En rachetant il y a 4 ans la société Hydréo, le lorrain HPP (12 M€ de CA, 40 salariés), concepteur, fabricant, et installateur de turbines hydroélectriques, constituait un ensemble en passe de devenir le leader français sur le marché de la petite hydroélectricité, c’est-à-dire les installations de moins de 10 mégawattheures. "C’est aujourd’hui le cas", assure Pierre Pisterman, dirigeant et actionnaire majoritaire de l’entreprise. "Notre concurrent principal, General Electric, n’est plus vraiment présent sur les petites installations, le reste de la concurrence est en Europe de l’Est"
Des marchés exports et domestiques très différents
Le lorrain a donc réussi son pari. Et plusieurs facteurs s’alignent pour accélérer encore le développement de l’entreprise. D’une part, le parc vieillissant des centrales hydroélectriques en Europe : "Sur les 2 700 centrales en France en petite hydroélectricité, par exemple, la moyenne d’âge est autour de 45 ans". Sur le marché domestique, HPP se positionne en acteur de la rénovation des centrales existantes, permettant "un gain de 20 % de rendement grâce à de meilleures technologies".
Face à l’ambition du gouvernement actuel de passer de 20 à 40 % d’énergie renouvelable en France d’ici 2030, le dirigeant d’HPP voit "un vivier de puissance non exploitée". Il déplore toutefois un temps d’instruction des projets hydroélectriques, qu’il juge beaucoup trop important. Représentant la Meurthe-et-Moselle à la Grande Exposition du Fabriqué en France à l’Élysée, Pierre Pisteman en a profité pour faire passer le message à Emmanuel Macron : "C’est un vrai manque de la loi d’accélération des énergies renouvelables, qui met le focus sur le solaire et l’éolien alors que l’hydroélectricité est le n°1 des énergies renouvelables. C’est une énergie présente de longue date mais qui est moins priorisée dans le développement de nouvelles installations, alors qu’il y a aussi des investissements à réaliser", a plaidé le dirigeant auprès du président de la République. L’activité de rénovation d’HPP a toutefois quadruplé sur les quatre dernières années en part relative du chiffre d’affaires en France, passant de 10 à 40 %.
Contrairement au marché français, HPP réalise à l’international presque exclusivement des installations neuves. La PME réalise une très grande partie de ses ventes à l’international sur le continent africain. Elle boucle par exemple l’installation d’une centrale dans le parc des Virunga au Congo, où le fabricant a livré 300 tonnes de matériel "made in Lorraine" pour produire de l’hydroélectricité localement.
L’ouverture d’une antenne à Rodez
En septembre 2023, HPP inaugure également une nouvelle antenne en France, à Rodez. L’objectif ici est de mieux adresser le marché des Pyrénées, un des trois massifs les plus intéressants en France en termes d’exploitation hydroélectrique, avec les Alpes et les Vosges. Dans ce dernier territoire, une autre demande émerge : l’installation de turbines hydroélectriques pour les industriels. "L’industrie textile vosgienne utilisait la force hydraulique à l’origine. On l’avait un peu oublié, mais avec la crise énergétique nous avons de plus en plus de demandes d’industriels pour remettre en marche cette énergie", souligne Pierre Pisterman qui indique être passé de 0 projet dans le domaine à 2 à 3 projets par an depuis.
Export vers des pays encore peu producteurs d’énergie, ambition européenne de rénovation, demande des industriels, avec cet alignement des planètes, 2023 sera une bonne année, de l’aveu du dirigeant. Avec un outil industriel performant grâce un investissement d’un million d’euros soutenu par le Plan de Relance, la société HPP est armée pour performer sur ces marchés.
