’étape industrielle. Elle investit cette année dans deux lignes pilotes et nourrit des ambitions mondiales dans la fabrication d’alternatives aux produits de synthèse pour l’agriculture.

Antoine Drevelle, co-fondateur de la start-up girondine Kapsera, espère lancer deux pilotes industriels en 2024 — Photo : Romain Béteille

En avril 2023, la start-up bordelaise Kapsera (17 salariés), lauréate de French Tech Agri20, s’est glissée dans les valises présidentielles en direction de la Chine. Elle y a trouvé à Pékin un premier partenaire local, Pherobio Technology, producteur de phéromones d’insectes, et a signé un premier contrat pour plusieurs applications à venir.

Vocation agricole

Fondée en 2018 par le chimiste Jérôme Bibette (également à l’origine d’une autre start-up, Beryola) et Antoine Drevelle, spécialiste de la biochimie moléculaire, Kapsera encapsule les principes actifs naturels de ses clients dans des microcapsules d’alginate, un polymère biodégradable issu d’algues brunes largement utilisées dans l’industrie, notamment comme agent de viscosité. "Notre ambition était de transférer des principes actifs naturels dans les champs. Or, nous avions besoin d’une technologie pour les encapsuler", explique Antoine Drevelle.

Par actifs naturels, elle entend des extraits de plantes, micro-organismes ou phéromones à vocation agricole. Pour ce dernier exemple, elle a fait conduire des essais dans un champ de vigne au Portugal à l’été 2023 avec des phéromones de lépidoptère ravageur. "À la fin de la saison, nous avons constaté moins de 10 % de dommages sur les cultures. Nos microbilles remplacent les diffuseurs installés dans les exploitations et ont aussi pour but d’ouvrir à l’utilisation des phéromones en agriculture", poursuit le cofondateur.

La société girondine Kapsera teste son procédé de microencapsulation au moyen d’injecteurs, dont elle est propriétaire, ici dans un environnement de laboratoire dans ses locaux bordelais — Photo : Romain Béteille

Kapsera a trois cibles : la fertilisation et la protection des cultures, la nutrition humaine – principalement la probiotique - et la nutrition animale. Elle se différencie par la technologie qu’elle utilise pour emprisonner les principes actifs, à savoir des micro-injecteurs de son invention, qui vont créer des gouttelettes à cœur liquide gélifiées dans un bain de calcium.

Évoluant dans un marché de la microencapsulation en croissance (estimé à 26 milliards de dollars en 2028) Kapsera se vend comme "une réponse aux demandes des consommateurs vers une agriculture plus vertueuse et de l’arrêt des principes actifs de synthèse" et "promet une amélioration des performances agronomiques", insiste Antoine Drevelle, par l’efficacité de la pulvérisation de ses capsules.

Deux premiers prototypes industriels

La start-up souhaite investir 500 000 euros (dont 200 000 de subvention de la Région) dans deux pilotes industriels de 30 tonnes de capsules par an. "Nous espérons fabriquer nos premiers produits d’ici à fin 2024 pour la nutrition humaine avant une montée en puissance en 2025 sur la nutrition animale et des premiers produits agricoles - pour lesquels nos clients auront besoin d’autorisations de mise en marché - entre 2025 et 2026", détaille le cofondateur. En parallélisant ses injecteurs, Kapsera prévoit d’agrandir sa capacité de production à 70 ou 80 tonnes sans avoir à construire de ligne supplémentaire.

La start-up Kapsera, bientôt industrielle, est spécialisée dans l’encapsulation de principes actifs naturels — Photo : Romain Béteille

Après avoir investi 400 000 euros pour aménager deux salles de laboratoire au sein de ses locaux bordelais en mars 2022, l’entreprise discute actuellement avec des investisseurs pour "lever plusieurs millions d’euros, opération que nous espérons finaliser début 2024. Notre montée en cadence sera progressive. Les besoins en agriculture sont de plusieurs milliers de tonnes par an", termine Antoine Drevelle. À plus long terme, Kapsera a déjà une future unité de 600 tonnes dans son viseur et souhaite doubler ses effectifs.

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