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Le producteur alsacien de moutarde Alélor est paré contre les pénuries
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Le producteur alsacien de moutarde Alélor est paré contre les pénuries

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En Alsace, le producteur de moutarde Alélor a trouvé une parade contre les pénuries de matière première à travers un partenariat avec des producteurs locaux. Stratégie payante puisque l’entreprise cherche à s’agrandir.

Depuis avril dernier, Alain Trautmann le dirigeant d’Alélor gère une "crise de croissance" — Photo : Julie Giorgi

Alors qu’au début du printemps, les rayons moutarde des supermarchés se sont vidés, Alélor a su tirer son épingle du jeu. L’entreprise emploie 20 salariés et prévoit de réaliser un chiffre d’affaires de cinq millions d’euros en 2022, contre quatre millions d’euros en 2021. La PME basée à Mietesheim, dans le nord de l’Alsace, n’a pas souffert de la pénurie de graines de moutarde due à la mauvaise récolte canadienne de 2021 (le Canada est le plus grand producteur mondial de graines) et accentuée par la guerre en Ukraine, car elle s’approvisionne surtout localement. Depuis 2006, elle a réintroduit la culture de la moutarde en Alsace et travaille aujourd’hui avec 15 agriculteurs sur 75 hectares. Ces fournisseurs locaux lui assurent 60 % de sa production. Pour être autonome à 100 %, Alélor cherche cinq agriculteurs supplémentaires. L’entreprise est déjà autonome en approvisionnement local sur le raifort. Et en 2021, elle a également réintroduit la culture du cornichon en partenariat avec une ferme à Dorlisheim. Une stratégie qui s’avère payante. Largement sollicitée par les enseignes de la grande distribution qui cherchent désespérément à remplir leurs rayons, l’usine de Mietesheim tourne à plein régime. Depuis avril dernier, la cadence est passée de 1x8 à presque 2x8 (6 h-18 h). "Mais cela ne suffit pas à rattraper notre retard", confie Alain Trautmann, le PDG de l’entreprise. Alélor qui produit chaque année 1 100 tonnes de moutarde, sera en mesure d’en produire 2 000 tonnes, "mais on ne pourra pas faire plus", précise le dirigeant.

Un nouveau bâtiment en 2024-2025

Pour faire face à la croissance, la PME a embauché quatre salariés en janvier et depuis avril elle a fait appel à quatre intérimaires. Elle a également investi 80 000 € dans une nouvelle machine qui permet de remplir les tubes et prévoit de remplacer sa conditionneuse de pots de moutarde. Un projet d’agrandissement est aussi en cours. "Il nous faudrait 800 à 1 000 m2 supplémentaires pour être plus à l’aise en production. Car au fil des années, nous avons ajouté de nouveaux produits : la mayonnaise en 2019, la moutarde bio en 2020… Et puis la croissance est là", indique Alain Trautmann. Un nouveau bâtiment accolé à l’usine existante est à l’étude. Il devrait être opérationnel en 2024-2025. Montant de l’investissement : un million d’euros.

Cette pénurie de graines de moutarde permet à l’entreprise bas-rhinoise d’accroître la notoriété de sa marque en dehors de son bassin d’origine. Les enseignes de la grande distribution situées en Alsace-Lorraine absorbent 50 % de la production de la moutarderie alsacienne, mais depuis plusieurs mois, les demandes d’enseignes en dehors de cette région affluent. Les régions limitrophes comme le Territoire de Belfort ont été desservies. Alélor vient de signer un contrat avec l’enseigne Cora. Avec "seulement" 61 hypermarchés dans toute la France, c’est une enseigne que l’entreprise bas-rhinoise est capable d’alimenter en volumes, contrairement aux grands groupes comme Auchan, Intermarché, Leclerc, etc. "La stratégie est de placer la marque Alélor aux portes de Paris", prévient le dirigeant. La marque sera également mise en avant par l’ouverture d’un deuxième magasin d’usine (en plus de celui de Mietesheim) au marché gare de Strasbourg en octobre 2022. Sur 36 m2 cette boutique couvrira l’univers du condiment et des épices avec 600 références.

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