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Paul Boyé Technologies se consolide à l’export
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Paul Boyé Technologies se consolide à l’export

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L’entreprise familiale Paul Boyé Technologies, qui fête ses 120 ans en 2024, poursuit sa croissance dans l’industrie de la fabrication d’équipements de protection et dans la gestion de marchés d’habillement, notamment ceux de la gendarmerie et de la police. Son savoir-faire technologique lui permet aussi de briller à l’export, où elle connaît un essor notable.

Les couturières de Paul Boyé Technologies à l’œuvre dans le site de production de Labarthe-sur-Lèze — Photo : DR

La société Paul Boyé Technologies (303 salariés, CA 2023 : 118 M€), spécialisée dans la conception et la fabrication d’équipements de protection (pompiers, soignants, militaires, personnels de l’industrie) ainsi que dans la gestion de marchés d’habillement, notamment celui des gendarmes et policiers français, enregistre une croissance de 12,3 % pour l’exercice 2022-2023 et une progression de plus de 74 % de son activité à l’export, où elle dénombre 57 pays clients. “Nous exportons principalement des équipements de protection NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique), situe Jacques Boyé, le président de l’entreprise familiale fondée à Sète (Hérault) par son grand-père Pierre Boyé en 1904 et dont le siège se trouve aujourd’hui à Labarthe-sur-Lèze (Haute-Garonne). Avec la situation de crise mondiale, en Ukraine et au Moyen-Orient, les besoins en la matière augmentent. Nous avons des contrats importants avec la Suisse, les pays baltes, la Pologne, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est, l’Arabie saoudite, l’Italie ou encore le Canada. Nous venons aussi d’équiper les armées de Singapour.”

Chimistes et toxicologues

Les équipements de protection NRBC (tenues, combinaisons, cagoules, accessoires) sont filtrants et étanches contre les agents toxiques de guerre et les risques chimiques industriels. Tout comme les systèmes de protection balistique, les tenues de pompiers ou encore les systèmes de portage (sac à dos, harnais, gilet tactique…), ils sont le fruit de l’équipe R & D de Paul Boyé Technologies, qui mène des études scientifiques et industrielles sur fonds propres ou pour le compte d’organismes publics français ou européens. Elle s’appuie sur des compétences internes provenant d’ingénieurs textiles, chimistes, d’ingénieurs des matériaux et des toxicologues, et externes (laboratoires, universités, instituts de recherche). Parmi les innovations récentes, une nouvelle veste textile pour les pompiers avec un concept 2 en 1 pour les protéger quelles que soient leurs interventions ou un gilet pare-balles adapté à la morphologie féminine. Paul Boyé Technologies fait également partie du consortium Second Skin dont l’objectif est de développer un concept de sous-combinaison portée à même la peau, veillant sur la santé des astronautes et pouvant leur apporter des soins d’urgence. Pendant la pandémie de Covid-19, Paul Boyé Technologies a fabriqué des millions de masques et malgré la faible demande actuelle, elle a décidé de conserver toutes ses lignes de production opérationnelles pour répondre immédiatement aux situations de crise.

Produits high-tech

Les travaux de son équipe R & D permettent au bureau d’études de l’entreprise, composé de stylistes, modélistes et techniciens, de concevoir et réaliser les modèles, qui sont ensuite mis en production dans le parc industriel, riche de plus de 2 500 machines assurant tous les process d’assemblage de matériaux (soudures ultrasons, hautes fréquences, thermiques, à impulsions électriques et tous les types de couture), jusqu’à l’intégration d’équipements électroniques sur certains produits. Paul Boyé Technologies dispose de trois sites de production en France. À Labarthe-sur-Lèze (20 000 m2), on trouve une unité de confection d’équipements de protection. À Bédarieux (10 000 m2), dans l’Hérault, sont produits les équipements de protection NRBC et balistique. Quant au site du Vernet (10 000 m2), dans la Haute-Garonne, il est spécialisé dans le maintien en condition opérationnelle des produits : plusieurs centaines d’articles sont traitées au quotidien (tri, lavage, réparation, retouche, broderie, reconditionnement, recyclage). “Nous mobilisons chaque année entre 3 et 4 % de notre chiffre d’affaires en investissements industriels, indique Jacques Boyé. Nous concevons et vendons des produits high-tech à forte valeur ajoutée et c’est cela qui a permis à l’entreprise de sauvegarder sa production française.”

Quatre usines à Madagascar

Dans les années 1980, l’entreprise réalisait 50 % de son activité dans le civil en fournissant la grande distribution en vêtements pour hommes. Elle les a progressivement recentrées sur les métiers de la défense et de la sécurité. Pour l’habillement non technique, les appels d’offres européens et la concurrence des pays à bas coût ont incité Jacques Boyé et son frère Philippe Boyé à ouvrir un site de production à Madagascar, en 1992. “Nos concurrents sont au Sri Lanka, en Chine, au Bangladesh, explique le dirigeant. Nous nous sommes mis au diapason et installant des capacités de production qui nous permettent de rester compétitifs au niveau mondial. Nous y employons désormais 2 400 salariés répartis en quatre usines de confection sur deux sites, et nous y fabriquons tous les types de vêtements.” La filiale malgache, Paul Boyé Industries, s’étend sur 30 000 m2. Elle compte 55 lignes de production capables de délivrer 2 millions d’articles par an (tenues de service, uniformes de cérémonie et de prestige comme ceux de la Garde Républicaine, équipements de protection individuelle, sacs et étuis militaires…).

5 000 colis par jour

En 2018, Paul Boyé Technologies a remporté un contrat de 248 millions d’euros pour équiper les 270 000 gendarmes et policiers français. “Nous sommes à la période de renouvellement du marché, précise le dirigeant. Je croise les doigts. Nous avons fait des investissements importants pour remplir toutes les demandes de l’État. Nous sommes par exemple capables de livrer en 15 jours n’importe quel article.” Jacques Boyé confie gérer l’habillement des gendarmes et des policiers comme “une société de vente par correspondance.” Chacun d’eux accède à une plateforme de vente en ligne administrée par l’entreprise (Vetigend et Vetipol), sur laquelle il peut commander les articles dont il a besoin jusqu’à six fois par an. L’entreprise expédie aujourd’hui près de 5 000 colis par jour. “Depuis dix ans, nous sommes aussi devenus les logisticiens de nos produits, détaille le chef d’entreprise. Nous avons pour cela investi des dizaines de millions d’euros.”

Chaîne de picking

À Labarthe-sur-Lèze, Paul Boyé Technologies a notamment installé un robot qui gère 15 000 emplacements de stockage et qui permet d’automatiser la préparation des colis. “Nous voulions améliorer notre chaîne de picking, poursuit-il. Cet outil a permis de surmonter l’augmentation du volume de demandes lorsque nous avons remporté le marché de l’habillement de la police il y a six ans. Désormais, le robot amène les produits jusqu’aux opérateurs de commande. Ils n’ont plus qu’à les prendre et les placer dans le colis. Cela a considérablement augmenté la productivité puisqu’ils ne se déplacent plus comme ils le faisaient autrefois sur nos chaînes de picking qui font 30 mètres de long. Ce robot nous a aussi permis d’absorber des volumes de commandes plus importants sans avoir à augmenter notre surface de production.” Paul Boyé Technologies prévoit de recruter une trentaine de collaborateurs en 2024 pour renforcer ses équipes industrielles et commerciales. Après avoir récemment ouvert un bureau à Berne pour consolider ses positions sur le très fructueux marché de la défense suisse, l’entreprise va s’implanter à Dubaï en 2024. Elle a aussi l’intention de réactiver sa filiale aux États-Unis (lire par ailleurs), où elle exporte déjà.

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