Maison Laurino prend soin des petits-déjeuners des hôtels de luxe du monde entier. La PME biterroise (10 salariés) produit chaque jour 15 000 pots de "préparations de fruits" (des "confitures" moins sucrées). Le chiffre d’affaires de l’entreprise, créée en 2015 par les frères Stéphane et Fabien Laurino, connaît une croissance forte : il est passé de 400 000 € avant la crise sanitaire à 900 000 € en 2021 puis 2,1 millions en 2023, et probablement 3 millions en 2024.
Capacité de production doublée
Face à cet essor, l’atelier en location de 300 m2 occupé aujourd’hui à Portiragnes ne suffit plus. De 2 à 2,5 millions d’euros sont investis dans un atelier neuf. En mars, les travaux ont débuté sur la ZAC Béziers Ouest, à proximité. L’entreprise y emménagera début 2025. Ces 1 000 m2 comporteront une zone de stockage de 600 m2, un laboratoire de préparation de 200 m2 et "tout ce qu’on n’a pas ici : de vrais bureaux, des vestiaires, une salle de repos", liste Stéphane Laurino. L’investissement comprend une deuxième ligne de conditionnement, qui doublera la capacité de production.
Une référence pour l’hôtellerie de luxe
Maison Laurino s’offre un écrin à la hauteur de ce qu’elle est devenue : le premier fournisseur de préparations de fruits de l’hôtellerie de luxe en France. Elle figure sur les tables de 21 des 31 palaces du pays, en plus de 150 autres établissements, dont 50 à l’international. La PME occupe dix personnes, dont les deux créateurs. Si les employés se chargent de la production, "Fabien et moi faisons tout le reste : responsable qualité, secrétaire, DRH, etc., énumère Stéphane. Pour 2025, nous allons embaucher sur les fonctions support."
Les recettes de grand-mère
Les deux frères récoltent les fruits de leur démarche audacieuse, basée sur l’intuition de Fabien. Alors commercial dans l’événementiel, il avait constaté la piètre qualité des petits-déjeuners dans les grands hôtels, en contraste avec leur standing. Ingénieur dans le nucléaire, Stéphane a profité d’une reconversion pour tenter l’aventure. Celle-ci a démarré dans son garage, où il a installé un labo pour reproduire les recettes des confitures de leur grand-mère. Le baptême du feu a eu lieu au marché de Noël de Narbonne. "Nous y avons fait un tabac. Notre process était validé", sourit Stéphane. Un temps de cuisson court, de petits volumes de cuisson, dans des bassines en cuivre. C’est devenu la marque de fabrique de Maison Laurino.
Vent porteur à l’international
Avec l’objectif d’adresser les hôtels cinq étoiles, le démarchage a commencé. Près de 400 établissements sollicités pour presque autant de refus. Sauf un : Arnaud Donckele, jeune chef étoilé du Cheval Blanc à Saint-Tropez (Var). Sa caution a permis de déclencher le cercle vertueux du bouche-à-oreille jusqu’au succès actuel, que seul le Covid a failli mettre à terre.
Fabien a quitté son poste en 2020 pour rejoindre l’entreprise à temps plein et parcourir le monde. "Le marché français est trop petit", estime le dirigeant. L’export constitue le prochain étage de la fusée. Développé depuis début 2023, celui-ci représente déjà 50 % du chiffre d’affaires : "Un palace à Hong Kong, c’est 500 chambres", donc des volumes importants. Pour les deux frères, le défi sera de digérer ce changement d’échelle en conservant la saveur des gamelles en cuivre de leur mamie.
