Crédit Mutuel : Arkéa prêt pour le divorce
# Finance

Crédit Mutuel : Arkéa prêt pour le divorce

S'abonner

Le 17 janvier, Jean-Pierre Denis, le président du Crédit Mutuel Arkéa, a proposé à son conseil d’administration de quitter la Confédération Nationale du Crédit Mutuel. Ce nouveau rebondissement fait suite à plusieurs années de guerre fratricide au sein de la banque mutualiste.

Photo : Google street view

Avec le Crédit Mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et, encore aujourd’hui, du Massif Central (qui veut partir), le Crédit Mutuel Arkéa regroupe trois des 18 fédérations de la banque mutualiste. Toutes ces fédérations se partagent la gouvernance d’une confédération nationale. Une instance que le Crédit Mutuel Arkéa pourrait quitter. C’est ce que Jean-Pierre Denis, le président d’Arkéa, a proposé le 17 janvier à son conseil d’administration.

« Deux groupes autonomes et concurrents »

Les relations entre Arkéa et les autres composantes du Crédit Mutuel sont extrêmement tendues depuis des années. À l’origine, le conflit opposait les trois fédérations d’Arkéa, dont le siège social est à Brest, au puissant groupe alsacien, le CM CIC qui regroupe la majorité des fédérations régionales de la banque.

Du côté de Brest, on ne croit pas au modèle de banque centralisée, conforté par de nouvelles règles européennes. Pour Jean-Pierre Denis, ce modèle centralisé « appartient au passé ». « Nous n’accepterons aucune remise en cause de notre autonomie », déclarait début 2017 le président d’Arkéa au Journal des Entreprises. Pour la direction d’Arkéa, il s’agit de « deux groupes autonomes et concurrents ». Du côté de Nicolas Théry, qui dirige la caisse fédérale du Crédit Mutuel CM11 ainsi que la Confédération Nationale du Crédit Mutuel, « nous faisons ce que nous pouvons pour préserver l’unité ».

Le conseil d'État, un blâme et 15 000 Brestois dans les rues

Alors quand les Brestois voient les Alsaciens monter en puissance au sein de la confédération, ils mettent le feu aux poudres. Fin 2014, ils saisissent la Banque centrale européenne, le procureur de la République et l’Autorité de la concurrence. S’en est suivie une bataille judiciaire qui a nécessité l’intervention du conseil d’État. Et une guerre fratricide qui a généré des rebondissements parfois inattendus. Comme ce jour de janvier 2016 où 15 000 personnes sont descendues dans les rues de Brest pour soutenir Arkéa. Comme ce blâme brandi par la Confédération nationale à l’encontre de la banque bretonne. Ou comme ce vote organisé à l’automne 2016 où 96 % des présidents de caisses locales d’Arkéa se prononcent pour davantage d’autonomie. Elles pourraient obtenir plus : l’indépendance.

Ce choix est conforté par de bons résultats économiques. Le Crédit Mutuel Arkéa affichait ainsi un résultat net de 336 millions d’euros en 2016, en hausse de 13 % sur un an. Mais quoi qu’il en soit, ce choix sera lourd pour la banque qui emploie 9 000 des 81 000 collaborateurs du Crédit Mutuel. D’autant qu’il pourrait passer par l’abandon de la marque Crédit Mutuel et que la sécession nécessitera de nouveaux agréments bancaires.

# Finance