L’État renouvelle son soutien à l’innovation et promet 7 milliards d’euros de financement aux start-up
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L’État renouvelle son soutien à l’innovation et promet 7 milliards d’euros de financement aux start-up

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Non, Emmanuel Macron n’a pas oublié les start-up de la tech. Au contraire : le président de la République a réitéré, le 14 juin, son soutien aux entreprises innovantes, désormais chahutées par la conjoncture. Mais entre accompagnement ciblé (125 entreprises intégrées au programme FT2030) et financement renforcé (7 milliards d’euros collectés par le fonds Tibi 2), le chef de l’État a surtout paru faire du neuf avec du vieux.

En plus de ses annonces sur le financement et l’accompagnement des start-up de la tech, le président de la République a précisé sa stratégie nationale pour faire décoller l’intelligence artificielle à la française — Photo : DR

Il pleut à nouveau des millions d’euros sur l’économie française. Après la longue et laborieuse page de la réforme des retraites, l’exécutif a visiblement décidé de reprendre le fil de sa politique économique, cette semaine, et de la rouvrir au chapitre de son plan d’investissement "France 2030". C’est à ce titre qu’Emmanuel Macron a présenté, le 14 juin, en ouverture du salon VivaTech à Paris, une nouvelle salve de moyens et d’objectifs pour les entreprises innovantes en général, et pour l’intelligence artificielle en particulier. Après en avoir fait de même, la veille, avec l’industrie pharmaceutique, toujours au nom de la "souveraineté".

Levées de fonds : de l’argent frais pour les start-up

Faire émerger dès aujourd’hui les champions technologiques de demain pour préparer la France aux défis écologiques, numériques et industriels de la décennie : l’ambition du président de la République est restée intacte entre ses deux quinquennats… Les recettes pour y parvenir aussi.

Côté financement, l’initiative "Tibi", lancée en 2019 pour une durée de trois ans, est bel et bien reconduite pour un épisode 2. Ce dispositif, destiné à soutenir les fonds d’investissement dans les start-up matures et les entreprises cotées de la tech, est parvenu à collecter 7 milliards d’euros auprès d’une vingtaine d’investisseurs institutionnels (assureurs notamment). Une enveloppe plus importante que lors de la première édition (6 Md€, ayant permis de débloquer, par effet de levier, près de 30 Md€ de financement, selon le ministère de l’Économie). Mais cette somme reste loin des 10 milliards initialement recherchés par l’Élysée. L’exécutif n’en espère pas moins que ce fonds "Tibi 2" permettra "de relancer la dynamique d’investissement", au moment où le marché du capital-risque montre des signes de frilosité inquiétants. Mais, précise Bercy, priorité devra tout de même être donnée à "la décarbonation de l’économie, en lien avec le plan Industrie verte, et [les] projets de haute technologie".

En revanche, et c’est nouveau, ce deuxième Tibi pourra profiter aux start-up en phase d’amorçage (early stage). L’État compte d’ailleurs prendre d’autres initiatives en faveur de ces très jeunes pousses, sur la base d’un rapport parlementaire tout juste remis au gouvernement. Au programme : une "refonte des dispositifs fiscaux d’investissement dans les entreprises innovantes". L’Élysée envisage notamment le "renforcement du crédit d’impôt à l’investissement (IR-PME), avec un déplafonnement élevé".

Accompagnement : du sur-mesure pour 125 pépites de la tech

Côté accompagnement aussi, l’exécutif enfonce le clou, avec un dispositif bien connu, mais retoiletté, pour mieux s’intégrer aux priorités du plan d’investissement. Après le Next40 et le FT120, voici donc venu French Tech 2030. Ce nouveau programme public vise à offrir un "appui individuel et collectif" à des acteurs émergents et "particulièrement prometteurs" dans les thématiques prioritaires ciblées par France 2030.

La première promotion, composée de 125 entreprises (sur 842 candidatures reçues), vient d’être dévoilée. Principaux secteurs privilégiés : la transition écologique (38 % des bénéficiaires) et la santé (20 %), juste devant le numérique (19 %) et l’agriculture (14 %). Parmi les bénéficiaires figurent plusieurs pépites régionales, comme le savoyard Atawey, le ligérien Lactips, le haut-garonnais Naïo Technologies, le lillois Sencrop.

Le gouvernement leur promet de mettre l’administration et les opérateurs de l’État à leur service pendant un an, pour répondre à leurs "enjeux stratégiques", tels que le développement international et commercial, le financement, le recrutement, l’implantation territoriale, la propriété intellectuelle, la réglementation, la cybersécurité… Les bénéficiaires seront aussi accompagnés pour améliorer leurs pratiques en matière transition écologique, de parité et d’inclusion.

Intelligence artificielle : des moyens pour rester dans la course

Au-delà de ces dispositifs transversaux en faveur de l’innovation, Emmanuel Macron a aussi profité de son déplacement à VivaTech pour insister sur plusieurs technologies en particulier. Sur l’univers virtuel du metavers, un appel à projet de 50 millions d’euros est ainsi annoncé pour développer les briques technologiques nécessaires à cet univers virtuel.

Mais le chef de l’État s’est surtout attardé sur l’intelligence artificielle. Et pour maintenir la France dans la course aux robots, il a empilé les annonces. Sur les compétences, l’État va débourser 500 millions d’euros pour "faire émerger 5 à 10 IA-clusters", avec l’ambition de faire d'"au moins 2 à 3 d’entre eux des références mondiales". Pas plus de précisions, si ce n’est que le président de la République veut aussi "doubler le nombre de formations" consacrées à ces sujets. S’ajoute à cette première enveloppe, une autre de 40 millions d’euros, notamment dédiée à "un grand challenge sur l’IA" destiné à "attirer les meilleurs talents en France".

Face à la montée en puissance de ChatGPT et de l’intelligence artificielle dite générative, Bpifrance obtient 50 millions d’euros à investir, en amorçage, dans "les start-up qui explorent et développent des avancées dans [ce] domaine, en ce compris les algorithmes, les modèles et les applications pratiques". Ces fonds pourront aussi aller vers des jeunes pousses actives dans la défense, la santé numérique, les biotechs et la culture.

Bpifrance n’oublie pas les PME et ETI : elle espère en effet convertir jusqu’à 800 d’entre elles à l’IA, à travers un nouveau programme d’accompagnement, "IA Booster France 2030", doté de 25 M€. Ce service sera toutefois payant, même si une partie de la prestation pourra être prise en charge, précise l’institution.

L’État mettra aussi la main à la poche pour développer les prérequis indispensables à l’essor de l’intelligence artificielle dans l’Hexagone : 300 millions d’euros sur les supercalculateurs Jean-Zay et Exascale, ainsi que 40 à 50 millions d’euros sur les bases de données en langue française. Difficile toutefois de décrypter, dans ce flot d’argent public, ce qui ressort du réel déblocage de nouveaux moyens de ce qui tient de la simple actualisation et réallocation des 1,5 milliard d’euros inscrits dans la stratégie nationale dévoilée en 2021.

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