Le projet Hynovera de reconversion de la centrale thermique de Provence, à Meyreuil (Bouches-du-Rhône), retenu dans le cadre du Pacte pour la transition écologique et industrielle du territoire de Gardanne Meyreuil, va entrer dans sa phase finale. Dernière étape : la concertation publique sous l’égide de la Commission nationale du débat public, qui se déroulera du 19 septembre au 21 novembre et prendra la forme de réunions publiques et de concertations mobiles. "L’objectif est de débattre de l’opportunité et des enjeux du projet", explique Vincent Delcroix, l'un des garants du bon déroulement de la concertation autour d’Hynovera.
Une industrie verte locale
Hynovera est le nom donné au projet de construction d’une unité de production de carburants renouvelables à partir d’hydrogène vert et de biomasse forestière. Son maître d’ouvrage est Hy2Gen, une société implantée à Aix-en-Provence et en Allemagne, fondée en 2017 par Cyril Dufau-Sansot et Bernd Hübner pour développer, construire, financer et exploiter des installations de production d’hydrogène renouvelable et/ou de carburants renouvelables.
Sur 6 hectares, soit un peu moins de 10 % de la surface totale du site de la centrale à charbon, Hynovera propose de produire trois carburants : du kérosène et du diesel renouvelables dans un premier temps, puis du méthanol. "Nous adresserons ainsi les besoins de décarbonation des secteurs aéronautiques et maritimes. Notre production sera en outre décarbonée car l’estimation de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la production de ces carburants à partir de ressources renouvelables serait de 93 % par rapport à une production de carburants issus d’énergies fossiles", explique Cyril Dufau-Sansot.
Des débouchés sécurisés
L’ensemble des productions d’Hynovera seraient destinées à des opérateurs aéronautiques et maritimes locaux : les aéroports de Marseille, Toulon et Nice, les ports de la rade de Toulon ou le Grand port de Marseille. Et, la demande est là, car les carburants renouvelables peuvent être mélangés aux carburants traditionnels. Ils ne nécessitent pas d’investissements lourds et peuvent être utilisés sur les systèmes de motorisation existants. "À ce jour, 100 % de la production prévue sur le site d’Hynovera fait déjà l’objet d’accords de commercialisation signés par des opérateurs aéronautiques et maritimes locaux", confie Cyril Dufau-Sansot.
Cette production pourrait débuter en 2027, après deux ans de construction. Elle s’élèverait à 65 000 litres de kérosène par jour et 60 000 litres de diesel par jour. À partir de 2030, avec le démarrage de la phase 2, la production sera portée à 100 000 litres quotidiens de kérosène et 200 000 litres quotidiens de méthanol.
L’enveloppe globale d’investissement atteint 460 millions d’euros, dont 330 à 340 millions d’euros pour la première phase. "Le financement sera essentiellement assuré par des fonds privés et une part majeure de dette bancaire. Quelques subventions viendront compléter", explique Cyril Dufau-Sansot, qui a conclu en février 2022 une levée de fonds de 200 millions d’euros, la plus importante à ce jour dans le domaine des énergies renouvelables, auprès des sociétés d’investissement Hy24 et Mirova, de la Caisse de dépôt et placement du Québec et de la société française Technip Énergies. Quant aux retombées d’un tel projet, si elles sont surtout fiscales, elles seront aussi sociales avec la création de 50 emplois directs et 150 emplois indirects.