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Résurrection développe le filon des coproduits
Bordeaux # Agroalimentaire

Résurrection développe le filon des coproduits

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Résurrection, start-up bordelaise, transforme les résidus de brasserie et le marc de pomme en crackers certifiés AB, distribués dans plus de 300 points de vente. Deux levées de fonds vont développer sa R & D, la commercialisation et son industrialisation.

Fondé en janvier 2018 par Marie Kerouedan et Nathalie Golliet, Résurrection récupère les céréales maltées nécessaires à la fabrication de la bière ou le marc de pomme issu du cidre pour les transformer en crackers — Photo : ManonStarck

À peine sa première levée de fonds de 800 000 euros clôturée auprès des groupes bretilliens Le Duff et Triballat Noyal, Charente Périgord Expansion, ainsi que de la communauté de dirigeants et d’entrepreneurs “Le Club des Prophètes”, la start-up bordelaise Résurrection évoque un second tour de table plus conséquent.

L’histoire est belle et fleure bon l’économie circulaire. « Lors d’une semaine de stage dans une brasserie à Montreuil en région parisienne, j’ai découvert les drèches (résidus solides de céréales, NDLR). J’ai pris conscience qu’il y avait là un véritable gisement. Quand on brasse ça sent bon le caramel, les tartines grillées… Or, tout cet orge malté partait au compost ou aux cochons. À partir d’échantillons j’ai réalisé des biscuits apéro », se souvient Marie Kerouedan, cuisinière à ses heures, tendance végétarienne. Ses amis se régalent, le projet vient de naître.

Cette spécialiste en systèmes alimentaires durables se rapproche alors de Nathalie Golliet, consultante en communication culinaire. Les deux quadras y croient. Une année de développement plus tard, la marque Résurrection est créée au printemps 2017 et une campagne de crowdfunding est lancée pour collecter 19 000 euros. Marie Kerdouan s’installe à Bordeaux, l’entreprise Résurrection y est immatriculée en janvier 2018.

Montée en puissance

Pour produire ses crackers, l’entreprise se tourne vers la dernière fabrique artisanale de biscotte en France, la Chanteracoise, basée en Dordogne et y investit 70 000 euros pour disposer de sa propre ligne de production. Entre 500 kg et une tonne de biscuits en sortent chaque mois, pour être distribués dans plus de 300 points de vente. « Actuellement, nous ne fabriquons que quelques jours par mois, la montée en puissance est possible. Le passage d’un seuil de volume sur lequel nous travaillons nous permettra d’investir dans notre propre unité de production », annonce Marie Kerdouan.

Cette nouvelle étape est attendue fin 2021-début 2022 et sera accompagnée d’une seconde levée de fonds, dédiée à l’industrialisation. Le site recherché, « entre Dordogne et Gironde », le sera au plus près de Bordeaux. Quant à l’équilibre financier, il est attendu en 2022.

Nouvelles ressources

Pour l’heure, l’entreprise précise son rang de pionnière dans la valorisation des coproduits, drèches et marc de pomme, matières composant 30 % du produit final. « Longtemps, il a été question de sous-produits. Aujourd’hui, on parle de coproduits au sujet de cette matière qui a de la valeur lorsqu’on y ajoute de « beaux » ingrédients : graines de fenouil, de courges, piment d’Espelette, noix… Ces ressources existent, nous devons innover », lance la cofondatrice.

La palette de coproduits issus de brasseries bio néoaquitaines et de cidreries bretonnes sera bientôt enrichie d’une dizaine d’autres matières. Résurrection en garde jalousement le secret, tout en précisant que le sourcing s’effectuera en local, pour proposer des recettes 100 % made in Sud-Ouest. En revanche, les projets à l’export se précisent. L’entreprise qui a participé en février dernier au salon BioFach à Nuremberg, le rendez-vous international des produits biologiques, se prépare pour aborder les marchés allemands, belges et néerlandais dès 2021.

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