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Frédéric Storck : « La Compagnie nationale du Rhône va investir dans une usine de production d'hydrogène »
Interview Lyon # Production et distribution d'énergie # Investissement

Frédéric Storck directeur Transition énergétique et Innovation de la Compagnie nationale du Rhône Frédéric Storck : « La Compagnie nationale du Rhône va investir dans une usine de production d'hydrogène »

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Quelques mois après avoir dévoilé son projet d’Hôtel de logistique urbaine sur le port Édouard Herriot à Lyon, la Compagnie nationale du Rhône ouvre une recharge à hydrogène sur le Quai des Énergies, à Gerland. Frédéric Storck, directeur Transition énergétique et Innovation de la compagnie, envisage aussi la construction d'une usine de production d’hydrogène à Lyon ou Pierre-Bénite.

"La future usine de production d'hydrogène de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) devrait avoir une capacité de production de deux tonnes d’énergie par jour et alimentera les stations du programme Zéro Emission Valley", détaille Frédéric Storck, directeur Transition Energétique et Innovation chez CNR — Photo : Tekoaphotos

La Compagnie Nationale du Rhône* (1,3 milliard d'euros de CA en 2018, 1 300 collaborateurs) va mettre en service en juin les deux stations de recharge hydrogène du Quai des Énergies, une station multi-énergies vertes, sur le port Édouard Herriot, à Lyon. Quelles sont vos ambitions ?

Frédéric Storck : Le Quai des Énergies est la suite de l’expérimentation HiWay, un projet porté à Grenoble et Lyon qui visait à déployer quarante véhicules hydrogène. Dans le cahier des charges, nous devions sécuriser cette production sur le site du port Édouard Herriot. Dans notre vision d’aménageur du territoire, nous nous sommes attelés à doubler cette capacité de production en la portant de 40 kg à 80 kg d’hydrogène par jour. Nous sommes proactifs sur ce dossier et espérons donner à d’autres l’envie de venir développer la flotte de véhicules compatibles sur le territoire.

« Alors qu’il était un peu surdimensionné au départ, le Quai des Énergies est désormais trop petit. »

La demande d’hydrogène est-elle déjà au rendez-vous ?

Frédéric Storck : Nous sommes dans l’anticipation en mettant à disposition une capacité de recharge sur ce vecteur énergétique. C’est la meilleure façon d’embarquer des acteurs privés. L’infrastructure existe, il n’y a plus qu’à s’y rattacher. Par exemple, dès que nous avons annoncé le projet du Quai des Énergies, le Sytral (syndicat mixte des transports dans le Rhône et l’agglomération lyonnaise, NDLR) nous a fait savoir qu’il souhaitait tester des bus à hydrogène pour desservir la Vallée de la Chimie.

En parallèle, nous accompagnons la mise en place de la déchetterie fluviale. La compagnie fluviale de transport, partie prenante du projet, est en train de développer un pousseur hydrogène qui sera alimenté par le Quai des Énergies. Les 80 kg par jour de production ne suffisent déjà plus. Alors qu’il était un peu surdimensionné au départ, le Quai des Énergies est désormais trop petit.

Le Quai des Energies mis en place par la Compagnie nationale du Rhône sur le port Edouard herriot proposera une stations multi-énergies vertes alliant électricité, bioGNV et hydrogène — Photo : LFA

Avant même sa mise en service, la station est saturée. Que comptez-vous faire ?

Frédéric Storck : Nous travaillons actuellement sur un projet d’usine de production d’hydrogène renouvelable qui pourrait être installée sur le port de Lyon ou sur le site de l’usine hydroélectrique de Pierre-Bénite, dont la CNR a la concession. Le but est de fournir de l’hydrogène renouvelable en bouteille et produit sur place à partir d’électricité provenant de la centrale hydroélectrique.

« Nous sommes sur une enveloppe de 20 à 30 millions d’euros pour cette usine »

Quels sont les usages qui pourront y être rattachés ?

Frédéric Storck : Cette production doit servir à compléter l’alimentation du Quai des Énergies dans l’optique aussi de la mise en service de l’Hôtel de logistique urbaine qui prendra pied à côté d’ici 2022, mais également la déchetterie fluviale. Cette usine devrait avoir une capacité de production de deux tonnes d'hydrogène par jour. Elle permettra d’alimenter les stations du programme Zéro Emission Valley, qui seront déployées dans la Métropole de Lyon mais qui ne disposeront pas d’électrolyseurs pour produire sur place. Enfin, d’autres projets de mobilité ou industriels pourront se greffer.

Quand ce projet est-il prévu ?

Frédéric Storck : L’usine pourrait voir le jour en 2024 et prendre le relais du Quai des Énergies en termes de capacité de production. On garderait vraisemblablement l’emplacement actuel de la station mais on ne serait plus limité en termes de capacité de production d’hydrogène.

C’est un investissement conséquent pour la CNR ?

Frédéric Storck : C’est encore un peu tôt pour être définitif parce que nous avons seulement réalisé une étude d’opportunité et nous menons aujourd’hui une étude de préfaisabilité. Sur un objet de cette taille-là, nous sommes sur une enveloppe de l’ordre de 20 à 30 millions d’euros. Ce sont des montants significatifs.

La région dispose d’un terreau important d’acteurs dans l’hydrogène. Avec qui travaillez-vous sur ces dossiers ?

Frédéric Storck : Le Quai des Énergies a été conçu et développé avec McPhy, qui est un partenaire historique. Cette société fournit l’ensemble du matériel embarqué pour la production d’hydrogène. Sur les projets plus importants comme celui de l’usine de production d’hydrogène, McPhy sera consulté comme d’autres. Les montants d’investissement sont tels que nous serons soumis à une publicité européenne. On ne préjuge pas de quels acteurs seront présents à ce moment-là. Il y a des technologies différentes avec des performances et des usages qui diffèrent. L’étude de préfaisabilité que l’on mène permettra aussi de choisir la bonne technologie.

* Société anonyme d’intérêt général

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