Malgré le déclenchement du conflit ukrainien, le déploiement international de Solcera "n’a pas été impacté", assure Guillaume Lisle, président de l'entreprise normande de 400 salariés. Avec plus de 50 % de ses 34 millions d'euros de chiffre d’affaires réalisé à l’export, la stratégie de développement de l’entreprise spécialisée dans le développement et la fabrication de céramiques avancées pour les industries de la défense, l’aéronautique ou encore le nucléaire, passe par l’ouverture de nouvelles filiales sur ses marchés clés. "Le contexte international entraîne des besoins accrus en composants pour les domaines de la défense et de l’aéronautique. Alors, même si à court terme nous allons forcément être impactés négativement par la crise, il y a une prise de conscience des Européens pour augmenter leurs investissements dans le domaine de la défense, notamment en Allemagne ou en Suède. C’est donc un domaine qui va être porteur pour nous sur le moyen et long terme", analyse Guillaume Lisle.
Ouverture de nouvelles filiales
Après son implantation au Brésil en 2018 via l’acquisition d’une entreprise devenue sa société sœur Solcera do Brasil, l’entreprise vient d’ouvrir Solcera Iberica, filiale commerciale en Espagne. Celle-ci doit permettre de faciliter son accès aux marchés de hautes technologies sur un territoire qui a une forte activité dans la défense, l’aéronautique et les transports.
D’autres filiales sont en cours de déploiement en République tchèque, où les marchés du nucléaire et de la défense (radars, drones, lasers) sont importants, ainsi qu’en Suède. Un pays où se développe fortement l’industrie de l’aérospatial et de la défense, et où se construit actuellement la future plus grande usine de batteries électriques d’Europe. "Jusqu’ici, la Suède était plutôt orientée vers les énergies nouvelles, le spatial, ou encore les batteries. Avec la crise ukrainienne, les autorités du pays se montrent très préoccupées par leur cohabitation très proche avec la Russie, et vont apparemment réorienter en partie leurs investissements dans le domaine de la défense", souligne le président de Solcera. Si l’objectif du spécialiste normand des céramiques de haute technologie est d’abord de se renforcer sur les marchés internationaux de ses secteurs clés, la présence commerciale peut "muter en unité opérationnelle dans un second temps, selon les opportunités".
Augmentation de la capacité de production
Le déploiement à l’export de Solcera s’accompagne d’un volet investissement en France avec le renforcement du bureau d’études et du service d’administration des ventes pour servir les bureaux étrangers. De plus, et malgré la crise du Covid-19 entre 2019 et 2020, l'entreprise a entrepris la construction de nouveaux bâtiments de 4 000 m² sur le site d’Évreux. Ils abritent de nouveaux équipements qui ont permis à Solcera d’augmenter sa capacité de production de 30 %. "Notre activité n’a pas été impactée par la crise Covid car elle est très équilibrée. Nous réalisons un tiers de l’activité dans le secteur agricole, un tiers dans le spatial, la défense et le nucléaire et l’autre tiers dans l’industrie internationale où nos céramiques sont des composants essentiels, notamment dans l’industrie des semi-conducteurs", explique le dirigeant. La nouvelle installation compte également un centre d’excellence où 25 personnes travaillent sur la recherche fondamentale et le développement de nouveaux matériaux, de nouvelles technologies et de nouvelles activités. "C’est une plateforme technologique unique en Europe pour fabriquer des matériaux de très haute pureté, ainsi que des matériaux à très haute température et haute pression. Des matériaux destinés aux blindages, ou encore au domaine du nucléaire qui jusqu’ici n’étaient fournis que par les Américains", se félicite Guillaume Lisle. Fin 2021, le site d’Évreux comptait 133 salariés (contre 100 en 2015) dont 9 personnes recrutées depuis début janvier. Neuf recrutements sont encore prévus sur le premier semestre.
Une nouvelle activité
Depuis 2015, Solcera a investi plus de 26 millions d’euros dans le développement de ses moyens technologiques et dans de nouveaux locaux, avec le soutien de Business France et Bpifrance, ainsi que de la filière Normandie AeroEspace (NAE). Les investissements se poursuivent à hauteur de 3 millions d’euros par an environ, parmi lesquels le développement d’une nouvelle activité sur les céramiques transparentes.
