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Les entreprises bretonnes se saisissent de la cause du climat
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Les entreprises bretonnes se saisissent de la cause du climat

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Depuis le lancement de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) dans l’Ouest, nombreuses sont les entreprises bretonnes à avoir dressé leur feuille de route pour une économie régénérative. À l’heure du bilan, elles témoignent de leur engagement et de ses vertus, et incitent leurs pairs à s’engager sur le long terme.

Des entreprises bretonnes s’engagent pour le climat, au sein du programme CEC Ouest. Parmi elles, Les Bottes d’Anémone, la SNCF, le groupe Galapagos ou encore Néosoft — Photo : Virginie Monvoisin

Lancée fin 2022 en Bretagne et Pays de la Loire, la Convention des Entreprises pour le Climat Ouest (CEC Ouest) a embarqué 62 premières entreprises bretonnes et ligériennes dans une démarche de réflexion autour de l’économie régénérative. Déclinaison territoriale de l’association nationale fondée en 2020, la CEC Ouest propose aux dirigeants d’entreprise un parcours collectif de dix mois. Avec un objectif : les engager activement dans la transition écologique. À l’issue de ce programme, 98 % des participants ont déclaré avoir une compréhension approfondie de la crise écologique, au-delà de la seule question climatique. Cette prise de conscience, selon la pédagogie mise en œuvre par la CEC, a pour ambition d’amener les participants à passer d’une économie extractive à une économie régénérative.

Après avoir suivi ce parcours, chaque entreprise a défini sa propre feuille de route. Les actions mises en place peuvent porter aussi bien sur la décarbonation que sur la circularité ou encore sur le volet humain ou sur l’écoconception.

Agir pour la biodiversité pour pérenniser son économie

Pour Aurélie Tacquard, présidente de Galapagos Gourmet (Gavottes, Traou Mad, Fossier… 106 M€ de CA en 2022, 530 salariés), le fait de participer à la CEC Ouest marque "une nouvelle étape dans l’entreprise. L’énergie est décuplée pour incarner ce nouveau chemin, dit-elle. Regarder son bilan carbone, mettre des panneaux solaires, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Maintenant, nous voulons rendre utiles nos outils, les regarder avec un autre œil pour retravailler nos process de fabrication." Son engagement est fortement lié à l’envie de pérenniser ses entreprises centenaires, en en repensant le modèle. "Nous connaissons des difficultés de recrutements, de coût de l’énergie, d’approvisionnement de certaines matières premières. Et quand, à l’été 2022, on nous a demandé de baisser nos consommations d’eau de 30 % car la ressource manquait, et alors que nous en avons besoin pour nos recettes et pour le nettoyage, nous avons pris conscience de notre vulnérabilité", explique-t-elle. L’objectif est d’embarquer toute l’équipe. "La CEC nous a fait prendre conscience que nous pouvions agir sur la biodiversité. Auparavant, nous avons eu besoin de plus de places de parking pour le confort de nos collaborateurs, alors nous avons construit un parking. Mais à l’avenir, nous le ferons différemment. Pour cela, nous avons fait faire un diagnostic de la biodiversité sur notre site Gavottes de Lanvallay, et dupliquons cette étude sur nos autres sites du Finistère".

Avoir une logique de filière

Pour Tiphaine Turluche, dirigeante et fondatrice des Bottes d’Anémone (5 collaborateurs), entreprise morbihannaise de distribution de fleurs françaises et zéro déchet, les enjeux climatiques sont "imminents". Pensée dès sa création comme une entreprise à impact, elle lance un bilan carbone et bientôt un bilan de biodiversité "pour mesurer cet impact et être exemplaire dans notre filière, souhaite la dirigeante. Car s’il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de biodiversité, pas de fleur, et donc mon entreprise n’existe pas ! Nous voulons donc embarquer toute notre filière, nos fournisseurs, jusque dans le choix des variétés, et notre bassin économique."

Embarquer le numérique pour ses vertus humaines aussi

Si les fleurs ont un lien direct avec la nature, le numérique aussi est particulièrement concerné par l’urgence climatique. Soïg Le Bruchec, président de la société rennaise de conseil en transformation digitale Néosoft (1 700 salariés, 200 M€ de CA), était également de cette première promotion de la CEC Ouest, "parce que le numérique n’est pas propre. Tout ne s’évapore pas comme ça, rappelle le dirigeant. Que peut faire mon entreprise pour faire bouger les lignes ? Il faut d’abord embarquer tous les salariés. Nous sommes 1 700, et les 1 700 vont participer à la fresque du numérique. Car la croissance à tout va sans y mettre de sens, cela a ses limites". Néosoft va désormais davantage choisir ses clients et sa zone de chalandise. "Les décisions pour l’environnement donnent du sens aux salariés, c’est important aussi pour les fidéliser aujourd’hui", estime Soïg Le Bruchec.

Renaturer un site SNCF

La CEC interpelle tous les secteurs d’activité. La SNCF a aussi rejoint le mouvement, par l’intermédiaire de sa directrice régionale TER Bretagne Magali Euverte. A Rennes, le technicentre de la SNCF a mené un projet coopératif portant sur la renaturation de son site de "17 hectares et un seul arbre", lance Nicolas Poisson, chargé du projet. Avec des partenaires dont l’Institut Agro, ils ont étudié les sols pour comprendre comment les traiter et y planter des arbres "quand pendant 80 ans on a tassé et mis du glyphosate…". Ils viennent de planter 25 arbres et 180 arbustes sur 1 000 m², avec un autre projet déjà prévu pour 5 000 autres mètres carrés. Le site compte faire des émules auprès des autres technicentres français.

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