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Malgré les crises, la Cooperl a préservé ses capacités d’investissement en 2022
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Malgré les crises, la Cooperl a préservé ses capacités d’investissement en 2022

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Comme tous les acteurs des filières agricoles et agroalimentaires, la Cooperl, qui regroupe les deux versants, a subi des crises multiples en 2022, touchant ses éleveurs puis ses unités de transformation. Malgré un résultat en forte baisse, la coopérative a conservé sa capacité à investir pour continuer à moderniser son outil industriel et préserver son modèle.

Dernière AG, le 23 juin, en tant que président pour Patrice Drillet (au centre), qui va quitter la présidence de la Cooperl, ici entouré de Bernard Roussel (à gauche), vice-président, et Emmanuel Commault, DG — Photo : Matthieu Leman

Les deux dirigeants de la coopérative agricole et agroalimentaire Cooperl, Patrice Drillet, président, et Emmanuel Commault, directeur général, ont affirmé leur satisfaction concernant les actions qu’ils ont menées pour contrer les crises qui ont secoué la coopérative en 2022 : prix bas du porc au premier semestre, explosion des prix des aliments et de l’énergie, hausse des taux d’intérêt…

Des actions symbolisées par "une agressivité forte sur le prix de l’aliment. Nous avons sacrifié une partie de nos marges", commente le directeur général. Un prix qui, pour les adhérents, a été en moyenne de 11,6 euros par tonne, un prix inférieur à la moyenne du prix du marché. Les éleveurs ont également bénéficié d’aides et de prêts de trésorerie importants lors du dernier trimestre de 2021 et du premier trimestre de 2022, au moment où le prix du porc se trouvait entre 1,20 et 1,40, alors que le taux de rentabilité ressort à 1,70, et que le prix des céréales était élevé entraîné par la reprise post-Covid. La coopérative ajoute que le plan d’aides de l’État "a également permis aux éleveurs de sortir de cette crise violente".

Principe de solidarité

Si la solidarité au sein de la Cooperl, qui est à la fois groupement d’éleveurs, abatteurs et transformateurs, a joué en faveur de l’amont de son activité, l’aval a également dû lutter contre les envolées des prix… en répercutant lui-même les hausses sur le prix de ses produits transformés (vendus notamment sous les marques Madrange, Paul Prédault, Jean Caby…). "Le système Cooperl a réussi à répercuter l’essentiel de nos coûts, grâce à ses équipes et à ses clients", s’est félicité Emmanuel Commault.

Le "résultat est positif", savoure le dirigeant. "Nous avons réussi à maintenir un niveau d’investissement récurrent, qui nous permet de développer l’outil industriel et la compétitivité de nos éleveurs." Côté chiffres, le bilan 2022 donne un chiffre d’affaires en hausse due à l’effet prix (2,79 Md€ contre 2,45 Md€ en 2021), une légère baisse des porcs produits et abattus (5,4 millions et 4,6 millions respectivement), une chute du résultat à 7,3 millions d’euros contre 19,6 millions d’euros un an plus tôt, mais un investissement maintenu à un niveau élevé (74,3 M€ contre 94,4 M€ en 2021).

Compétitivité en hausse

La compétitivité préservée des adhérents est symbolisée par un chiffre : la marge brute des éleveurs Cooperl est supérieure de 418 euros par truie pour la région Bretagne en aliment complet, "soit une marge brute par truie supérieure de 40 % par rapport à la moyenne des éleveurs bretons. Pour un élevage moyen de 250 truies, cet écart représente plus de 100 000 euros de gain supplémentaire pour une année", explique la coopérative, faisant référence à une étude CER France Côtes-d’Armor et Bretagne. Cet écart, attribué notamment à la génétique et aux aliments de la coopérative, était de 371 euros en 2021.

Quant aux investissements, ils n’ont pas été précisés. "Ils comptent plus de 150 lignes et concernent la modernisation progressive et régulière de nos 30 sites" industriels et logistiques. Les dirigeants ont quand même mentionné un investissement important en Chine, avec l’implantation de la première usine d’insémination artificielle de la coopérative dans ce pays, participant à "l’internationalisation de notre génétique", reprend le dirigeant. La part de l’export dans l’activité de la Cooperl, qui compte 7 700 salariés et 3 000 éleveurs, est stable, à 35 %.

En 2023, le prix du porc a continué à monter à son plus haut historique mais la consommation de viande en baisse pourrait à moyen terme mettre en difficulté les outils de transformation (abattage et salaison).

Objectif décarbonation

L’un des gros dossiers de la coopérative, est sans surprise la décarbonation. "Nous menons un gros travail de R & D sur la décarbonation depuis cinq ans (biogaz, biocarburant, valorisation des effluents…, NDLR)", soutient Patrice Drillet, qui a donné sa démission au cours de l’assemblée générale de la coopérative tenue le 23 juin et dont le successeur sera élu dans les prochaines semaines. "Nous espérons être parmi les premiers avant que les objectifs deviennent des normes." "Les sommes sont gigantesques. ce sont les entreprises qui vont payer la décarbonation avec des gains de productivité", renchérit Emmanuel Commault.

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