Le groupe LDC investit 150 millions d’euros en Mayenne jusqu'en 2026
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Le groupe LDC investit 150 millions d’euros en Mayenne jusqu'en 2026

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Le groupe volailler sarthois LDC est en train d’investir 150 millions d’euros en Mayenne, département où il ne cesse de monter en puissance. Au point d’en faire l’épicentre de sa branche Normandie Volailles, rebaptisée Voléna en mai dernier.

La nouvelle plateforme logistique SNV à Louverné, représente pour le groupe LDC un investissement de seize millions d’euros. En activité depuis début novembre, elle permet d’articuler les flux entre ses différents sites, dont cinq usines en Mayenne et deux autres géographiquement très proches — Photo : Frédéric Gérard

Le groupe sarthois LDC met les moyens pour contrer les importations de viande de volaille. Reparties à la hausse après le Covid, elles représenteraient près de 50 % de la consommation française. Le volailler sarthois investit 300 millions d’euros pour moderniser ou créer des sites, en France et à l’étranger. Près de la moitié du montant concerne le seul département de la Mayenne. L’industriel y possède désormais l’ensemble des outils dédiés à la volaille (excepté l’atelier Le Gars Daudet, plus artisanal, à Fromentières).

La montée en puissance de LDC en Mayenne

En conséquence, l’une des quatre branches qui composent le groupe LDC (5,8 Md€ de CA, 23 500 salariés), SNV, a été rebaptisée Voléna en mai dernier. Repris par LDC en 1997, SNV signifiait Société Normande de Volaille. Or, "aujourd’hui, nous n’avons plus que trois sites en Normandie sur quatorze, contre sept en Mayenne", souligne Arnaud Boinard, directeur général de Voléna.

En 2011, LDC était pratiquement absent de l’industrie de la volaille mayennaise. Seul lui appartenait l’abattoir de Château-Gontier, qui vient d’être spécialisé dans le canard. Depuis la chute du groupe Doux, tout s’est accéléré. Le groupe de Sablé-sur-Sarthe a racheté l’usine de Laval en 2012, qui produisait la marque Père Dodu. Puis en 2016, c’est le groupe coopératif Agrial qui cède son usine de Chailland (ex-Secoué) ainsi que la société attenante de transports frigorifiques et de vifs, STC. En 2021, ce sont les derniers abattoirs indépendants, les Ets Ramon à Lassay-les-Châteaux et à Javron-les-Chapelles, qui sont repris.

16 millions d’euros à Louverné pour réorganiser les sites

La stratégie de LDC est désormais de réorganiser ces usines. "Nous spécialisons tous les sites, avec la culture de la matière, de l’efficacité et des rendements", explique Arnaud Boinard.

Les 16 millions d’euros investis à Louverné pour créer la deuxième plateforme logistique du département, avec celle de Chailland, répondent à cette logique d’efficacité. Ce nouveau site est entré en activité au début du mois de novembre. "Cela nous permet au passage d’économiser 200 000 kilomètres de trajets par an entre nos entrepôts, ce qui est plutôt positif pour notre empreinte carbone." Idéalement positionnés au nord de Laval et à l’entrée de l’autoroute, les 5 600 m² de bâtiments sont construits sur un terrain de 36 000 m², ce qui laisse imaginer de possibles développements futurs de la plateforme.

Un marché de la volaille en croissance

Les 150 millions d’euros d’investissements de LDC en Mayenne relèvent de trois enjeux : "Mieux répondre aux attentes de nos clients et des consommateurs en augmentation nos capacités d’offre de découpe ; contrer efficacement nos concurrents et les importations ; améliorer la qualité de vie au travail et l’attractivité de nos métiers", résume Arnaud Boinard.

Un élément central est la demande croissante de viande de poulet. "Le poulet est un marché porteur, avec une bonne orientation de la consommation. À la fin août 2023, la hausse en volumes était de 1,7 % en volaille, tirée par les ventes de poulet en progression de 7 % en cumul annuel. C’est une viande économe, avec un bon apport nutritionnel, et qui répond à toutes les attentes sociétales, y compris religieuses : on observe une consommation trois fois plus importante chez les musulmans que chez les autres citoyens français. On investit donc pour être capable de répondre à cette augmentation de la demande avec de la volaille française, en s’adaptant aux évolutions : 42 % des achats de poulet se font aujourd’hui en découpe, ce qui représente une croissance de 24 % en cinq ans sur ce segment."

Plus de quarante millions à Laval pour faire plus de poulets

C’est l’objet des "plus de 40 millions d’euros" qui seront injectés à Laval pour "réduire la température des produits, et augmenter les capacités de découpe pour passer à 500 000 poulets par semaine". Une somme qui vient en plus des 5 millions déjà concrétisés par un nouveau bâtiment au printemps 2023. Une restructuration qui va notamment permettre "d’accompagner notre partenaire KFC, depuis 2016, dans ses ambitions de croissance en France et à l’étranger".

"Le premier pas de cette évolution a été possible par les investissements engagés à Droué, dans le Loir-et-Cher, indique Arnaud Boinard. Depuis le mois d’avril, les poulets entiers jusqu’ici abattus à Laval y sont envoyés." La branche Normandie du groupe LDC en a fait une porte d’entrée stratégique sur le bassin parisien. "24 millions d’euros ont permis de passer de 215 000 à 300 000 poulets par semaine, principalement des poulets vendus au marché de Rungis pour la restauration hors domicile, des poulets entiers."

Près de 60 millions d’euros pour les poulets lourds de Javron

"Le site de Javron-les-Chapelles va devenir à partir du premier semestre 2026 notre site dédié aux poulets lourds (3,3 kg). Nous allons y investir entre 55 et 60 millions d’euros, informe le DG. Le site va être transformé pour passer de 300 000 poulets du quotidien (1,8 à 1,9 kg) abattus par semaine à 280 000 poulets lourds. Nous allons ainsi sécuriser à l’échelle du groupe l’approvisionnement de nos grands clients de la restauration. Les 300 000 poulets du quotidien de Javron seront transférés sur le site de La Chapelle-d’Andaine, dans l’Orne (39 M€ investis). Sur ce site, on arrêtera l’abattage-découpe de dinde pour passer à une capacité de 800 000 poulets par semaine ; on gardera les 65-70 000 lapins. "

Les marques festives à Lassay, "entre 10 et 15 millions à Chailland"

Le second site des Ets Ramon, repris en 2021, plus petit, à Lassay-les-Châteaux, va concentrer les marques festives, le poulet Label rouge Duc de Mayenne, ou encore les poulets et coqs. "Le marché de la volaille connaît une augmentation en volumes, mais les consommateurs font des choix financiers : on constate une baisse de la consommation de volailles Label et plutôt une répercussion vers les poulets Qualité et ECC (European Chicken Commitment), dont les critères sont principalement liés au bien-être animal."

C’est aussi l’une des conséquences de la rénovation du site de Chailland, où "entre dix et quinze millions d’euros" vont permettre de s’adapter aux demandes "des clients de GMS [grande distribution, NDLR] et de la restauration commerciale, avec moins de densité en élevage et une anesthésie sous atmosphère contrôlée". Une augmentation des capacités du groupe froid est prévue. Outre un relèvement des capacités des lignes de production, les investissements concernent surtout les aménagements liés à la biosécurité, avec des quais très compartimentés : cloisonnement de l’accueil des animaux vifs, le chargement au plateau logistique et l’accueil à la fin de caisses propres dans des camions propres.

Un nouveau quai vif fait également partie du nouveau projet à Laval.

Arnaud Boinard, directeur général depuis 2021 d’une branche du groupe LDC qui compte cinq abattoirs et deux plateformes logistiques en Mayenne : Voléna — Photo : SNV

Quant à la question de savoir pourquoi Voléna multiplie les sites quand d’autres industriels de la viande en ferment, Arnaud Boinard répond : "Il y a un savoir-faire à préserver dans ces sites, qui justifie leur spécialisation, et un vivier de salariés autour." Les éleveurs sont également installés autour des sites. "Entre 25 % et 30 % des 1 500 producteurs qui travaillent avec nous sont de la Mayenne ou des cantons limitrophes." "La proximité" a donc fait partie des choix d’investissements.

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