L’UPE06 vient de lancer le fonds Boost Côte d’Azur, qui sera opérationnel le 15 mai prochain. En quoi consiste-t-il ?
Il existe énormément d'outils pour les start-up et les entreprises bien implantées, mais rien pour les TPE ou les petites PME si ce n'est le crédit classique qui n'est parfois pas suffisant. Nous avons donc décidé d'accompagner la croissance de nos TPE et PME qui constituent l'immense majorité de notre économie azuréenne.
Avec la société de gestion Connect Pro (groupe Turenne, NDLR), nous allons financer la croissance externe de celles qui ont un chiffre d'affaires entre 1 et 6 millions d'euros et qui veulent le tripler à cinq ans, via des tickets allant de 300 000 à 1 million d’euros. Nous allons aussi proposer, en parallèle, un programme d’accompagnement construit avec l’IRCE, de 56 heures sur 6 mois.
"La croissance externe n'est pas que pour les grands groupes."
Il y aura 10 personnes par promotion et deux promotions par an, qui suivront des ateliers individuels et collectifs pour réussir leur croissance externe : apprendre comment cibler et valoriser une entreprise, comment entrer en contact avec le dirigeant, comment préparer le dossier pour les financiers... Des banquiers participeront, de même que des experts de la CCI Nice Côte d’Azur, des comptables, des avocats… C'est un projet ambitieux, un outil collectif pour le territoire que tout l'écosystème doit s'accaparer. Une telle initiative territoriale est une première nationale.
Pourquoi parlez-vous de manque d'"acculturation" à la croissance externe ?
Nous avons des TPE qui sont rentables, qui pourraient générer plus de chiffre d’affaires, mais dont le dirigeant a trouvé sa zone de confort. La prise de risque de croissance lui est secondaire. Des entrepreneurs qui deviennent chefs d’entreprise et moins entrepreneurs.
Il y a aussi le manque de formation financière. Souvent les entrepreneurs ne sont pas à l’aise avec les chiffres et ne discutent pas de ces sujets-là avec leur banque. Ils se mettent des blocages psychologiques.
Au sein de leur promotion, ils pourront échanger entre pairs, c’est très important. Nous voulons créer une sorte d’effet de groupe pour qu’ils puissent être plus à l’aise. Nous allons faire tomber ces peurs et ces a priori : la croissance externe n’est pas que pour les grands groupes.
Il faut donc dédramatiser la croissance externe…
Oui. On a le droit de grossir, ce n’est pas un tabou. Il n’y a pas que des contraintes. Et quand on accepte la croissance externe, on s’ouvre sur de nouveaux horizons, sur de nouvelles opportunités, alors que la croissance organique peut être parfois très longue et n’est pas forcément la seule solution.
94 % des 66 000 entreprises azuréennes comptent moins de 20 salariés. Votre objectif est-il de réduire ce chiffre ?
Les Alpes-Maritimes sont dans le trio des départements français qui comptent le moins d’ETI. Nous avons toutefois un panel de PME mais ce que j’aimerais, c’est que nous n’en ayons pas 500 mais 1 000. Car si nous doublons le nombre de belles PME sur notre territoire, de celles qui font plus de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, celles-ci seront potentiellement plus nombreuses à pouvoir devenir, à terme, des ETI.
Quant aux TPE, il y en a largement assez qui pourraient se concentrer en PME. Plutôt que d’avoir un agrégat de TPE cantonnées à un secteur géographique, soyons dans une logique départementale. Au lieu d’avoir 4 TPE qui font 1 million d’euros de chiffre d'affaires, on a une PME qui en fait 12. C’est un peu cela le but de ce programme : acculturer et pousser nos TPE à fusionner plutôt que de rester ad vitam aeternam des TPE ou de se faire racheter par un groupe en dehors des Alpes-Maritimes.
