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Les défis du groupe Philibert pour repartir de l'avant
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Les défis du groupe Philibert pour repartir de l'avant

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Spécialiste du transport par autocar, le groupe rhodanien Philibert se remet d’une année 2020 délicate ayant entraîné la chute de ses activités tourisme. La société en profite pour verdir sa flotte de véhicules tout en capitalisant sur sa filiale de distribution de camions et bus.

Pour Marc Philibert, PDG du Groupe Philibert, la transition énergétique impliquant la transformation de sa flotte de véhicules est l'un des enjeux prioritaires du groupe pour les prochaines années — Photo : Groupe Philibert

Marc Philibert a une priorité pour 2021 : "revenir à une situation d’équilibre". Patron du groupe rhodanien Philibert (CA 2019 : 134 M€ ; 660 salariés ; 480 véhicules), spécialisé dans le transport de personnes par autocar, le dirigeant a vu l’activité voyage chuter de plus 85 % en 2020, en raison de la crise sanitaire. "Sur ce segment, nous avons dû stopper nos activités de tour-opérateur et fabricant de voyages dès le premier confinement. La reprise très timide en juillet et août n’a pas suffi à compenser la baisse globale", note le PDG, qui représente la troisième génération à la tête de l'entreprise familiale.

Même constat sur l’activité transport, qui concentre à la fois le transport occasionnel de personnes et les lignes régulières de bus, ainsi que les dessertes scolaires : l’activité a pâti des confinements successifs. "Sur les transports occasionnels, la baisse est de l’ordre de 90 %, seules les activités régulière et sous concession, qui forment deux tiers de nos revenus transport (46 millions d'euros en 2019, NDLR) se sont maintenues", précise-t-il.

Vigilant sur la concentration du secteur

Une chute de l’activité qui a obligé le groupe fondé en 1925, leader régional du transport par autocar, de procéder à un plan de départs volontaires pour son activité tourisme en 2020. "Il n’y a pas eu de licenciements secs mais 35 personnes ont quitté l’entreprise", fait savoir Marc Philibert, dont les revenus propres au tourisme forment 20 % du chiffre d'affaires du groupe.

Le dirigeant a bon espoir de percevoir une reprise de l’activité à l’été. "On va retrouver une certaine normalité mais ce qui m’interroge, notamment pour notre activité de tour-opérateur, c’est toutes les contraintes techniques autour. Qu’en sera-t-il de la restauration, de l’hôtellerie, des guides, des sites culturels ? Seront-ils prêts à accueillir nos voyageurs ?", interroge-t-il, sensible à l’interdépendance entre des secteurs-clés.

D'autant que la crise tend à renforcer un phénomène de concentration à l’œuvre dans le secteur. "La profession est fragilisée, les petits transporteurs indépendants qui opèrent davantage sur du transport occasionnel sont dans des situations très délicates", souligne-t-il. S’il refuse d’évoquer un quelconque projet d’acquisition en vue, Marc Philibert confirme être attentif aux évolutions du marché et partage son intention de "rester leader régional".

Solide activité de distributeur

Heureusement, le groupe peut malgré tout compter sur son activité de distributeur et de réparation de camions Scania. Sa filiale Trucks Services & Distribution (TSD), à Ambérieux d’Azergues (Rhône) a maintenu le cap l’an dernier malgré les difficultés d’approvisionnement du constructeur suédois. "Sur la filiale TSD, le portefeuille de commandes est satisfaisant et peut nous permettre de maintenir notre performance commerciale", explique le PDG. En 2019, 43 % du chiffre d'affaires du groupe a été réalisé sur ce segment. Le groupe Philibert est d’ailleurs le distributeur "quasi exclusif" de la marque Scania dans le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, la Loire, le nord du Rhône et l’Ain. En 2019, TSD a vendu 420 véhicules de la marque.

Rouler plus propre

Des transformations qui n’empêchent pas le patron du groupe de se projeter sur l’avenir et de répondre aux sollicitations des collectivités pour l’organisation des transports en commun. "Les autorités organisatrices de transport sont de plus en plus dans une logique de développement durable avec des impératifs concernant les énergies utilisées par les autocars", confirme le PDG. Philibert vient d’investir 500 000 euros dans l’achat de deux bus au gaz naturel. Ils seront exploités entre Saint-Galmier et Sury-le-Comtal (Loire).

Groupe Philibert vient d’investir 500 000 euros pour l’acquisition de deux bus au gaz naturel dans le cadre d’une concession avec une collectivité de la Loire — Photo : Groupe Philibert

La transition énergétique est un sujet majeur mais complexe à aborder selon le PDG. "Il y a une diversité d’énergies disponibles (gasoil, colza, électrique, gaz), mais la difficulté se situe dans les points d’avitaillement, qui ajoutent des contraintes d’ordre opérationnel", relève Marc Philibert.

Un enjeu économique aussi bien sur l’investissement dans les véhicules – un bus électrique coûte 2,5 fois le prix d’un bus thermique – que dans les infrastructures de recharge et de ravitaillement (entre 300 000 et 1 million d'euros d’investissement). "Parfois, certaines collectivités, comme c'est le cas à côté de Caluire-et-Cuire, se positionnent avec un projet de station d’avitaillement en gaz. C’est toujours bien quand on peut être aidé à ce niveau", estime Marc Philibert, qui fait de la transition énergétique et de la transformation de sa flotte l'enjeu prioritaire des prochaines années. Avec près de 500 cartes grises, la transition sera forcément longue.

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