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Sofidel poursuit la décarbonation de l’usine de Frouard avec une deuxième chaudière biomasse
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Sofidel poursuit la décarbonation de l’usine de Frouard avec une deuxième chaudière biomasse

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Dix ans après avoir mis en service une première chaudière biomasse, le fabricant italien de papier d’hygiène Sofidel va investir 12 millions d’euros dans la construction d’une deuxième installation du même type pour alimenter en vapeur son usine de Frouard, en Meurthe-et-Moselle. Un site qui emploie aujourd’hui 500 salariés.

Le site Sofidel France de Frouard produit chaque année 120 000 tonnes de papier — Photo : Cyril Abad - Hans Lucas

En 2014, le seul objectif de la mise en service d’une première chaudière biomasse sur le site Sofidel de Frouard était de réduire l’empreinte environnementale de l’usine, rappelle Sylvain Bickel, le responsable opérationnel de Sofidel France : "Le seul but était de décarboner, parce que créer de la vapeur à partir de biomasse, ce n’était pas économique", insiste l’industriel. Début janvier, l’entité française du fabricant italien de papier d’hygiène a dévoilé un plan d’investissement de 12 millions d’euros, visant à mettre en service une deuxième chaudière fonctionnant à la biomasse, d’une puissance de 8 MW, afin de poursuivre la décarbonation de l’usine de Frouard, en Meurthe-et-Moselle.

Un chantier local qui s’inscrit dans la stratégie globale du groupe : début 2024, Sofidel (7 000 salariés, 2,8 Md€ de CA a annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Avec un objectif intermédiaire en 2030, de réduction de 40 % des émissions directes ainsi que des émissions indirectes liées à l’énergie (scope 1 et 2 du bilan carbone) par rapport à l’année 2018. À Frouard, l’usine de Sofidel emploie 500 personnes pour produire 120 000 tonnes de papiers par an sur deux machines et huit lignes de transformation, pour un chiffre d’affaires en 2022 de 350 millions d’euros. "À l’échelle du groupe, nous produisons un total de 1,44 million de tonnes de papier", rappelle Sylvain Bickel.

21 000 tonnes de CO2 d’origine fossile en moins

La mise en service de la première chaudière biomasse, qui injecte 10 tonnes de vapeur par heure pour sécher le papier produit, a déjà permis de réduire les émissions du site de 12 000 tonnes de CO2 par an. "À terme, lorsque les deux chaudières seront opérationnelles, la production de vapeur permettra de couvrir 95 % de l’énergie nécessaire à la chauffe des cylindres sécheurs des deux machines à papier, ce qui équivaut à une réduction de plus de 21 000 tonnes de CO2 d’origine fossile par an", précise le responsable opérationnel de Sofidel France.

36 000 tonnes de bois pour alimenter les chaudières

Une fois en service, les deux chaudières vont consommer un total de 36 000 tonnes de bois, soit 22 000 tonnes pour la première et 14 000 pour la deuxième. "95 % de cette masse est formée de plaquettes forestières, les 5 % restant étant des broyats de palettes", précise Sylvain Bickel. Le plan d’approvisionnement, validé par l’Ademe, prévoit d’aller chercher 80 % du bois dans le Grand Est, 15 % en Bourgogne-Franche-Comté et le reste en Allemagne ou en Belgique.

Sylvain Bickel est le responsable opérationnel de Sofidel France — Photo : Jean-François Michel

Réduire sa dépendance en gaz naturel

La nouvelle chaudière de Sofidel permettra à l’entreprise de réduire sa dépendance en gaz naturel de 47 800 MW par an. Pour autant, 5 % de l’énergie liée au séchage du papier dans le cylindre sécheur seront toujours fournis par le gaz naturel : "Quand on chauffe avec du bois, il y a de l’inertie, rappelle Sylvain Bickel. Le gaz nous permet d’avoir la flexibilité pour garantir la température dont nous avons besoin au niveau du cylindre sécheur". Le gaz naturel restera aussi indispensable pour produire l’énergie nécessaire à une autre partie du process, consistant à souffler de l’air chaud sur le papier pour achever le séchage. "À terme, ce sera remplacé par d’autres solutions, comme par exemple l’hydrogène, qui est amené à se développer dans le futur. L’objectif, c’est la neutralité, donc nous ne pouvons pas négliger la moindre option", décrit Sylvain Bickel, en évoquant l’engagement du PDG de Sofidel, Luigi Lazzareschi, pour la décarbonation de son groupe.

Réflexion autour de l’hydrogène vert et du stockage de carbone

L’acte fondateur de cet engagement pour la préservation du climat date de 2008, lorsque Sofidel a rejoint le programme "Climate Savers" du WWF, le World Wildlife Fund, pour réduire de 23 % ses émissions directes de CO2 dans l’atmosphère. Aujourd’hui engagé pour atteindre le "Net Zero" en 2050, l’industriel italien s’appuie sur l’expertise du SBTi, pour Science-based Target Initiative. Initié en 2015, ce projet est né de la collaboration entre le Carbon Disclosure Project, le World Ressource Institute et le Global Compact des Nations Unies (UNGC), qui propose aux entreprises un cadre d’engagement articulé autour de dix principes fondamentaux de développement durable. "Net Zero est un engagement envers notre planète, un objectif fondamental pour une entreprise comme la nôtre, engagée dans une industrie très énergivore. Ce n’est pas un défi facile, mais nécessaire, dans la continuité de l’énorme travail que nous avons déjà accompli", a déclaré Riccardo Balducci, le directeur du développement durable du groupe Sofidel. Parmi les pistes de travail pour atteindre l’objectif, Sofidel a notamment retenu l’électrification de ses process, l’utilisation d’hydrogène vert ou encore l’utilisation de technologies de captage ou de stockage de carbone.

Meurthe-et-Moselle # Production et distribution d'énergie # Industrie manufacturière # Investissement industriel # Transition écologique # Transition énergétique