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La saladerie lyonnaise Le Moulin se débat pour survivre sans aides d'urgence
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La saladerie lyonnaise Le Moulin se débat pour survivre sans aides d'urgence

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L’entreprise de restauration rapide lyonnaise Le Moulin, qui compte plus de 80 salariés, se dit asphyxiée par les charges. Tom Thiellet, cogérant et fondateur en 2006, dénonce l’absence de mesures dédiées aux structures de plus de 50 salariés.

— Photo : © Le Moulin

La saladerie Le Moulin se sent "asphyxiée". Spécialisée dans le "bien-manger", l'enseigne de restauration rapide lyonnaise est une "success story" comme Lyon en raffole. Entreprise solidaire d’utilité sociale, labellisée "Lyon Ville Équitable et Durable" présente à Valmy et Sans-Souci, la société a été créée en 2006 par Tom Thiellet. L’entrepreneur a géré le développement de son entreprise, passant d’un site à deux, de 9 salariés en 2014 à 80 aujourd’hui, pour un chiffre d’affaires qui a atteint 3,6 millions d'euros en juin 2020.

Depuis octobre pourtant, ce dirigeant de 36 ans, désormais associé à Mathilde Arrault et Damien Lohier, alerte ses banques, les collectivités et les organismes d’État sur la situation des entreprises de plus de 50 salariés, non concernées par les aides d’urgence. "J’ai fait le calcul, si nous avions été concernés, 80 000 euros auraient renfloué ma trésorerie, autant de moins à rembourser plus tard", plaide le cogérant du Moulin.

Un second PGE refusé

Tom Thiellet déplore la légèreté de certains interlocuteurs dans la gestion de ses problématiques. À commencer par sa banque qui, lors du premier confinement, lui aurait enjoint de présenter un prévisionnel plus dégradé pour obtenir un prêt garanti par l'Etat (PGE) plus important et se serait rétractée à la réception d’une nouvelle version du prévisionnel. "Une histoire presque burlesque", commente Tom Thiellet, qui s’indigne du manque de professionnalisme de l’organisme bancaire. "Nous avons demandé 350 000 euros en avril et obtenu 240 000 euros en juin. Le second PGE nous a été refusé en octobre, après deux mois d’attente".

Entre-temps, les gérants cherchent aides et appui auprès d’autres interlocuteurs, Métropole, Région, Ville, Rhône Développement Initiative, Ronalpia. "On sent une envie d’aider mais, pour disposer d’accompagnements qui nous impactent, il faudrait tordre des dispositifs. Or personne ne veut ouvrir une brèche et créer un précédent".

Un rendez-vous avec le tribunal de commerce de Lyon est organisé à l’automne, avant le deuxième confinement, "pour anticiper et comprendre ce que pouvaient nous apporter des démarches telles que le placement sous mandat ad hoc ou la procédure de sauvegarde. Mais pour bénéficier de conseils personnalisés, il faut d’abord ouvrir une procédure puis payer à un conciliateur ou un administrateur judiciaire environ 1 000 euros la journée", déplore le dirigeant.

Il y a trois jours, soulagement. Banque de Savoie, la seconde banque du Moulin, lui octroie un prêt de 240 000 euros qui permettra à la SARL de tenir jusqu’en mars. "Pour atteindre septembre sans trop de casse, nous avions besoin de 400 000 euros", confie Tom Thiellet.

40 % des salariés en poste

Avant la crise du Covid, la livraison de plateaux-repas aux pieds des bureaux représentait 60 % de son chiffre d’affaires, 25 % pour les repas servis sur place et 15 % pour les événements d’entreprises. Pour continuer à servir ses rares clients dans une zone de chalandise élargie, mais aussi pour préserver le moral de l’équipe et par "responsabilité sociétale", argue-t-il, Le Moulin maintient 40 % de ses effectifs au travail. Soit 50 000 euros de coûts salariaux assumés, auxquels s’ajoutent 45 000 euros de charges diverses chaque mois.

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