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Sénalia confronté à la forte baisse de la production céréalière française
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Sénalia confronté à la forte baisse de la production céréalière française

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Après une campagne 2015-2016 record sur les terminaux céréaliers rouennais, le groupe Sénalia s'attend à un plus bas historique sur la campagne en cours, avec un recul attendu de près de 66 %.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Avec plus de 8,3 millions de tonnes manutentionnées dont 5,21 millions de tonnes de céréales (blé et orge) chargées via ses silos portuaires de la Presqu’île Elie et de Grand-Couronne, le groupe Sénalia a réalisé une campagne 2015-2016 atteignant un nouveau sommet. De leur côté, les produits agro-industriels (cacao, sucre, bio-éthanol et trituration) ont maintenu leur niveau avec 39 % des volumes manutentionnés. Et « grâce à une activité soutenue, les résultats financiers de Sénalia pour cette campagne sont bons et la solidité du groupe se renforce » indique Gilles Kindelberger, son directeur général.

Un recul historique en vue

En revanche, la projection de l’opérateur rouennais pour la campagne 2016-2017 en cours de réalisation table sur le chargement de seulement 1,8 Mt de tonnes de grains, soit une baisse de 66 % sur sa devancière, et au plus bas niveau de l’histoire du groupe. En cause, la forte baisse de la récolte française 2016, pénalisée par des conditions climatiques exécrables. Avec à la clé des conséquences quantitatives mais aussi qualitatives préoccupantes.

Baisse des effectifs à la clé

Première conséquence de ce coup de frein, le démarrage de la campagne céréalière 2016-2017 s’est révélé calamiteux. Au point même d’entraîner vers son étiage le trafic annuel global du Grand Port Maritime de Rouen. Une situation qui dans les silos rouennais de Sénalia, s’est d’ores et déjà traduite par d’inévitables mesures d’adaptation à la baisse de l’activité des effectifs.

Déplacement vers l'Est du centre de gravité de la planète "blé"

Mais au-delà de la nature conjoncturelle de cet épisode aux conséquences locales très contrariantes, c’est toute la filière céréalière française qui s’interroge sur la nouvelle structuration du marché qui se met actuellement en place. Les quelques 350 participants à la traditionnelle assemblée générale de Sénalia, début janvier, ont pu entendre les meilleurs experts de ce sujet stratégique leur expliquer comment le centre de gravité de la planète blé se déplace inexorablement vers la zone Mer Noire. Avec des intervenants, tels la Russie, l’Ukraine, le Kazakhstan, et accessoirement la Roumanie et la Bulgarie. Autant de pays présentant une capacité à supporter des prix et qui mettent en place des politiques exportatrices très ambitieuses, notamment en matière de logistique terrestre et portuaire.

Une filiale à Casablanca au Maroc

« Et si la France jouait gagnant ? » s’interroge pourtant Gilles Kindelberger. Des projets susceptibles de se concrétiser dans les mois qui viennent devraient en effet permettre à Sénalia de valoriser ses savoir-faire avec les principaux clients du blé "rouennais". Notamment dans le domaine portuaire, avec une filiale Sénalia Maroc à Casablanca, et dans celui de la coopération agricole en Algérie avec l’organisme public Sosipo.

« Il ne faut pas renoncer mais se donner les moyens de produire davantage, de monter en qualité, d’innover, d’investir, de sécuriser et de prospecter les marchés », résume Thierry Dupont, le président de Sénalia. Le groupe poursuit ses investissements dans les outils et les hommes et veut continuer à donner envie d’acheter du blé français.

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