Entreprise lancée en 2018 dans la pépinière du parc de Soye à Ploemeur, Sense In (16 salariés ; CA NC) gagne en maturité. Afin d’imposer ses solutions de monitoring de matériaux composites en fabrication ou en usage, l’entreprise a bouclé en 2022 une première levée de fonds de 1,5 million d’euros et a plus récemment investi un plateau sécurisé d’environ 500 m2 dans un immeuble de la zone de Kerpont, à Caudan. "Là où un suivi de fiabilité exige des technologies complexes, et souvent onéreuses, notre innovation permet d’intervenir simplement sur tout le cycle du produit, de sa conception à sa maintenance", explique Patrice Letessier, qui a saisi la présidence de l’entreprise fin 2023, un an après son arrivée en tant que directeur général sous l’autorité du fondateur de la pépite, Jean-Claude Lenain.
Qualifier les gilets pare-balles
À travers le programme Centurion, en lien avec Saint-Gobain et la Direction générale de l’armement (DGA), Sense In espère dans les prochains mois assurer le suivi du maintien en condition opérationnelle des protections balistiques utilisées par les forces militaires françaises. "Les plaques en céramique nécessaires au renfort des gilets pare-balles doivent régulièrement subir un rapatriement massif et coûteux en vue d’identifier les pièces défectueuses et les remplacer, signale Patrice Letessier. Notre système intégré devrait grandement faciliter cet important travail de suivi et de qualification." S’il est entériné, un tel contrat permettrait d’assurer une croissance durable à Sense In. En attendant de verrouiller ce marché clé dans le secteur de la défense, la jeune entreprise a été distinguée dans le cadre du plan France 2030 à travers le projet R & D Chanel qui est dédié à l’aéronautique civile et dont le financement global atteint 21 millions d’euros.
Sécuriser les pâles des taxis volants
Son objectif consiste à sécuriser les pâles des futurs taxis volants auxquels travaille Airbus Helicopters sur son site de Paris-Le Bourget, en lien avec les entreprises Hexcel (composites) et Techni-Modul (automates). Sense In caresse par ailleurs des ambitions sur des marchés stratégiques ou émergents. La fabrication en série de réservoirs à hydrogène pourrait ainsi ouvrir des opportunités sur le long terme.
Le savoir-faire de Sense In est issu de dix années de recherche, sous l’autorité de Jean-François Feller, au sein du groupe Smart Plastic du prestigieux laboratoire des systèmes mécaniques IRDL de l’Université de Bretagne-Sud (UBS). Il consiste à incorporer des nano instruments au cœur des matériaux pour anticiper tout risque de rupture ou de défaillance. Sensibles à la déformation, à la pression, à la température ou à l’humidité, ces capteurs de résistivité quantique (capacité à s’opposer à la circulation du courant électrique, NDLR) sont encapsulés dans des patchs ou bandelettes d’une extrême finesse, selon des procédés brevetés.
