Le leader mondial des moteurs d’hélicoptères a besoin de bras, et vite. À Bordes, dans les Pyrénées-Atlantiques, Safran Helicopter Engines (1,3 Md€ de CA en 2022) crée une toute nouvelle ligne de production intégralement dédiée à la formation d’alternants, pour tenter de résoudre ses difficultés de recrutement.
Face à un marché de l’hélicoptère en pleine croissance et une ambition de production de 1 000 moteurs par an à compter de 2025, SHE a besoin de former et de recruter. "Les filières de l’usinage attirent peu", plante Florence Gourmanel, directrice des ressources humaines pour Safran Helicopter Engines.
50 alternants, 30 % de femmes
Aussi, pour tenter d’inverser la tendance, le constructeur français accueillera dès septembre 2024 une première promotion de 50 alternants au sein de son centre Cami Aéro, dédié aux métiers industriels aéronautiques et monté en collaboration avec le Pôle formation Adour.
Si Cami Aéro ne sera "pas une école interne", souligne Florence Gourmanel, trois types de formations, d’une durée d’un à trois ans, seront ouvertes à des étudiants, à des personnes en reconversion et à des femmes. SHE assure vouloir recruter 30 % de femmes alternantes, dans une entreprise où elle représente aujourd’hui 18 % de la masse salariale. "C’est une volonté, il y a un travail d’accompagnement pour démystifier ces métiers", ajoute Isabelle Thuillier, adjointe RH du projet.
La partie "école" aura lieu au sein du Pôle formation Adour, tandis que les heures d’alternances seront encadrées au sein de Safran par quatre employés "tuteurs" dédiés, dans un nouveau bâtiment de 1 000 m2, équipé de machines d’usinage conventionnelles - pour apprendre les bases du métier - et d’autres à commandes numériques pour la fin du cursus.
Entre 2 et 3 millions d’euros d’investissement
Un investissement "100 % Safran" chiffré entre 2 et 3 millions d’euros finance l’aménagement et l’équipement des nouveaux locaux, auquel s’ajoutera un budget de fonctionnement annuel d’environ un million d’euros. Avec un objectif affiché de 50 alternants - contre 20 aujourd’hui - à la rentrée 2024, Safran se lance un pari : celui de rendre la filière usinage attractive.
L’entreprise mise pour cela sur cette formation encadrée, effectuée sur le clone d’une ligne de production, qui peut déboucher sur un CDI ou des missions d’intérim au sein du groupe ou bien chez des sous-traitants issus du tissu local.
Alimenter le bassin d’emploi local
"On veut d’abord former pour nous, et réussir à fidéliser ensuite, mais aussi pour la région : aujourd’hui on a des sous-traitants qui ont aussi des gros problèmes de recrutement et on doit pouvoir alimenter le bassin d’emploi local", commente Florence Gourmanel.
Outre les 400 embauches annuelles de ces deux dernières années, destinées à absorber la forte hausse des commandes, SHE anticipe également 30 à 40 départs à la retraite par an, parmi les 1 500 salariés de son site de Tarnos (Landes) et les 2 400 de Bordes. "On voulait aller assez vite sur Cami Aéro parce que c’est maintenant qu’on recrute", résume la DRH.
