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AberActives veut révolutionner le bioraffinage des algues marines
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AberActives veut révolutionner le bioraffinage des algues marines

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AberActives, toute jeune start-up finistérienne, a mis au point un procédé à faible impact énergétique permettant de bioraffiner les algues marines pour produire des bioactifs naturels dotés de nouvelles propriétés. Une innovation qui intéresse notamment les marchés de la cosmétique et de la nutraceutique.

Bernard Cloarec (à gauche) et Robert Larocque ont créé AberActives avec leur associé Gurvan Michel — Photo : Jean-Marc Le Droff

Les grandes algues marines sont très riches en polysaccharides, des chaînes de sucres qui peuvent représenter jusqu’à 50 % de leur masse sèche. Couramment appelés "extraits marins", ces polysaccharides trouvent notamment des applications en cosmétique et en nutraceutique. Car contrairement aux plantes, "ces biopolymères présentent des fortes similarités de structure avec les molécules équivalentes chez les animaux", explique Robert Larocque, ancien ingénieur en biologie moléculaire au CNRS et directeur général d’AberActives, une entreprise de biotech créée fin 2021 à Roscoff afin de développer un procédé innovant pour extraire ces fameux biopolymères qui peuvent notamment contribuer au développement des cellules, à l’immunité, à la cicatrisation, ou encore à l’hydratation et au soutien de la peau.

Rupture technologique

"Il existe déjà des moyens physico-chimiques permettant d’obtenir ces extraits, mais ils sont polluants et énergivores. Nous, nous proposons un bioraffinage des algues par hydrolyse enzymatique, une rupture technologique permettant de traiter la très riche diversité de ces composés naturels avec un faible impact énergétique et environnemental. Ce bioraffinage est une sorte de "cracking" des algues à l’aide d’enzymes spécifiques de la dégradation des chaînes de sucres", détaille Bernard Kloareg, le président d’AberActives. Professeur émérite à la Sorbonne et correspondant de l’Académie des sciences, il a notamment dirigé la Station biologique de Roscoff pendant une quinzaine d’années. Gurvan Michel, directeur de recherche au CNRS, vient quant à lui de compléter le trio d’associés en qualité de conseiller scientifique.

"Notre procédé permet de valoriser la totalité de la biomasse et de cibler davantage les biopolymères que l’on souhaite extraire", assure Bernard Kloareg. "À terme, ce procédé va permettre de raffiner ces ingrédients à façon". Un procédé qui trouvera en premier lieu des applications en cosmétique et en nutraceutique, mais qui pourra également intéresser les secteurs pharmaceutique, phytosanitaire et de la nutrition-santé animale.

Levée de fonds prévue en fin d’année

Incubée à la Station biologique de Roscoff, référence mondiale en biologie et écologie marines, AberActives est également accompagnée par la SATT Ouest Valorisation, le Technopôle Brest-Iroise, Emergys et Biotech Santé Bretagne.

Et si la jeune entreprise n’emploie à ce jour qu’un salarié, elle va très prochainement accueillir une thésarde et au moins une autre personne l’année prochaine. De quoi poursuivre son développement. "Nous avons d’ores et déjà pré-industrialisé trois enzymes que nous allons pouvoir produire à grande échelle, et nous en avons quelques autres dans les tuyaux. Notre preuve de concept est validée sur le plan technique mais du travail reste à faire au niveau réglementaire, et nous avons noué des contacts avec des industriels et des acteurs locaux", poursuit Robert Larocque.

Prochaine étape : se doter d’un démonstrateur capable de traiter au moins 200 kg d’algues fraîches afin de produire entre 500 g et 1 kg d’extraits. "Nous en avons encore pour environ trois ans de R & D et nous envisageons un début de commercialisation en 2025", concluent les associés, qui préparent une première levée de fonds d’ici la fin de l’année et une autre à la fin 2023 afin de réunir environ 600 000 euros.

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