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La brasserie Tête Haute va ouvrir un brewpub sur l’Île de Nantes
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La brasserie Tête Haute va ouvrir un brewpub sur l’Île de Nantes

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La brasserie Tête Haute, basée au Cellier, va ouvrir un brewpub, subtil mélange d’un restaurant et d’une brasserie, sur l’Île de Nantes. Entreprise d’insertion qui dépasse le million d’euros de chiffre d’affaires, Tête Haute va profiter de cette ouverture pour étendre son modèle social à la restauration.

Environ la moitié de la production de la brasserie Tête Haute part en bouteilles, et l’autre moitié en fûts — Photo : Benjamin Robert

Le lieu est déjà baptisé. Ce sera Mashup ! Porté par la brasserie Tête Haute, ce brewpub, un restaurant où la bière est brassée sur place, ouvrira ces portes à la mi-mars sur l’Île de Nantes. Fondée en 2018 au Cellier, la brasserie Tête Haute est une structure d’insertion qui étend ainsi son modèle social, initialement développé pour les métiers de la brasserie, vers les métiers de la restauration. Le matériel et les travaux du Mashup vont nécessiter un investissement de 800 000 euros, dans des locaux appartenant à la CCI Nantes Saint-Nazaire. Le lieu, qui disposera de 90 couverts, tournera avec une quinzaine de salariés, dont, à terme, la moitié en contrat d’insertion.

Combler les besoins du territoire

Tête Haute propose des contrats d’insertion de six mois, renouvelables trois fois. "Un contrat d’insertion vise les personnes éloignées de l’emploi, et sert de sas avant d’atteindre un emploi durable. L’État verse une aide en fonction du nombre de postes en contrat d’insertion. Derrière, nous nous engageons à les accompagner en les aidant sur tous les domaines : logement, transport, addiction, et travaillons ensemble sur des notions de savoir-être en entreprise", résume Fabien Marzelière, cofondateur de la brasserie et ancien éducateur spécialisé. Tête Haute compte aujourd’hui 25 personnes sur son site du Cellier, dont 8 personnes en contrat d’insertion. "En général, ce type de contrat correspond à des métiers peu valorisés, comme le tri des déchets, la propreté des locaux, l’entretien d’espaces verts… Nous voulions proposer des métiers en insertion un peu plus attirant", témoigne Fabien Marzelière. Et la restauration en fait partie. "C’est un secteur en tension, avec des difficultés de recrutement. Les personnes qui intègrent le brewpub pourraient ensuite combler les besoins du territoire", explique le dirigeant. Si le concept fonctionne, l’entreprise n’exclut pas d’en ouvrir d’autres, à Bordeaux et Paris.

L’équation entre bio, social, et prix accessible

En 2022, la brasserie Tête Haute a produit 3 000 hectolitres de bière. Environ 50 % des volumes partent en fûts, pour des événements, bars, et festivals. Le reste est partagé entre les bouteilles en bio vendues via des épiceries et caves, et des bouteilles conventionnelles pour les grandes enseignes. “Notre objectif est de garder l’esprit populaire de la bière et donc d’être présent dans les grandes surfaces. Or, économiquement, nous ne pouvions pas nous positionner à la fois sur un tarif accessible, pour du bio, et en économie sociale. Des concessions étaient nécessaires. Après de longues discussions en interne, nous avons décidé de développer une bière conventionnelle pour la grande distribution, afin de conserver le volet social à un tarif accessible”, témoigne Fabien Marzelière.

L’équipe de Tête Haute va ouvrir un brewpub sur l’Île de Nantes — Photo : Benjamin Robert

Outre le social, Tête Haute mise sur le local, notamment pour son houblon, avec sa propre houblonnière d’un hectare, cultivé en agriculture biologique. "Elle répond à environ 15 % de nos besoins actuels. Pour le reste, nous nous fournissons autour du Groupement d’intérêt économique et Environnemental (GIEE) du Grand Ouest, afin de conserver au maximum l’aspect local", témoigne le dirigeant, qui aperçoit de nouvelles pousses de houblon français pour les années à venir. "De nombreuses brasseries artisanales se sont créées, entraînant une demande de houblon local et biologique. Plusieurs maraîchers se lancent aujourd’hui sur ce marché", relate Fabien Marzelière.

Un intermédiaire entre l’artisanat et l’industriel

Tête Haute voit dorénavant à l’échelle nationale. L’entreprise vise une nouvelle levée de fonds d’ici un an et demi, afin de financer les outils industriels de sa future brasserie de 3 000 m², toujours à Nantes, dans le quartier de Doulon. "Le projet est en cours d’étude. Le métier nécessite une taille minimale sur le long terme, et les brasseries trop petites ont tendance aujourd’hui à stopper leurs activités ou à fusionner", remarque le cofondateur. Ce nouveau lieu de production, qui devrait être opérationnel en 2026, permettra de multiplier environ par dix la production pour atteindre les 40 000 hectolitres à terme. "Nous sommes aujourd’hui présents dans le grand Ouest, et visons l’échelle nationale avec cette future structure" ajoute le dirigeant. Témoin de cette explosion, un récent partenariat avec la chaîne de magasins Biocoop va permettre une première diffusion sur le territoire français. "À terme, notre ambition est d’être une sorte d’intermédiaire entre une brasserie artisanale et un producteur industriel".

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