France
French Tech 120 : des start-up plus engagées en 2023… et plus fragilisées ?
France # Industrie # Réseaux d'accompagnement

French Tech 120 : des start-up plus engagées en 2023… et plus fragilisées ?

S'abonner

C’est devenu une habitude depuis 2020 : en début d’année, le gouvernement dévoile la nouvelle promotion du French Tech 120, sa liste des start-up les plus prometteuses du pays. Mais, en 2023, le ton a quelque peu changé. Fini l’euphorie, place à la responsabilité. Et aux premiers doutes sur l’avenir de ces pépites, au moment où les levées de fonds montrent des signes de ralentissement.

Parmi les nouveaux entrants dans le French Tech 120, l’entreprise Flying Whales et ses ballons dirigeables sont volontiers mis en avant par le gouvernement, comme exemple de start-up industrielle engagée sur les enjeux de la transition écologique — Photo : © Flying Whales

Le French Tech 120 (FT120) à l’âge de la maturité… et à l’heure de vérité. Cette sélection annuelle des start-up les plus dynamiques et prometteuses du pays, dévoilée ce 20 février, semble bien arriver à un tournant. Elle porte le sceau d’un écosystème, à la fois, enraciné dans le paysage économique, mais aussi exposé à une conjoncture des plus incertaines.

- Les start-up du FT120 affichent des résultats solides

La promotion 2023, quatrième du genre, coïncide en effet avec le dixième anniversaire de la "French Tech" elle-même. Et c’est peu dire que, depuis 2013, ces entreprises innovantes n’ont cessé de prendre de l’ampleur. Les levées de fonds ont ainsi battu des records d’année en année (encore plus de 13,5 milliards d’euros amassés en 2022), au point que la France a atteint son objectif de 25 "licornes" (sociétés valorisées à plus d’un milliard de dollars) dès janvier 2022, c’est-à-dire avec trois ans d’avance sur le calendrier fixé par le gouvernement.

Le millésime 2023 du FT120 incarne cette montée en puissance, ne serait-ce que dans les critères de sélection eux-mêmes : les seuils de chiffre d’affaires et de fonds levés ont ainsi été relevés pour la première fois à l’automne 2022. Une évolution qui n’a pas vraiment révolutionné le classement (27 nouveaux entrants, c’est même moins que lors des précédentes éditions), mais qui a permis de consolider les performances affichées. Les 122 lauréats déclarent ainsi un chiffre d'affaires prévisionnel 2022 de 11,3 milliards d’euros (contre 9,5 Md€, sur 120 entreprises, dans la promotion précédente). De même, les effectifs sont à la hausse, avec 47 800 emplois revendiqués (+2 600 en un an).

- Mais l’État en demande plus à ses champions de la tech

Mais ces start-up ne sont plus seulement attendues sur la quantité. Le gouvernement exige dorénavant d’elles de la qualité dans leur démarche. Chaque membre du FT120 a ainsi dû prendre des engagements sur la parité (publication de leur index de l’égalité professionnelle et propositions d’actions pour l’améliorer) et l’environnement (réalisation obligatoire d’un bilan carbone complet avant la fin d’année).

L’exécutif met aussi en avant la percée d’entreprises actives sur des secteurs stratégiques et prioritaires, comme la greentech (10 lauréats au total, dont 7 nouveaux) ou les start-up industrielles (7, dont 3 arrivants), parfaitement illustrées par Flying Whales, Innovafeed et Verkor, tous trois à cheval sur ces deux créneaux.

- Le ralentissement du capital-risque menace la French Tech

Ultime preuve, s’il en fallait, de ce changement de ton autour du FT120 : Bercy a été chargé de "retravailler" les critères de sélection, et leur mode de calcul, pour les prochaines années. L’inflation galopante est passée par là. Entre le durcissement des conditions de financement, depuis l’été dernier, et le ralentissement du capital-risque, observé fin 2022, l’inquiétude monte autour de la pérennité de ces pépites de la tech, dopées aux levées de fonds. Le ministre de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot ne s’en cache pas : "Dans un contexte d’inflation qui a poussé les investisseurs à une plus grande prudence, la nécessité d’être rentable s’est ajoutée à l’ambition de l’hypercroissance."

Un enjeu pris au sérieux jusqu’à l’Élysée : "Pour les entreprises qui sont performantes et qui ont besoin de moyens, il y a clairement de l’argent", assure-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Avant d’y ajouter un bémol : "Il y a probablement une correction qui va venir, c’est-à-dire des entreprises qui vont voir leur valorisation évoluer. Quelques-unes pourraient ne pas arriver à se développer, mais globalement on a un écosystème solide", veut croire la présidence de la République. Verdict dans la prochaine promotion du French Tech 120 - au vu de ce contexte, elle pourrait réserver bien plus de surprises que cette année.

- FT120 et Next 40 : les gagnants (et les perdants) de la promo 2023

En 2023, le FT120 accueille 122 start-up, dont un tiers sont basées en région. Pendant un an, elles bénéficieront toutes d’un programme d’accompagnement public et de relations privilégiées avec l’administration.

Au sein de cette sélection de champions de l’innovation, l’État distingue 40 pépites considérées comme les plus dynamiques de la tech française : le Next40. Ce club très fermé accueille 6 nouveaux entrants (ClubFunding, Electra, Flying Whales, Safti, Wifirst et Zeplug). S’y ajoutent les 5 promus EcoVadis, Innovafeed, NW, Pigment et Verkor. Ils prennent la place d’Aledia, Alma, BioSerenity, Brut, Kineis, Lifen, LumApps, Malt et Ornikar : ces 11 entreprises sont rétrogradées du Next40, mais maintenues dans le FT120. Contrairement à Deezer (désormais en Bourse) et Meero, tous deux éjectés de ces deux palmarès.

- Tous les lauréats de la promotion 2023

France # Industrie # Services # Informatique # Réseaux d'accompagnement # Politique économique # Capital # Innovation