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Le site ZF de Bouzonville optimise sa compétitivité grâce à des ombrières photovoltaïques
Moselle # Production et distribution d'énergie # Investissement industriel

Le site ZF de Bouzonville optimise sa compétitivité grâce à des ombrières photovoltaïques

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À Bouzonville (Moselle), le parking de l’usine de l’équipementier allemand ZF va être recouvert d’ombrières photovoltaïques sur 3 000 m², qui devront assurer la production de 572 MWh d’énergie électrique par an. En plus de réduire l’empreinte environnementale de l’usine, le directeur du site, Lionel Champlon, veut soigner sa compétitivité.

Sous l’œil de Lionel Champlon, le directeur du site, les robots de Sherpa Mobile Robotics assistent les salariés du site ZF de Bouzonville lorsqu’ils prélèvent des pièces dans les stocks — Photo : Jean-François Michel

Pour l’équipementier automobile allemand ZF (CA : 43 Md€ ; 165 000 salariés), son usine de Bouzonville, en Moselle, est un modèle à suivre. "En 2023, j’ai reçu 20 délégations du groupe venues comprendre comment nous travaillons ici", se félicite Lionel Champlon, le directeur de ZF Active Safety France.

Fabricant de système de freinage, au sein d’une usine de 30 000 m² employant un total de 270 personnes pour un chiffre d’affaires de 202 millions d’euros en 2022, le site ZF de Bouzonville vient d’investir 750 000 €, dont 100 000 € apportés par la collectivité locale, la CCB3F, pour s’équiper d’ombrières photovoltaïques.

572 MWh directement consommés par l’usine

Installés sur 3 000 m², au-dessus du parking de l’usine, ces panneaux affichent une puissance installée de 592 kWc, pour une production annuelle qui doit atteindre 572 MWh d’énergie électrique, entièrement injectée dans les process de l’usine. "Un groupe comme ZF, qui vise la neutralité carbone dans la décennie qui va s’écouler, est friand de ce genre de projet, puisque chaque site compte dans le total des émissions", détaille Lionel Champlon.

Une fois en production, soit à l’été 2024 si le chantier se déroule comme prévu, les ombrières de ZF à Bouzonville pourront couvrir environ 5 % de la consommation en électricité du site, et ainsi éviter l’émission de 11 tonnes de CO2 par an. "Nos clients, les constructeurs, sont aussi très intéressés. Chaque tonne de CO2 gagnée permet à toute la supply chain de réduire son empreinte carbone et permet aussi à l’usine de se repositionner au centre du jeu", se félicite le directeur de ZF Active Safety France.

Un site plus compétitif que les pays low cost

Travaillant à hauteur de 40 % pour le constructeur Stellantis et à 30 % pour le groupe Volkswagen, le site ZF de Bouzonville fait désormais figure de référence en termes d’usinage au sein des 168 sites de production de l’équipementier allemand. "Nous sommes un peu plus forts que tous les autres", se félicite Lionel Champlon.

Concrètement, en 2023, le site de Bouzonville a pu bénéficier de plus de 5 millions d’euros d’investissement en récupérant des installations initialement programmées dans d’autres sites du groupe. Destiné à la Tchéquie, un centre d’usinage neuf, représentant près de 4,5 millions d’euros, opère désormais à Bouzonville. Plus loin dans l’usine, c’est une machine à plus d’un million d’euros qui a été rapatriée depuis le Pays de Galles.

En optimisant le positionnement de ses installations et en robotisant, ZF Active Safety France parvient à être plus compétitif que des pays low cost — Photo : Jean-François Michel

Des robots dans l’usine

En plus d’être bien situé sur les corridors logistiques européens, le site de Bouzonville a "la chance" de livrer "un panel de clients assez homogène" avec "un bon équilibre entre les activités, l’usinage, le traitement de surface et l’assemblage", précise Lionel Champlon. "Et avec ce que nous avons réussi à développer en termes de technologie interne et d’automatisation, nous avons su montrer une productivité supérieure à des pays dits low cost".

Dans les 30 000 m² de l’usine, presque plus aucun chariot élévateur ne circule pour alimenter les machines ou évacuer les pièces produites : à la place, des robots portant des caisses circulent de manière autonome ou assistent les salariés lorsqu’ils font du picking dans les racks logistiques. "Nous allons robotiser au maximum", assure le directeur de ZF Active Safety France, qui travaille notamment avec le constructeur bas-rhinois de robots mobiles et collaboratifs, Sherpa Mobile Robotics (CA 2022 : 3 M€ ; 40 salariés) sur la problématique du transfert de pièces, de l’aide à la manutention, ou encore de l’alimentation des bords de ligne.

Injecter de l’argent ailleurs que dans l’énergie

"Nous avons aussi entamé des discussions avec des start-up françaises pour nous équiper d’éoliennes de toit", dévoile Lionel Champlon. L’année dernière, le directeur de ZF Active Safety France a investi 250 000 € pour "récupérer l’énergie fatale des machines stockées sous les plafonds, afin de la faire redescendre pour en faire profiter les salariés". La consommation de gaz du site, utilisée uniquement pour le chauffage des bâtiments, a ainsi diminué de 30 %.

"Mon prochain projet, c’est de sortir complètement du gaz et le remplacer par des pompes à chaleur électriques", anticipe Lionel Champlon, qui envisage aussi d’investir pour étendre sa première centrale photovoltaïque vers des terrains inoccupés de la parcelle de ZF à Bouzonville. "Chacun de ces projets fait partie d’une stratégie plus large, dans laquelle l’énergie est un enjeu important pour le site", précise le directeur de ZF Active Safety France.

Touché par une facture électrique qui a été multipliée par quatre, Lionel Champlon n’a eu besoin que de faire passer des hausses "à la marge", les volumes de l’exercice 2023 ayant été supérieurs aux anticipations. "Chaque euro qu’on ne dépense pas dans l’énergie nous permet d’investir d’autres moyens, pour projeter l’activité encore un petit peu plus loin, nous permettant ainsi de nous positionner sur des créneaux technologiques que d’autres sites, ou d’autres concurrents n’exploitent pas encore".

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