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« J'ai transformé le bunker antiatomique de mon château en escape game »
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« J'ai transformé le bunker antiatomique de mon château en escape game »

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Le château Siran, domaine viticole situé dans le Médoc, à Labarde (Gironde), va ouvrir un jeu d'évasion grandeur nature dans son abri antiatomique. Edouard Miailhe, propriétaire du château, et Alban Bernardi, responsable de l'oenotourisme, détaillent leur stratégie pour développer les activités annexes à la production de vin.

En 1982, Alain Miailhe décide de faire construire un abri antiatomique sous le château Siran. 36 ans après, le bunker va abriter un « escape game » — Photo : Astrid Gouzik/JDE

Le château Siran (1,85 M€ de CA, 15 salariés), propriété de la famille Miailhe depuis plus de 150 ans, dissimule dans son sous-sol une pièce étonnante : un abri antiatomique. Peu commun pour un domaine viticole du Médoc ! Pour comprendre, il faut remonter au 28 mars 1979 lorsque se produit l'accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie (États-Unis). La proximité de la centrale de Blaye fait redouter à Alain Miailhe qu'il ne se produise un jour le même événement en Gironde. En 1982, il fait alors construire un abri antiatomique sous le château, une pièce d'environ 200 mètres carrés équipée d'une porte blindée pouvant résister aux radiations, pour mettre à l'abri sa famille en cas d'accident nucléaire. Depuis, ce sont 60 000 bouteilles d'exception qui sont finalement calfeutrées dans cet étonnant écrin.

Un scénario signé Evad Truck

Et 36 ans plus tard, le bunker du château s'apprête à trouver une nouvelle fonction. Pour donner un coup de fouet à son activité oenotouristique, Edouard Miailhe, fils de et actuel propriétaire, a décidé d'y ouvrir un « escape game », un jeu d'évasion grandeur nature. Pour les 400 ans du château, une conférence de presse réunit des journalistes du monde entier pour une dégustation exceptionnelle. Mais la bouteille unique au monde pour laquelle ils ont fait le déplacement reste introuvable. Les participants doivent résoudre une série d'énigmes pour la dénicher.

La société bordelaise Evad Truck a développé ce scénario. « Dans un premier temps, nous réserverons deux créneaux par semaine pour des groupes de 4 à 6 personnes », raconte Alban Bernardi, responsable oenotourisme pour le château Siran. « Evad Truck a dû prendre en compte plusieurs spécificités de la pièce. Il ne fallait pas dénaturer le lieu, nous voulions un minimum de décoration à installer. Ensuite, l'endroit est fragile, la température doit rester constante. La partie ne doit donc pas excéder 40 minutes et regrouper plus de 6 personnes sinon il fait vite trop chaud », détaille-t-il.

Faire face à la saisonnalité

Avec son « escape game », Siran espère surtout se différencier pour attirer une nouvelle cible. « Nous allons chercher une clientèle d'entreprises, cela nous permettrait de faire face à la saisonnalité de notre activité », justifie Edouard Miailhe. Siran étudie également la possibilité de proposer des courses d'orientation sur le domaine ainsi qu'une chasse au trésor. Autant d'activités prisées des entreprises pour leurs journées de "team building". Edouard Miailhe voudrait aussi développer la clientèle haut de gamme. « Notre objectif est d'ouvrir des chambres d'hôte d'ici un ou deux ans », explique-t-il. De quoi booster l'oenotourisme qui génère actuellement un chiffre d’affaires de 100 000 euros par an, soit environ 5 % de l'activité du château Siran. « Ce n'est pas grand chose par rapport à l'activité de production de vin, mais cela permet de développer notre image de marque. C'est la vitrine du château auprès du grand public et des professionnels ».

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