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Le repli de l’automobile freine les robots de Sepro
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Le repli de l’automobile freine les robots de Sepro

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Alors que le fabricant de robots vendéen Sepro avait fait passer son chiffre d’affaires de 25 à 133 millions d’euros en neuf ans, il vient de connaître un fort ralentissement, avec une chute de 15 % de son activité en 2019. En cause : les turbulences traversées par le marché de l’automobile, principal débouché du groupe vendéen.

Nicolas Préfol, directeur administratif et financier, pilote le pôle gestion au sein de la nouvelle gouvernance du groupe Sepro. — Photo : Jéromine Doux - Le Journal des Entreprises

Mai 2019. Le groupe vendéen Sepro défraie la chronique. Il se sépare de son directeur général Jean-Michel Renaudeau, pourtant artisan de l’impressionnante croissance du fabricant de robots de La Roche-sur-Yon (Vendée). Entre 2009 et 2018, la société de 650 salariés a en effet fait passer son chiffre d’affaires de 25 à 133 millions d’euros. +400 % en seulement neuf ans.

Mais voilà, la conjoncture du marché automobile a récemment obligé l’industriel à se réorganiser. Ce secteur, qui représente 60 à 70 % de l’activité de Sepro, connaît de fortes turbulences, notamment en Allemagne, premier marché de l’entreprise. « Aux États-Unis comme en Europe, le ralentissement de la croissance a des effets immédiats sur le marché de l’automobile, éclaire Flavien Neuvy, président de l’observatoire Cetelem de l’automobile. Et les nombreux changements de réglementation n’aident pas le secteur. En 2019, les ventes automobiles se sont plutôt bien tenues au niveau mondial mais le marché des particuliers a reculé de 8 %. En 2020, on prévoit une baisse d’environ 3 % à l’échelle internationale. Avec le coronavirus, ce recul pourrait être encore plus important. »

Une baisse de 15 % du chiffre d’affaires

Un ralentissement qui a forcément des répercussions sur les résultats du spécialiste des robots pour presses à injection plastique. Pour 2019, le chiffre d’affaires de Sepro s’établit entre 105 et 110 millions d’euros, soit une baisse d'environ 15 % par rapport à 2018. « Alors que nous travaillions majoritairement avec l’Allemagne, qui connaît également une stagnation globale de son économie, notre premier marché est désormais les États-Unis », précise Nicolas Préfol, directeur administratif et financier.

« Un exécutif à trois visages »

Pour faire face à cette crise, Sepro a donc modifié sa gouvernance. « Notre actionnaire (la famille Radat, NDLR) a choisi de mettre un exécutif à trois visages, responsables de trois pôles distincts », précise le directeur administratif et financier qui pilote le pôle gestion. À ses côtés, Xavier Lucas, directeur commercial monde, est en charge de la branche commerciale. La nouvelle direction générale, toujours en cours de recrutement, sera quant à elle responsable du pôle industriel et innovation. Pour le moment, Philippe Lang, du cabinet Dirigeants & Investisseurs, assure le management de transition.

« L’idée aujourd’hui est d’augmenter nos marges »

L’objectif de cette réorganisation : « avoir une approche plus collaborative » pour faire face au ralentissement du secteur automobile. « Nous sommes à la fin d’un cycle de croissance très forte. Nous entrons désormais dans une nouvelle phase », estime Nicolas Préfol. Une période qui se veut davantage axée sur la rentabilité. « Nous avons ajouté une dominante gestion à la gouvernance afin d’avoir une croissance rentable. Le chiffre d’affaires a augmenté très rapidement. L’idée, aujourd’hui, est d’augmenter nos marges. »

650 salariés travaillent pour le groupe Sepro, basé à La Roche-sur-Yon. — Photo : Sepro group

Pour cela, la nouvelle direction se concentre sur trois axes de développement. L’automation d’abord, qui permet de faire des robots davantage personnalisés et d’augmenter la valeur ajoutée des produits. Des offres de service ensuite, avec la mise en place de contrats de maintenance et une application permettant de gérer les robots à distance. Sans oublier l’export, qui représente 85 % du chiffre d’affaires de Sepro. « Nos marchés historiques sont plutôt en Europe occidentale et aux États-Unis. Désormais nous ciblons l’Asie. Nous avons déjà une filiale en Chine qui permet d’accompagner nos clients européens mais l’idée est de créer un réseau de distribution. » Car l’Asie est un très gros marché en termes de robotique. « Il y a énormément de produits bas de gamme. Nous sommes sur un positionnement plutôt haut de gamme, donc il y a une place à prendre », assure Nicolas Préfol.

9 millions d’euros d’investissement en 2020

Mais pour pouvoir être compétitif et crédible sur ces trois piliers de développement, Sepro doit être à la pointe de la technologie. « Nous sommes sur des marchés qui nécessitent des investissements fréquents en R & D, notamment sur la partie électronique. Sepro est très connu pour la tablette, qui est le cerveau du robot. De vrais investissements sont donc envisagés à ce niveau-là. » Au total, le groupe va investir 7 millions d’euros dans l’électronique en 2020.

Dans sa quête de rentabilité, le groupe cherche également à produire au meilleur coût. 2 millions d’euros supplémentaires vont être investis pour standardiser toute une partie de la production des robots. L’objectif : gagner en rentabilité mais aussi en volume. « En Asie, certains marchés ne nous sont pas ouverts car nous ne sommes pas compétitifs en termes de prix. Grâce à cela, nous aurons une stratégie de prix différenciée, selon les marchés », précise Nicolas Préfol.

Le secteur médical et la cosmétique en ligne de mire

Et en attendant que l’automobile retrouve des couleurs, l’ETI vendéenne cible d’autres secteurs comme le médical, la cosmétique ou le packaging. « Au Brésil, l’automobile ne représente que 25 % de notre activité. Nous travaillons déjà dans d’autres domaines comme le petit équipement ou la pharmacie », poursuit Nicolas Préfol.

« 2020 ne sera pas une année de croissance »

Via ces différents axes stratégiques, Sepro ne perd pas du vu son principal objectif : devenir numéro 1 sur le marché de la robotique. Aujourd’hui, le groupe vendéen est le deuxième acteur mondial, derrière le japonais Yushin, davantage spécialisé dans l’électronique et sur le marché asiatique. « Nos concurrents sont majoritairement européens, surtout autrichiens, précise le directeur administratif et financier. Mais nous voyons de plus en plus de concurrents chinois apparaître. Ils ont commencé dans le bas de gamme et montent petit à petit. »

Une concurrence qui, pour l’instant, n’effraye pas l’ETI vendéenne. Pour autant, Sepro n’envisage pas le retour de la croissance pour l’année 2020. « Nous espérons stabiliser le chiffre d’affaires, confie le directeur administratif et financier. Nous sommes dans une phase d’investissement qui commencera à porter ses fruits en fin d’année voire en début d’année prochaine. Notre objectif est aujourd’hui de renforcer notre positionnement. Et notre compétitivité. »

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