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Le spécialiste du blindage Centigon France freiné par des recrutements difficiles
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Le spécialiste du blindage Centigon France freiné par des recrutements difficiles

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Avec la guerre en Ukraine et, par voie de conséquence, le contexte géopolitique actuel tendu, Centigon France, spécialiste du blindage de véhicules, est au cœur de l’action, et particulièrement sollicité. Cependant, si l’entreprise a investi près de deux millions d’euros en deux ans pour développer sa capacité de production, elle peine à recruter de la main-d’œuvre.

Faramala Rakotonjanahary (à gauche), du cabinet parisien Prosphères Dirigeants, présidente de Centigon France, Jacky Briand, responsable de production, et Sandrine Vetel, responsable des ressources humaines — Photo : Matthieu Leman

Le spécialiste du blindage de véhicules, Centigon France (20 millions de chiffre d’affaires en 2021, 155 salariés) installé à Lamballe-Armor, se trouve sur un marché en expansion. La guerre en Ukraine a entraîné le réarmement de nombreux pays. Dans ce contexte, la protection qu’offrent les véhicules blindés de Centigon France aux personnes, notamment les représentants de gouvernements, circulant dans les pays politiquement instables reste une nécessité. Parmi les clients de la PME figurent ainsi la présidence de la République française, plusieurs ministères et ambassades, le GIGN…

Gros contrat avec Scania

Ce contexte porteur pour l’entreprise a notamment favorisé un partenariat avec le fabricant de camions suédois Scania (qui appartient au groupe allemand Volkswagen AG). Si cette collaboration date de 2016, la mise en production de cabines blindées pour les camions militaires du constructeur a débuté en 2022. "Nous montons en volume", témoigne Jacky Briand, responsable de la production. Avant la fin de l’été, chaque jour sortira une cabine des 11 000 m² d'ateliers répartis sur quatre sites dans un rayon de 800 mètres, de l’entreprise costarmoricaine. Pendant au moins trois ans. En 2022, cette production représentera 70 % du chiffre d’affaires de la société. Ce qui portera la part de l'export dans le chiffre d'affaires de l'entreprise à 85 %, contre 60 % en 2021.

Par ailleurs, le travail mené par la PME sur le nouveau Land Cruiser FC 300 Toyota - évolution d’un modèle sur lequel Centigon France avait beaucoup œuvré - va aboutir à l’obtention de sa certification balistique cet été. Et le blindage sur ce modèle de véhicule peut ainsi démarrer et les premières commandes être honorées.

Deux millions d’euros d’investissement

Pour absorber cette hausse de la production, la société, depuis la pandémie, a développé sa capacité de production avec un investissement global de deux millions d’euros en deux ans. Cet effort financier a notamment permis l’acquisition d’une presse plieuse de 400 tonnes, d’une cabine de grenaillage -un outil peu présent en Bretagne- ainsi que d’un robot de soudure et d’une machine à découpe laser, livrée en juin 2022. Pour ces investissements, et au titre des aides liées à la crise sanitaire, Centigon France a bénéficié d’un total de 650 000 euros de subventions publiques.

Centigon France évolue sur le métier sensible du blindage des véhicules — Photo : Matthieu Leman

Elle a également obtenu un prêt du Fonds pour le développement économique et social (État) et une avance remboursable de la Région de 500 000 euros, tandis que les actionnaires du groupe mettaient également la main au portefeuille. "Cet argent a servi à financer les investissements mais également les pertes résultant de la fermeture de l’usine pendant sept semaines lors du premier confinement et du redémarrage poussif qui a suivi, notamment à cause de l’absence de salons internationaux", confie Faramalala Rakotonjanahary, du cabinet parisien Prosphères Dirigeants, présidente de la société lamballaise depuis mars 2019.

Vingt collaborateurs recherchés

Mais, par manque de main-d’œuvre, les perspectives de développement de l’activité sont contrariées. "Nous devrions être au-dessus des 21 millions d’euros de chiffre d’affaires prévu en 2022 sans ce problème de recrutement", souligne la dirigeante. "Il nous manque au moins une vingtaine de collaborateurs", appuie Sandrine Vetel, DRH de la PME qui possède un aussi établissement d’entretien, réparation en Région parisienne. Sont recherchés des soudeurs, des peintres et électriciens automobiles, mais aussi des grenailleurs et des ouvriers peinture, dont l’entreprise assure la formation. Hors production, sont attendus un balisticien, un commercial, un comptable général et un alternant RH.

Et la guerre en Ukraine a également entraîné une hausse du prix du métal, ainsi que des difficultés d’approvisionnement de matériaux et d’énergie, qui devraient avoir un impact sur le coût du produit fini pour le client. "Je n’aime pas participer à la spirale inflationniste mais il sera compliqué de faire autrement", explique Faramalala Rakotonjanahary. "Quand on aura absorbé tous ces chocs, on devrait tutoyer les 30 millions d’euros de chiffre d’affaires dans les trois ans."

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