Philippe Gélin (LDC) : "Nous envisageons d’atteindre un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros en 2027"
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Philippe Gélin directeur général du groupe LDC. "Nous envisageons d’atteindre un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros en 2027"

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Philippe Gélin, directeur général du groupe LDC, en prendra la présidence en mai 2023. Il est le premier dirigeant du groupe de Sablé-sur-Sarthe non issu des familles historiques actionnaires. Alors que s’ouvrent les négociations commerciales cruciales, il revient sur la stratégie du volailler pour atteindre le cap symbolique de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2027.

Philippe Gélin, directeur général et futur président du groupe LDC — Photo : LDC

Denis Lambert vous a confié la direction générale de LDC en mars 2022, et vous cédera la présidence en mai 2023. Quel est votre parcours ?

J'ai intégré LDC en mars 1996. La première année, j'ai été responsable d'usine à Sablé, puis pendant 7 ans, j'ai dirigé les établissements Fléchard (Orne) qui venaient d'être rachetés. Je suis revenu au siège à Sablé en 2003, à la direction de l'activité traiteur, pendant 13 ans au cours desquels nous avons repris Agis, DLG, et Marie. À partir de 2017, j'ai pris la direction du pôle International, en vue d'accélérer la croissance externe. Nous l'avons fait en 2018 et 2020 en Hongrie, en 2019 en Belgique et en 2021 au Pays de Galles. Depuis le 1er mars 2022, je suis le directeur général du groupe. La transmission se passe en douceur avec Denis Lambert, qui me cédera la présidence du directoire en mai 2023. Il prendra la présidence du conseil de surveillance.

Êtes-vous le premier dirigeant du groupe non issu des familles historiques ?

Oui. Mais les familles historiques gardent l’actionnariat majoritaire. Les familles Lambert, Chancereul, Huttepain et Guillet sont actionnaires à 69,2 %. On trouve également la coopérative de Loué qui détient 9,3 %, les salariés (presque 10 000) 5,4 %, Sofiprotéol 3 %.

Philippe Gélin prend le relais de Denis Lambert, "en douceur", sur un an — Photo : LDC

Où le groupe en est-il aujourd’hui ?

Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 5,069 milliards d’euros en 2021, avec 24 000 salariés dans 95 sites industriels (dont 15 à l’international). Nous réalisons 85 % de notre chiffre avec la volaille. Nous sommes n°1 en France, mais ne représentons que 6 % en Europe. Nous réalisons 15 % avec le pôle Traiteur, nous sommes le 2e acteur français aujourd’hui, mais nous sommes leader en plats cuisinés avec la marque Marie. L’international représente plus de 12 % (20 % si on compte l’export). Nous travaillons avec 7 500 éleveurs en Europe, dont 6 200 en France.

LDC affiche un chiffre d’affaires en croissance à 2,7 milliards d’euros au premier semestre (avril-août 2022) et se dirige vers un chiffre annuel de 5,8 milliards d’euros. Comment cette croissance s’explique-t-elle dans un contexte difficile ?

En 2022, nous avons vécu un contexte inédit. Les matières premières agricoles ont connu une forte hausse, que nous avons répercutée dans nos prix. Avec le début de la guerre en Ukraine, le blé et le maïs ont pris 100 €/t en une nuit ! Nous avons dû revaloriser nos prix de 20 %. Cela s’est fait progressivement. Au 1er septembre, nous avons obtenu l’intégralité de ce dont nous avions besoin, intégrant l’explosion des autres charges. Nous avons également augmenté les contrats des éleveurs. Les revalorisations globales obtenues en 2022 auprès de nos clients se chiffrent à environ 700 millions d’euros et expliquent qu’on va passer de 5 à 5,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en fin d’exercice.

Notre chiffre d’affaires a aussi été perturbé par une régression des volumes d’environ 5 % à cause de l’influenza aviaire qui a touché la Vendée en début d’année. Nous avons pu faire face à la situation parce que notre groupe est présent dans différents bassins de production en France.

Le pôle Traiteur n’a-t-il pas bénéficié des mêmes hausses de tarif que la volaille ?

Sur l’année, nous allons connaître une hausse de charges de 150 millions d’euros, sur un chiffre d’affaires de 750 millions d’euros, soit +20 %. Nos équipes commerciales ont obtenu en octobre une hausse de 13 %, il manque encore 7 % (sur le premier semestre, le résultat opérationnel du pôle est négatif, NDLR). Les négociations commerciales 2023 qui démarrent vont devoir intégrer de nouveaux coûts, 260 millions d’euros pour le pôle volaille, et 60 millions d’euros pour le traiteur. Nous allons donc chercher 10 % de hausse pour la volaille et 15 % pour le traiteur. L’année 2023 sera, une nouvelle fois, très chargée pour nos équipes commerciales comme pour nos acheteurs.

Comment se porte le pôle International ?

L’année a bien démarré (avec un chiffre d’affaires semestriel de 336,9 millions d’euros, en hausse de 47,2 %, NDLR). Avec l’influenza aviaire, l’offre en oies et canards a régressé, et les prix ont monté, couvrant nos coûts de production supplémentaires, et permettant une marge additionnelle.

Nous sommes présents en Hongrie, en Pologne, en Belgique, et au Royaume-Uni. Concernant notre stratégie d’acquisition, notre objectif est de nous concentrer sur les pays où nous sommes, mais on ne s’interdit pas d’aller dans d’autres pays, en Europe uniquement.

Votre pôle Volaille France voit grossir l’activité œufs. Où vos acquisitions auprès du groupe Avril en sont-elles ?

Nous avons repris la marque et l’activité commerciale de Mâtines qui ont été intégrés au 1er novembre 2022. Elles représentent 43 millions d’euros de chiffre d’affaires, et sont vendues par la société Loeuf à La Bazoge (Sarthe), qui réalise déjà 125 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous n’avons pas repris d’unité industrielle de Sanders (groupe Avril) qui garde une prestation de conditionnement. Pour Ovoteam, spécialisé dans les ovoproduits (quatre sites industriels en Mayenne, en Eure-et-Loir, dans le Morbihan et les Côtes-d'Armor), nous espérons obtenir l’accord de l’autorité de la concurrence d’ici la clôture de l’exercice fin février. Nous passerons alors de 20 % de parts de marché à 40 %.

Depuis son siège de Sablé-sur-Sarthe, LDC continue sa croissance — Photo : LDC

Combien LDC investit-il chaque année ?

Près de 235 millions d’euros. Tous nos sites bénéficient d’investissements récurrents. Quand nous avons repris Arrivé (Vendée) en 2009, nous avons investi massivement et cela a porté ses fruits. En 2014, nous avons repris Glon (cinq sites dans le Morbihan, les Côtes d'Armor et le Finistère). Depuis, nous avons investi 250 millions d’euros, nous avons amélioré la profitabilité du pôle Bretagne, pour parvenir à 5 % de résultat d’exploitation. Récemment, nous avons investi près de 150 millions d’euros sur les sites des Pays de la Loire. C’est fait, maintenant nous allons nous attaquer à la Normandie. SNV (pôle Normandie) a intégré récemment beaucoup d’entreprises. Notre pôle Sud-Est est aussi concerné par les prochaines vagues d’investissement. Nous n’avons pas prévu de réduire notre enveloppe d’investissement au cours des prochaines années.

"Nous investissons près de 235 millions d’euros par an"

Vous ambitionnez d’atteindre un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros en 2027, par quels leviers comptez-vous passer ?

En 20 ans, LDC est passé de 1 à 5 milliards d’euros, à un rythme de croissance de 8 % par an, également répartie entre croissance externe et croissance organique. En France, nous ne prévoyons pas de nouvelles acquisitions, compte tenu de nos parts de marché (concurrence). Ce sera surtout par croissance organique. La découpe se développe. Nous travaillons deux axes : le développement de produits élaborés et la souveraineté alimentaire, pour lutter contre les importations (qui représentent toujours 45 % du marché, NLDR). Pour l’international, nous visons une croissance organique et une croissance externe. Quant au pôle Traiteur, nous allons continuer la croissance organique avec la marque Marie. Il y a 45 % des segments du rayon traiteur en grande surface où nous ne sommes pas présents. Nous aimerions développer les salades composées 5e gamme (légumes cuits) et les pâtes fraîches.

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