Affaire familiale fondée en 1915, le Domaine Sol-Payré (8 salariés, CA 2022 : 1,2 M€) s’offre une nouvelle jeunesse en passant dans le giron du groupe MDV (28 salariés, CA 2022 : 5 M€). Le prestataire de services viticoles, situé lui aussi à Elne (Pyrénées-Orientales), investit quatre millions d’euros pour signer l’acquisition de ce site de 50 hectares plantés en bio, qui produit de 1 300 à 1 500 hl, soit près de 180 000 bouteilles vendues par an (AOP Côte du Roussillon, Côte du Roussillon Village, Aspres, et IGP Côtes Catalanes). "L’opportunité d’un rachat s’est présentée avec le départ en retraite des gérants. Il n’était pas prévu, mais il vient renforcer l’évolution de notre société en groupe capable de rayonner sur l’ensemble de la filière viticole, de la récolte au commerce en passant par la mise en bouteille", explique Didier Rodriguez, président du groupe MDV.
Une diversification vers l’accueil d’entreprises
Situé face au massif des Albères, le Domaine Sol-Payré dispose déjà d’une partie restauration (50 couverts) et d’une activité réceptive. Mais l’investissement porté par MDV va lui permettre de monter en gamme sur les deux volets. Le restaurant va bénéficier d’embauches et sera orienté vers la valorisation des produits locaux. Pour l’événementiel, MDV va lancer la construction d’un centre de réception, conçu principalement pour les séminaires d’entreprises, avec une salle de réunion de 40 places et l’infrastructure numérique dédiée. Le chantier s’étendra du début d’année à la mi-2024.
L’ambition du groupe catalan est de repositionner le Domaine Sol-Payré comme une destination œnotouristique bien plus affirmée qu’elle ne l’était jusqu’ici. Il s’agit aussi de trouver une diversification alors que l’un de ses métiers, le négoce, pâtit d’une conjoncture difficile. "Les ventes souffrent beaucoup en 2023, même à l’export. Le négoce est en recul chez toutes les entreprises de la filière. Le prix où nous achetons le vin en vrac ne couvre même pas les frais du récoltant. Sauf dans des domaines tels que celui-ci, où la moitié de la production est vendue en direct, à des caveaux ou sur des sites marchands, à des prix valorisés", analyse Didier Rodriguez.
Enrayer une crise majeure en gestation
Malgré ce recul d’activité sur le négoce, le groupe MDV maintient ses efforts pour développer des vins pour ses clients : 50 % du chiffre d’affaires de cette branche passe en effet par la vente de vins à façon. La société catalane vient ainsi de livrer, en quelques mois, des commandes en Suède, en Angleterre, aux États-Unis et en Chine. "La viticulture est à l’aube d’une crise historique, et elle doit donc se réinventer. Nous essayons par exemple de proposer des vins plus frais, moins chargés en alcool, de sorte à mieux coller aux dernières tendances du marché, et à plus attirer les jeunes", souligne le dirigeant.
Sur son métier historique de la mise en bouteille, le groupe MDV poursuit la modernisation de son site industriel, qui s’étend sur 4 000 m2 à Elne. Après avoir investi deux millions d’euros en 2022, il s’apprête à injecter 500 000 euros supplémentaires dans la mécanisation de ses lignes d’embouteillage. "Notre volonté et de gagner en productivité et surtout, d’être toujours plus performants dans la qualité des services proposés à nos clients", conclut Didier Rodriguez.
